Kenny Elissonde : « J'étais transcendé »

Le tout frais vainqueur de la Ronde de l'Isard revient pour www.directvelo.com sur sa course et son maillot jaune menacé, qu'il a sauvé dimanche, dans la dernière ascension, le dernier jour.

DirectVélo : Quel est le sentiment qui domine après ton succès ?
Kenny Elissonde : Une grande satisfaction, parce que la Ronde de l'Isard était un objectif important. J'étais plutôt attendu et c'est d'autant plus sympa de gagner dans ces conditions. Mais je suis surtout soulagé maintenant que l'épreuve est finie. J'ai bien digéré la pression, par exemple entre les deux dernières étapes. Le premier jour j'avais les jambes dans le coton. C'est une sensation étrange d'arriver sur une course à laquelle on a beaucoup pensé, à propos de laquelle on a imaginé beaucoup de choses. J'ai la Ronde de l'Isard en tête depuis cet hiver, je me suis entraîné spécialement en fonction de cet objectif. Voilà, c'est fait...

Tu t'attendais à être davantage attaqué le dernier jour, dans la longue approche du premier col ?
Des attaques, il y en a quand même eu beaucoup ! Mais tout le monde sortait en même temps, ce n'était pas très bien organisé et le vent a dû en calmer quelques ardeurs. Mes adversaires, eux, attendaient la première montée.

« J'ai accéléré sans me retourner »

Pourquoi es-tu longtemps resté dans les dernières positions du peloton ?
C'est une façon de repousser un peu de pression et de me faire oublier. J'étais bien tranquille à l'arrière, nous étions sur des lignes droites, sans danger important. En courant derrière, on peut observer un peu ce qui se passe. Je suis remonté lorsque Chambéry a tenté un petit coup de bordure. Là, ça devenait sérieux.

Au pied du Col de la Core, la dernière montée du jour, pas grand monde ne donnait cher de ton maillot jaune...
J'ai un peu douté aussi. Je savais qu'il fallait reprendre grosso modo une minute trente dans l'ascension pour revenir sur Joseph Dombrowski, qui était le leader virtuel. Il grimpait bien mais je me sentais moi aussi dans un bon jour. Et puis je n'avais pas le choix ! J'ai compris que je ne serais pas beaucoup aidé par les coureurs de mon groupe. J'ai accéléré en me concentrant sur mon propre effort, sans me retourner.

« Garder de la lucidité pour la dernière descente »

Tu ne craignais pas un contre de George Bennett ?

Franchement, le rythme était élevé. S'il avait réussi à partir, c'est qu'il était très très fort, le plus fort de nous tous, et je n'aurais rien pu faire.

Tu as révélé des qualités insoupçonnées dans la dernière descente ?
Je ne suis normalement pas un descendeur. Je ne suis pas non plus malhabile, comme Radio Tour a pu le laisser penser - ce n'est pas moi qui avait perdu quelques longueurs dans la descente du premier col. Dans la seconde descente, j'étais transcendé. Il restait une poignée de secondes pour reprendre Dombrowski. On avait fini par le voir apparaître dans les virages en contrebas. Ma motivation était décuplée. En fait, je savais que cette descente serait déterminante. Nous n'avions pas réussi à le reprendre dans le col. J'ai donc terminé l'ascension en me relevant un petit peu pour garder de la fraîcheur et de la lucidité. Il valait mieux perdre dix secondes à ce moment-là et en reprendre vingt ou trente dans la descente. C'est ce que nous avons fait.

« Cette victoire, on ne la doit qu'à nous-mêmes »

Au départ de cette dernière étape, beaucoup de clubs étaient sceptiques sur la qualité de tes équipiers. Comment les as-tu trouvés ?
Ils ont fait un travail extraordinaire. C'est une victoire commune. On n'avait peut-être pas l'équipe la plus forte, mais elle s'est montrée solidaire. Tout a fonctionné comme nous l'avions décidé au briefing. Boris Zimine et Sten Sarv se sont glissés dans une échappée et ils m'ont aidé dans la vallée entre les deux cols, une fois qu'on les a rejoints. Pierre Bonnet, Evan Ferrand-Prévot et Aurélien Perry sont restés près de moi le plus longtemps possible dans le peloton. Je ne voulais surtout pas les décevoir ensuite. Ils peuvent être fiers. Cette victoire, on ne la doit qu'à nous-mêmes. Nos adversaires ne nous ont pas fait de cadeau, ce qui est normal, et les autres équipes ne nous ont pas aidés, ce qui est compréhensible aussi.

Quelle est la suite de ton programme ?
Le week-end prochain, il y a le Tour de Côte d'Or, et en particulier le contre-la-montre par équipes où je vais me donner à fond. J'ai ensuite besoin de souffler un peu. Mi-juin, le Tour des Pays de Savoie sera un objectif important. Puis j'espère faire de belles courses en août et septembre, comme le Tour du Val d'Aoste et/ou le Tour de l'Avenir, mais tout dépendra de mon calendrier et des sélections en Equipe de France.

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Crédit Photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com
 

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