Mathys Rondel : « Un pari que je voulais réussir cette année »

Crédit photo Tomasz Smietana - Orlen Nations Grand Prix

Crédit photo Tomasz Smietana - Orlen Nations Grand Prix

Mathys Rondel avait annoncé la couleur cet hiver (lire ici). Cette année, c'était objectif victoire, lui qui savait qu'il allait prétendre à un rôle de leader. La semaine passée, à l'Orlen Nations Grand Prix, manche de Coupe des Nations Espoirs, le coureur du Tudor Pro Cycling U23 a tenu parole, après une disqualification en Croatie qui l'a privé de débloquer son compteur. Sous le maillot de l'équipe de France, il a décroché une victoire d'étape avant de s'adjuger le classement général. Avant d'aborder le Baby Giro, l'un de ses moments forts de la saison, pour lequel il va maintenant s'entrainer à fond jusqu'au départ, Mathys Rondel a eu le temps de faire le plein de confiance, notamment avec la ProTeam. L'Espoir 3 est revenu avec DirectVelo sur ce double succès en Pologne, mais aussi son début de saison et la pression qui l'entoure, notamment depuis ses performances convaincantes de l'an passé, au Tour Alsace ou encore au Tour de l'Avenir.

DirectVelo : Tu as débloqué ton compteur sur une Coupe des Nations !
Mathys Rondel : C'était un pari que je voulais réussir cette année. Je voulais vraiment gagner avant le Baby Giro, j'avais besoin de passer ce stade. C'est super, surtout sur une Coupe des Nations avec un niveau très relevé, même si c'est le cas de toutes les courses. C'est top. J'ai vu que j'avais été notifié dans quelques comptes Insta qui mettaient que j'étais favori (sourire). Ils m'avaient mis cinq étoiles, j'étais un peu surpris, c'est la première fois qu'on me met si haut. Mais c'est vrai que sur un parcours vallonné, même si ce n'est pas parfait pour moi, ça me correspondait quand même, ça reste dur et j'aime ça.

« JE SAVAIS CE QUE J'AVAIS FAIT »

Tu as construit ce succès final en t'imposant sur la deuxième étape, sur une arrivée au sommet...
On ne s'est pas affolé dans la première partie, on n'avait pas à gérer, on est resté tous ensemble, groupé. On etait placé au bon endroit au bon moment, dans certaines bosses et descentes techniques. Dans la dernière partie, on était très bien placés avec Brieuc (Rolland). J'avais bien analysé la montée finale, j'ai attaqué exactement où je voulais. J'espérais la victoire mais c'est toujours dur de faire des plans et de les réaliser. Surtout quand c'est une première, c'était spécial. Avec Brieuc qui fait 2e en plus ! Il a attendu et il a attaqué quand j'avais assez d'avance. Déjà la veille on méritait mieux, mais on a gardé la même ligne de conduite collective.

Tu parlais de première, défendre un maillot de leader en était aussi une !
Tout s'est bien goupillé. Mais jeudi soir il restait trois jours à faire avec le maillot. C'était compliqué avec seulement 20 secondes sur le premier adversaire. Quand c'est une minute c'est facile, mais 20 secondes ça peut se jouer aux bonifs ou sur une cassure. C'était très serré, mais j'étais confiant car on était très solides. Brieuc et Clément (Izquierdo) pouvaient aller très loin sur les étapes, tout le monde a bien bossé. J'ai toujours été confiant. Dans les étapes je n'étais pas stressé, mais il y avait de la pression avant l'étape. On a réussi à garder le maillot jusqu'au dernier jour où c'etait punchy, il y en avait partout. Puis les planètes étaient alignées car d'autres équipes nous ont aidés en défendant leurs intérêts.

Tu dois être soulagé que tout arrive si vite dans la saison, toi qui disais en début d'année chercher absolument la victoire...
Gagner officiellement, par rapport à la Croatie où j'ai été disqualifié, c'est intéressant pour moi. D'autant plus que la situation était stressante avec le faible écart sur le 3e. Sinon tout s'est bien goupillé. En Croatie, j'avais gagné sur la dernière étape (du Trophée du Printemps d'Istrie, NDLR). Mais dans les deux derniers kilomètres, j'ai passé un rond-point pas comme il fallait. Les autres l'ont fait comme moi mais comme j'avais attaqué, une moto s'était intercalée derrière moi, et on m'a disqualifié mais pas les autres, et pas non plus la cinquantaine de coureurs qui avait passée le rond-point au même endroit, une semaine avant au Umag Trophy. Mais du coup je savais que j'étais sur la bonne voie, sur une course de plat qui ne me correspond pas forcément en plus. Ce n'est pas que je m'en fichais, mais je savais ce que j'avais fait, la satisfaction était là. C'était limite plus le staff qui était énervé (sourire).

« LE PROCESSUS SE DÉROULE COMME ON L'IMAGINAIT »

Depuis tes résultats au Tour Alsace et au Tour de l'Avenir, on sent que tu as franchi un gros cap. Est-ce que ces deux courses ont débloqué quelque chose chez toi ?
L'année dernière, sur la première partie de saison, j'etais équipier. Je n'avais pas de pression, il fallait simplement apprendre à faire le métier. Sur la deuxième partie j'étais dans la peau d'un leader, en position de gagner. Cette année j'arrive assez facilement à être dans cette position pour gagner, comme j'ai appris, et avec un moteur plus rodé ça se fait mieux. Depuis l'année dernière, c'est quelque chose de progressif prévu avec l'équipe. Surtout sur des Classe 2. Maintenant c'est le niveau moyen auquel je cours, alors qu'avant c'était le haut niveau pour moi. Le processus se déroule comme on l'imaginait.

Et tu commences même à te distinguer avec la ProTeam, comme en Italie plus tôt dans la saison...
Au Tour des Alpes, c'était une grosse course dure très montagneuse, les mecs étaient à leur pic avant le Giro, comparé à moi où c'est prévu pour dans deux ou trois semaines. Ça fait un décalage d'un mois dans la préparation. Les mecs avaient un très gros niveau, on prend cher quand on n'est pas totalement préparé mais c'était super, ça m'a permis de faire une sorte de bond dans ma préparation. La Coppi et Bartali était pareil avec des coureurs de Grand Tour, c'était moins dans mes caractéristiques mais ça m'a plu. Ce sont deux très bonnes expériences où ça a bien marché. Je n'ai aucune pression sur aucune course, à part à l'Orlen où j'en avais davantage avec le maillot de leader, parce que je ne voulais pas décevoir les mecs.

« JE NE FAIS PAS DU VÉLO POUR FAIRE DES POSTS INSTAGRAM »

Tu évoques beaucoup la pression. La ressens-tu maintenant qu'il y a des attentes ?
Ça vient naturellement mais je me suis adapté à ça. Je ne la ressens pas trop, je ne la vois pas trop mais je l'ai. Je m'entraine pour gagner des courses. Je change beaucoup de choses dans mon quotidien. Le but est de gagner. Je ne fais pas du vélo pour faire des posts Instagram pour montrer mon vélo et faire plaisir aux copains et aux parents. Mon but est d'orienter ma vie autour de ça. Ça met de la pression, c'est mon job maintenant. Mon but est d'être leader donc de gagner, c'est ce qui m'anime quand je m'entraine. Tout le monde en a, ça vient de choses différentes et on la gère différemment, mais ce n'est pas mauvais. Même un mec qui va au bureau en a. Ce n'est rien de fou.

Ce contrat long terme peut aussi t'aider à t'en défaire ?
Pas vraiment, je sais que c'est la tendance. Plus on a un contrat long, plus on peut se dire qu'on peut se reposer sur ses lauriers. Moi justement, je veux être performant sur ces trois années. Même quand je savais que j'allais passer dans une Conti, ça ne m'a pas enlevé de pression. Le but était d'être direct dans le moule. Certes c'est moins de pression pour les contrats, je vais être dans le même environnement qui me convient très bien, mais sinon pour tout le reste, sur la performance, c'est la même chose.

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