Mathys Rondel : « C'est pour mon bien »

Crédit photo Freddy Guérin - DiretVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DiretVelo

Mathys Rondel va débuter le 28 février prochain en Croatie sa seconde année avec la Continentale de Tudor, avant de passer dans la ProTeam de la structure suisse le 1er janvier 2025. Mais d'abord, le grimpeur de 20 ans espère progresser dans différents domaines et gagner des courses. Il a notamment coché le Tour d’Italie Espoirs, le grand rendez-vous de sa première partie de saison, et a bien envie de retrouver le Tour de l’Avenir où il avait fini 6e l’an passé. Le Sarthois s’est confié à DirectVelo avant de lancer son exercice 2024.

DirectVelo : Tu entames cette saison dans la peau d’un leader, avec la certitude de passer dans la ProTeam de Tudor en 2025…
Mathys Rondel : Avoir cette place dans l’équipe, ça va être parfait avant de passer chez les pros. Je ne me mets pas plus de pression que ça car ça reste de la Conti développement. On essaie de se développer, on n’est pas en WorldTour pour chercher des points. Mon but à chaque course est d’essayer de gagner. J’ai ma propre pression et l’équipe n’a pas besoin de m’en mettre. Elle sait que je suis à bloc… 

« J'AURAIS PU ÊTRE IMPATIENT »

C’était ta volonté de patienter jusqu’à 2025 pour monter dans la ProTeam ?
C’est plutôt celle de l’équipe. Me connaissant, j’aurais pu être impatient. Je m’étais déjà fait des plans quand j’ai commencé le vélo. Il y a un peu de décalage par rapport à ma saison dernière qui était en dents de scie avec une préparation pas optimale pour les grosses courses. Je pense que c’est pour mon bien, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre.

Comme ?
J’ai un rôle de leader à renforcer et à assumer encore plus tout au long de la saison. J’espère gagner de belles courses. Une des dernières étapes est d’apprendre à gagner. C’est celle qu’il faut que j’arrive à franchir cette année pour être complet afin que la marche ne soit pas trop grande avant de passer chez les pros. Je n’ai pas fait tant de jours de course que ça, j’en ai fait une quarantaine l’an passé, moins de 200 depuis que j’ai commencé le vélo. Il faut que je sois confronté à plusieurs cas de figure en course pour savoir comment réagir. Il faut être régulier toute la saison, ne pas tomber malade pour arriver proche de 100% de mes capacités sur toutes les courses afin d’être en confiance. 

Tu as appris à être leader ou tu as de base le caractère pour l’être ?
Ça s'est fait naturellement mais j’ai dû me forcer à le faire pour la cohésion de groupe et pour le tirer dans le bon sens. Ça s’apprend même s’il y a des choses que je n’aime pas forcément faire en course.

Tu arrives à donner des ordres à tes équipiers en course ?
J’utilise des mots simples. Quand on est en course à 50 km/h, il y a du vent et on ne s’entend pas très bien. Il faut être assez concis et précis. Il faut être bien clair au briefing pour savoir ce qu’on veut, pour que ce soit plus naturel en course. Le but est de courir pas mal de fois avec ses coéquipiers en vue des grosses courses. J’ai des coéquipiers avec qui je n’ai pas besoin de parler. Dès que je suis dans la roue, on sait ce qu’on a à faire. Être leader, c’est aussi en dehors car la course, ce n’est que quatre heures dans la journée. Il en reste une dizaine où il faut montrer qu’on est leader sans monter sur ses grands chevaux. Je suis un coureur comme les autres. Aujourd’hui, je suis dans ce cas de figure mais un jour, ce sera à d’autres coureurs de l’équipe d’être les leaders et j’essaie donc de leur montrer au mieux, même si je ne suis pas un pro là-dedans. J’essaie de faire de mon mieux, personne ne se plaint. Et s’il y a un souci, c’est bien de pouvoir le corriger et ainsi m’améliorer. 

AU TOUR DES ALPES

Quels seront tes grands rendez-vous de la saison ?
Normalement, je ferai le Tour des Alpes en avril avec les pros, j’espère bien figurer. Je ne pense pas jouer les premiers rôles là-bas, ça va être compliqué car il y aura des mecs qui vont se préparer pour le Giro. J’espère arriver à 100% même si je ne serai pas à mon pic qui est prévu en juin et en août. Mais j’ai envie d’arriver en bonne forme pour faire du vélo avec des mecs à haut niveau. 

Tu dois avoir hâte de cette nouvelle expérience dans le peloton pro…
C’est de la découverte et c’est mon terrain même si malheureusement, il n’y a pas d’arrivée au sommet cette année. Le dénivelé va être assez important sur la semaine. Je veux réussir à bien récupérer, arriver à enchaîner toutes les étapes à haut niveau. Je veux être performant cette saison bien sûr mais l’objectif majeur est d’être dans les meilleurs mondiaux dans le futur, d’être performant chez les pros. Même s’il n’y a pas de grandes victoires à court terme, mon but est de gagner plus tard. Même si bien sûr, ce serait cool de gagner cette année….

Viendra ensuite le Baby Giro que tu avais découvert l’an passé en tant qu’équipier de Hannes Wilksch…
J’irai pour gagner cette année. Je veux aussi continuer à apprendre, à rouler correctement et à souder l’équipe… On veut bien travailler ensemble. L’an passé, j’étais plus content de l’état d’esprit dans le groupe que de mes propres résultats. Au Tour Alsace, je fais 2e du général, il n’y a rien de marquant mais j’ai vu des mecs qui ont chuté 30 bornes avant, qui sont à bloc, et 30 kilomètres après, je les vois remonter et faire le taf pendant encore 20 bornes, ça me fout les poils. C’est important de vivre des choses avec l’équipe. 

Es-tu candidat pour retourner au Tour de l’Avenir après ta 6e place l’an dernier ?
Je suis candidat pour y retourner et faire le meilleur résultat possible. Je suis motivé parce que j’aurai un gros stage de préparation avant. L’an passé, je n’avais pas une base solide en hiver à cause des pépins physiques. Tout au long de la saison, j’étais un peu à bout de souffle après les grosses courses. C’était dur de repartir. Avec une vraie consistance au niveau des entraînements et des courses, je pense être plus régulier cette saison. C’est pour ça que je veux faire ces deux grosses courses, le Baby Giro et le Tour de l’Avenir. 

UN PREMIER STAGE EN ALTITUDE

Tu vas donc faire un stage en altitude cet été…
J’ai demandé à l’équipe de le faire avec la ProTeam, comme ça je serai encadré médicalement, au niveau nutritionnel, avec les entraîneurs… On peut très bien réagir comme très mal à un stage en altitude. J’aurais pu en faire un avant le Baby Giro mais j’ai trouvé d’autres courses intéressantes et je voulais absolument le faire avec la ProTeam pour que ce soit le mieux possible et que la première expérience soit bonne. Je suis pressé de le faire. Je pense que c’est quelque chose dont j’ai besoin.

Concernant le Tour de l’Avenir, tu es prêt à y aller si on te dit qu’il faut bosser pour un autre coureur, comme Alexy Faure-Prost ?
Ce n’est pas l’état d’esprit de l’équipe de France d’avoir un leader unique. Normalement, ce ne sera pas demandé. S’il est plus fort que moi, ça ne me dérangera pas. Il y a trois places sur un podium. S’il gagne et que je suis sur le podium, tant mieux. Le but est de se tirer vers le haut les uns les autres. Dans tous les cas, il faut avoir des équipiers forts pour des leaders forts. S’il y a un pépin, je serai là. Si je ne suis pas bien, j’irai le plus loin possible pour lui et espérer qu’il fasse le meilleur résultat pour l’équipe de France. Si j’ai une autre sélection au Mondial et qu’on me demande de rouler comme je l’ai fait à l’Orlen GP tous les jours l’an passé, je n’hésiterai pas non plus. 

Tu penses donc au Mondial cette saison ?
Oui, je suis candidat. Ce n’est pas forcément mon profil mais c’est une course d’un jour. J’en aurai peu cette saison, ça serait une nouvelle expérience. C’est plus un profil puncheur mais ça peut quand même me correspondre. La course ne se déroule jamais comme prévu. Beaucoup de choses peuvent arriver dans le bon sens comme dans le mauvais. 

Tu iras aussi au Championnat de France Espoirs contre-la-montre…
Je ne ferai que le chrono. Je souhaite le faire pour progresser et prendre de l’expérience. Je n’ai quasiment pas fait de chrono l’an passé. Même si c’est un effort très dur, le lendemain, on peut s’entraîner directement. Le but est de ne pas gêner la progression jusqu’au Giro. 

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