AVC Aix-en-Provence : « Certaines Conti ne le font pas »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Début de saison prometteur pour l’AVC Aix-en-Provence. Le club provençal, déjà vainqueur à deux reprises - sur une manche de l’Essor basque puis à domicile lors du Grand Prix du Pays d’Aix (lire ici) -, mise une fois de plus cette année sur un groupe fourni et qualitatif. Trois fois dans le Top 5 du Challenge BBB-DirectVelo par équipes ces six dernières années, les vert-et-noir gardent l’ambition de révéler des talents et de projeter - encore et toujours - des athlètes vers le monde professionnel, après avoir permis à pas moins de quatre coureurs de franchir le Rubicon l’hiver dernier. Pour DirectVelo, Evaldas Siskevicius - engagé l’an passé par Jean-Michel Bourgouin - fait le point sur ses méthodes, ses motivations et les ambitions de l’équipe pour le reste de l’année.

DirectVelo : Vous avez un effectif imposant cette année encore !
Evaldas Siskevicius : Il y a beaucoup de coureurs (voir l’effectif) mais en réalité, pas tant que ça car on est resté sur un groupe de quinze Élites. Nous avons dix Open 1 et dix vététistes qui ne feront pas beaucoup de courses avec nous. On essaie de reproduire le même schéma que les équipes du WorldTour avec leur réserve. On a notre groupe Élites avec un calendrier pré-établi pour toute la saison. Les dix Open 1, on veut les faire progresser. Le but est que les meilleurs d’entre eux passent dans le groupe Élite l’année prochaine. Et enfin, on a via les vététistes un groupe de détection. On sait que certains ont de vraies qualités. Ils sont en construction. Il faut toujours avoir un coup d’avance. C’est un facilitateur pour le recrutement, ça permet d’avoir dans notre futur groupe Élites des coureurs que l’on connaît déjà.

« IL FAUT S’ADAPTER »

Avec, toujours, l’envie de propulser des talents vers le monde professionnel…
La détection, ça a toujours été un objectif. On reste avant tout une équipe formatrice. On veut rester attractifs face aux Conti, aux équipes réserves. Ce sont de vrais concurrents désormais. Il faut s’adapter. On doit trouver des coureurs de talents, en sachant que les Conti vont chercher les meilleurs J2.

Est-il désormais quasiment impossible d’attirer les meilleurs Juniors 2 ou Espoirs 1 ?
L’année dernière, pour mes débuts, j’ai vite vu et compris les difficultés auxquelles j’allais être confronté. Des Juniors ont refusé de venir chez nous pour aller directement en Conti, ou dans des équipes amateurs espagnoles. Je ne pense pas que ce soit des choix toujours judicieux. J’explique le projet mais certains coureurs ne veulent rien savoir. Les Conti proposent des salaires, avec tout comme chez les pros. Je comprends. Mais je reste confiant. On arrive encore à trouver des coureurs qui marchent. On est une passerelle, nous aussi. L’hiver dernier, quatre de nos coureurs sont passés pro (Nicolas Breuillard, Oliver Knight, Alexander Konijn et Adrien Maire, NDLR). Faire passer quatre mecs, certaines Conti ne le font pas. Après, c’est aux coureurs de réfléchir. Ils doivent avoir le bon entourage autour d’eux. Il faut garder la tête sur les épaules. Il n’y a pas que l’aspect sportif. On laisse les jeunes faire des études, ils ont un bon environnement, il faut le prendre en compte.

« ÇA PROUVE QU’ON SAIT TRAVAILLER »

Le club propose également un gros calendrier !
On a des Classe 2, de belles Élites, des courses plus abordables… Sans oublier qu’on court en Italie et en Espagne. Ça fait progresser les mecs. On a peut-être le plus beau calendrier de toutes les N1. On fait progresser les mecs. Hugo Lennartsson, l’an dernier aux Boucles du Haut-Var, il avait bâché après quelques kilomètres… Cette année, il marchait déjà bien mieux sur cette même course. Ça prouve qu’on sait travailler. Il faut nous faire confiance. Si les coureurs adhèrent au projet, ça va très bien. Maintenant, ceux qui vont en Conti, ça peut être bien aussi pour eux. Il faut simplement que l’on ait des coureurs qui soient heureux d’être ici, et qui ne sont pas là par défaut. 

L’AVC Aix-en-Provence n’a pas toujours été le club où régnait la plus belle cohésion sportive, avec de fortes individualités. Est-ce aussi l’une de tes missions de fédérer autour d’un projet commun ?  
Bien sûr. C’est même l’un de mes plus gros objectifs. Quand je suis arrivé dans l’équipe, je savais qu’il y avait ce problème. Mais en réalité, c’était un problème encore plus gros que ce que j’avais imaginé. Cela dit, cette année, j’ai le sentiment que ce n’est plus la même chose. On est parti du bon pied.

« QUAND JE DEMANDE QUELQUE CHOSE, JE VEUX QUE CE SOIT FAIT »

Il paraît que tu sais te faire respecter !
(Rire). C’est vrai. Pour l’anecdote, l’année dernière ils me surnommaient Poutine dans l’équipe. J’essaie d’être entre deux, dans le compromis. Je tiens à être proche de mes coureurs dans ma façon de travailler. Pour autant, quand je demande quelque chose, je veux que ce soit fait. 

Avec une hiérarchie et des tactiques à respecter ?
Dans mon esprit, comme on reste une équipe amateur, il faut que tout le monde puisse jouer sa carte à un moment ou un autre. Tout le monde doit trouver son compte. Mais sur certaines courses, il y a une stratégie et c’est indiscutable, notamment en Coupe de France. Au début, j’ai eu du mal à mettre ça en place avec des anciens qui ont déjà leurs habitudes. C’est plus simple avec les jeunes. Mais c’est en train de venir. Je prends de l’expérience aussi. Passer de coureur à DS n’est pas facile, c’est un sacré changement, mais je suis très content et j’espère encore progresser.

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