Romain Malbreil : « Avant on était ceux qui faisaient du vélo dans leur garage »

Crédit photo DR

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Romain Malbreil est chargé de projet e-cycling au sein de la Fédération Française de Cyclisme. Il est à l’origine des Championnats de France qui auront lieu le week-end des 17 et 18 février, en salle à Le Soler (Pyrénées-Orientales). Celui qui accompagne également les athlètes de l'équipe de France d’e-cycling, a accordé un long entretien à DirectVelo. La première partie de l'interview a porté sur le déroulement de la Coupe de France (lire ici), la seconde, ci-dessous,sur le développement de la discipline.

DirectVelo: Comment sens-tu la perception de l’e-sport, dans le monde du cyclisme ?
Romain Malbreil : Pour l’instant, notre discipline est encore très méconnue. C’est récent, et on n’a pas de réels enjeux. Pour l’instant, les gens pratiquent l’e-cycling aussi parce que c’est très sécurisant. On peut en faire la nuit, l’hiver, peu importe la météo et sans les dangers de la route. J’aimerais comprendre comment réussir à convaincre toutes ces personnes qui utilisent Zwift l’hiver, et il y en a beaucoup, mais qui n’essayent pas le format compétitif. Pour un grand nombre, c’est seulement une solution d’entraînement, pas un vrai sport. Mais comparé à 2021 ou 2022, on a gagné en crédibilité. Avant, on était un peu “moqué”, on était ceux qui faisaient du vélo dans leur garage. Maintenant, ça a changé, en partie grâce aux coureurs élites qui ont rejoint la Coupe de France.

« UNE DISCIPLINE DE RETRAITÉS »

Tu imagines des professionnels rejoindre l’e-cycling ?
En tout cas, c’est clairement mon objectif. Plus des coureurs “importants” et reconnus vont rejoindre ces compétitions, plus ça va motiver les gens à s’inscrire. Beaucoup de personnes, dont des professionnels, ont connu Zwift pendant le confinement. Et à l’époque, la plateforme n’était pas forcément prête pour autant de monde d’un coup. Certains ont peut-être gardé cette image de Zwift. Alors que non, l’algorithme a changé, il y a plus de tactique, de connaissance de jeu à avoir. Quelques professionnels ont déjà passé le cap, comme Lennart Teugels (Bingoal-WB), en Zwift Grand Prix. Maintenant, il faut continuer, en France aussi, à en attirer d’autres. Je sais que certains professionnels suivent déjà la discipline. J’espère qu’on arrivera à les convaincre.

Beaucoup de participants sont d’anciens coureurs Élites, comment l’expliques-tu ?
Actuellement, c’est vrai que nous sommes un peu une discipline de “retraités” (rires). On a beaucoup d’anciens Élites, qui ne sont pas passés professionnels, et qui ont retrouvé petit à petit une activité professionnelle classique. Et comme ils sont en manque de temps pour pratiquer le vélo sur route, l’e-cycling est une belle opportunité de continuer le cyclisme, sans se prendre la tête. Avoir ces personnes sur Zwift, ça permet aussi de mettre en avant la discipline. Par exemple, un coureur comme Romain Campistrous, c’est quelqu’un de connu dans le milieu du vélo.

L'E-CYCLING AUX CHAMPIONNATS DU MONDE 2027

Comment ne pas s’enfermer dans ce fonctionnement et attirer les plus jeunes ?
Aujourd’hui, quand on est Cadet ou Junior, on a plein de rêves. On veut passer professionnel, d’autant que ça va de plus en plus vite. On pense surtout à la route, où on veut performer. Notre discipline peut être une alternative. L’e-cycling peut permettre à des jeunes, qui veulent continuer le vélo en parallèle de leurs études, de se maintenir dans la compétition. Je pense que les jeunes vont arriver, surtout qu’il y a de plus en plus d’enjeux. Maintenant, il y a un maillot Bleu-Blanc-Rouge à aller chercher. Pareil pour le Championnat du monde. Et la discipline est de plus en plus suivie par des équipes professionnelles. Par exemple, l'Alpecin-Deceuninck fait des détections sur la plateforme.

Comment continuer à améliorer l’e-cycling ?
C’est simple, plus la discipline va se développer et plus la compétitivité va augmenter. Et c’est comme ça qu’on va tous se tirer vers le haut. C’est aussi vrai au niveau national. En 2027, la France accueille les “Super Championnat du monde”. D’ici là, j’espère que la discipline prendra de plus en plus d’ampleur et normalement, l’e-cycling devrait faire partie de cet événement.

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