Deux médailles pour commencer pour Luca Priore

Crédit photo DirectVelo

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La détection de nouveaux sprinters peut encore marcher à condition d'avoir des vélodromes vivants qui organisent des réunions où les jeunes viennent courir devant des yeux qui savent regarder. Pour Luca Priore, toutes ces conditions ont été réunies. "J'étais au VS Mâcon. Le comité départemental organisait une détection sur le vélodrome de Montceau-les-Mines. C'est Luc Duchalet, mécano en équipe de France qui s'en occupait. Il m'a repéré. "Avec les temps que tu fais sur 200 mètres, tu peux aller au Championnat de France". Il avait raison, j'ai fait mon premier Championnat la même année et l'année suivante je signe le 2e temps sur 200 mètres lancé chez les Cadets", raconte-t-il à DirectVelo. En 2018, il termine 3e du keirin et 2e du scratch à Hyères.

VÉLO-TGV-ÉCOLE

L'histoire est en marche. "A la fin de mon année de Cadet 2, Alexandre Prudhomme m'avait remarqué sur la piste de Dijon. Il y avait une journée détection dans le cadre des JO 2024. Il était impressionné parce que j'avais battu des Juniors de l'équipe de France. Il m'a rappelé à la fin de l'année pour aller en stage avec l'équipe de France. J'étais lancé dans cette locomotive qui m'a emmené au Championnat d'Europe. Et aujourd'hui, Alexandre Prudhomme est devenu mon entraîneur".

La semaine dernière, l'ancien coureur de l'AC Bisontine a remporté deux médailles de bronze au Championnat de France sur piste. La première en vitesse individuelle après avoir battu Melvin Landerneau et la seconde au kilomètre sous les couleurs du Team Creteil Kronos. "Je suis surpris. Celle de la vitesse était plus probable que le kilomètre que je ne travaille pas du tout mais quand on est dans une bonne forme on peut performer dans toutes les disciplines du sprint". Le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines lui est de plus en plus familier. Il a intégré le pôle olympique depuis la rentrée de septembre. Mais au prix d'un arrangement avec son école d'ingénieurs, l'INSA de Lyon, et d'un emploi du temps très serré. "Je ne l'avais pas intégré avant car je mène en même temps des études prenantes mais mon école est compréhensive. Je fais 2/3 d'année par an au lieu d'une année complète. Je viens m'entraîner les lundi, mardi et mercredi. Le mercredi soir, je prends le TGV pour Lyon et deux jours de cours. Le week-end je vois ma famille et je repars le dimanche soir pour Paris".

PLUS DE PRESSION SUR CHAQUE ÉCHÉANCE

Mais tout aurait pu s'arrêter pour le coureur de 21 ans après son premier Championnat d'Europe Juniors en 2019. "Le moment le plus difficile c'était le Covid, ça a cassé ma dynamique avec l'équipe de France. En 2021, je n'ai pas performé, j'ai décidé de reprendre en main mon entraînement seul. Ça m'a permis de retrouver l'équipe de France Espoirs avec de très bons temps", rappelle-t-il. Cette année, son gros objectif reste le Championnat d'Europe Espoirs qui aura lieu du 9 au 14 juillet à Cottbus, le pays de Lutz Hesslich, le double Champion olympique de la vitesse. "Avec mon niveau de performance dans ce Championnat de France, si je peux le répéter en juillet, j'espère pouvoir me battre pour les titres en vitesse, la discipline reine pour moi, en keirin ou en vitesse par équipes. L'objectif serait de gagner un titre là-bas".

Les deux années de Covid lui pèsent encore dans les jambes. Il n'a pas un retard de croissance mais de musculation. "Je m'attends surtout à utiliser les quelques mois qui arrivent pour continuer de me développer physiquement car j'ai encore beaucoup de retard par rapport aux autres. Pour l'instant je joue sur mes qualités naturelles de vitesse. On a besoin de temps de musculation, de temps sur le vélo, d'apprendre de nouvelles techniques". Ce moment où ils construisent les fondations l'éloigne des compétitions ce qui le change de ses années de routier. "Chez les Minimes et Cadets, j'avais l'habitude de courir 25 à 30 fois par an. Avec le sprint c'est une autre façon de faire et ça met beaucoup de pression sur chaque échéance, car il y en a cinq à dix maximum par an. Mais on est obligé de faire comme ça.  La compétition apporte des choses que n'apporte pas l'entraînement mais pour l'instant, la priorité c'est de se développer et atteindre le niveau des autres". En revanche, une fois ce travail accompli, le Bourguignon se voit bien courir plus souvent. "On le voit avec les meilleurs qui courent plus que 4-5 fois dans l'année. Avec la Ligue des Champions, ils courent pendant deux mois pleins et enchaînent avec le Championnat d'Europe quelques mois après. Mais ces compétitions sont extrêmement exigeantes et empêchent de progresser". Et pour l'instant, la priorité de Luca Priore est de construire une base solide de la pyramide.

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