Nice Métropole Côte d’Azur : « Construire quelque chose de cohérent »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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C'est du côté de l'Espagne, ce samedi au Grand Prix de Valence (1.1), que Nice Métropole Côte d’Azur va débuter sa troisième saison dans le peloton professionnel. Son président, Ted Hennequin, imagine une année plus belle que les deux précédentes. Toujours sans partenaire titre mais il assure que ce n’est pas un problème. “Certaines équipes risquent de s’arrêter à tout moment si le partenaire principal dégage. Ce n’est pas notre cas”. Un groupe qui passe de douze à dix éléments ? Là encore, un mal pour un bien. “Le but n’est pas de laisser certains coureurs trop longtemps à la maison sans courir”. S’il admet qu’il y a eu des problèmes en interne durant les deux dernières saisons, Ted Hennequin veut ainsi surtout tabler sur une meilleure cohésion d’équipe en 2024. Entretien.

DirectVelo : Dans quel état d’esprit l’équipe aborde-t-elle sa troisième saison chez les pros ?
Ted Hennequin : On aborde 2024 avec sérénité et ça, c’est important pour tout le monde : le staff, les coureurs, les dirigeants. Ça permet de se concentrer sur la recherche d’organisation et de moyens matériels. On peut se focaliser totalement sur le sportif, faire en sorte que la préparation soit optimale, que l’état d’esprit collectif soit le meilleur possible. On travaille énormément sur la psychologie cette année pour essayer d’avoir un groupe solide, qui a envie de travailler ensemble, avec des objectifs. On a prévenu tout le monde sur la notion de groupe. C’est très important. Deuxième point : comme on a un peu plus de temps et qu'on est moins stressés, on va aussi porter notre attention sur la communication. Jusqu’à présent, on a eu pas mal de communication négative : des querelles avec des coureurs, avec d’autres dirigeants… Maintenant, c’est derrière nous. On va se concentrer sur une communication positive.

« QUELQUE PART, ON S’EN FOUT »


Vous ne repartez qu’avec dix éléments, contre douze l’an passé. Est-ce problématique ? 
C’est pour deux raisons. Avec douze coureurs, idéalement il faut pouvoir courir sur deux fronts, et avoir les moyens de le faire. Le but n’est pas de laisser certains coureurs trop longtemps à la maison sans courir, sinon ça crée des tensions entre staff et coureurs. Il faut faire attention à la santé de nos coureurs. Par exemple, isoler les cas de maladie. On le dit depuis deux ans mais on ne le fait jamais bien car il y en a toujours certains qui ne jouent pas le jeu. Quand un coureur arrive malade sur une course par étapes, au moment de la troisième étape, on a la moitié du groupe qui est malade… À dix, il faut vraiment bien gérer tout ça sinon ce sera compliqué. On a rajeuni le groupe, le plus vieux a 26 ans, le plus jeune 19 ans. On n’a plus de trentenaires qui se croyaient encore futurs coureurs du WorldTour, qui étaient complètement à côté de la plaque, mais seulement des jeunes qui peuvent encore progresser.

Vous n’avez pas recruté les coureurs amateurs les plus performants de la saison 2023. Certaines arrivées sont moquées dans le milieu…
Quelque part, on s’en fout. Il y a des WorldTeams, des ProTeams, qui sont là pour performer et gagner plein de courses pour leurs partenaires. De notre côté, on est une Conti. Même si on n’a pas le nom de “développement”, on a la même vocation que les équipes réserves, à savoir récupérer des coureurs plus jeunes pour les faire progresser. On croit en eux, ils ont peut-être une maturité plus lente.

« S'AMÉLIORER CHAQUE ANNÉE »

Qu’est-ce qui peut être amélioré ?
On a fait un stage en Espagne. Un vrai long stage, cette fois-ci, suivi des courses dans la région. Ils arriveront mieux préparés que les autres années au Grand Prix La Marseillaise. Le but est de s’améliorer chaque année. On veut s’inscrire dans la durée et sur un projet global, avec l’académie Junior qui a donné un Champion de France l’an passé. On essaie de construire quelque chose de cohérent. On vise la détection à travers le Savoir rouler à vélo dans une quarantaine d’écoles de la région, 4000 gamins, ça permettra peut-être de créer des vocations. On pourrait les orienter vers les écoles de vélo de la Métropole. On ne compte pas arrêter.

Vous êtes la seule Conti française sans partenaire privé en sponsor titre. Est-ce viable sur la durée ?
Aujourd’hui, on a le budget sans sponsor titre. Pour l’instant, ce n’est pas notre axe de développement principal. On n’est pas insatisfaits de la situation. Certaines équipes risquent de s’arrêter à tout moment si le partenaire principal dégage. Ce n’est pas notre cas.

« ON EST À NOTRE PLACE CHEZ LES PROS »

La ville de Nice peut s'arrêter, comme un partenaire privé...
Oui mais elle est intégrée au projet. Il n’y a aucune raison, tant que c’est le maire actuel (Christian Estrosi, NDLR). Je ne vois pas pourquoi il changerait son fusil d’épaule. Et si c’est Eric Ciotti qui devient Maire, le Conseil Départemental nous finance aussi et il croit aussi au projet. D’une certaine manière, on s’assure une certaine continuité avec les collectivités territoriales. On essaie quand même de trouver des financements annexes, on agrège quelques petits partenaires.

Après deux saisons complètes, tu considères donc désormais l’équipe pleinement à sa place au milieu de ce peloton professionnel français ?
Oui, on est à notre place chez les pros. C’est sûr que dans un emballage final, si un de nos coureurs essaie de se faire une place dans un train, on va lui dire de dégager de là. On n’avait pas une équipe assez solide jusque-là pour se faire une place importante dans les moments forts mais ça ne veut pas dire que cette année, on ne va pas l'avoir. Nantes ou Roubaix font exactement la même chose, ils obtiennent de plus en plus de résultats, parce qu'on a moins de complexes.  

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