Guillaume Annoye : « On était venu pour taper fort »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

L'AS Bike Racing a marqué de son empreinte le premier rendez-vous de la Coupe de France de cyclo-cross. Malgré l'absence de ses Elites à Quelneuc et la blessure de Lauriane Duraffourg, ses Espoirs Hommes ont dominé les deux jours, au point d'être en position de réaliser le triplé le dimanche avec Corentin Lequet, Nathan Bommenel et Romain Debord. Célia Gery et Amandine Muller, équipées par la structure de Guillaume Annoye, ont elles aussi brillé chez les Juniors avec deux succès pour la médaillée de bronze du Championnat du Monde. Le manager revient avec DirectVelo sur cette entame quasi-parfaite de la Coupe de France mais aussi sur la stratégie de l'équipe pour se hisser au niveau international.

DirectVelo : Quel week-end pour l’AS Bike Racing !
Guillaume Annoye : C’est un week-end presque parfait. Presque, parce que Lauriane Duraffourg s’est blessée à la reconnaissance vendredi. On était venu pour taper fort. On a mis des gros moyens en place. On a envoyé tous les jeunes en stage en altitude pendant deux semaines et demi. On savait qu’on était attendu.

Vous vous imposez un peu plus sur la scène du cyclo-cross français ?
Ça fait maintenant cinq ans que l’équipe a été créée. On dit de nous que nous sommes les numéros 1 français. Ce n’est pas à moi de le dire, c’est aux gens de juger qui on est. On a fait un recrutement très intéressant. Ça fait quatre ans que l’on travaille à la formation des jeunes. Je reste persuadé qu’en partant de la catégorie Cadet, Junior, il faut les accompagner. C’est un métier, leur métier. On a mis un système de rémunération en place (à partir de la catégorie des Espoirs).

C’est toute une équipe qui est récompensée…
Ce qui est important, c’est le groupe. On vit vraiment très bien ensemble. C’est ce que je retiens. Chaque personne est importante dans l’équipe. Pour les courses en préparation on s’est rendu compte que parfois les Elites passent à travers alors que les Espoirs sont présents et inversement. Je leur ai dit en début de saison : « on n’est pas neuf coureurs, on est une équipe ». C’est ce qui m’intéresse le plus. Cette victoire, elle est aussi pour toutes les personnes qui sont autour.

« J'AI PERDU UN TRÈS GROS SPONSOR »

Néanmoins, tout n’a pas été simple pour la structure avant d’arriver à Quelneuc...
Depuis trois semaines, j’ai vécu des moments très, très difficiles. J’ai perdu un très gros sponsor, quelqu’un qui s’était engagé à donner une grosse somme. J’ai vraiment galéré pendant trois semaines. J’ai été attaqué mais ça dépasse le sport. J’ai été très affecté. Je me suis même demandé s’il fallait que je poursuive le projet. J’ai eu une grosse remise en question. Tu perds un gros sponsor, tu te retrouves dans une situation hyper compliquée à gérer. Je me suis posé la question « mais à quoi ça te sert ? ».

Justement, pourquoi continuer ?
Je dois tout au vélo, j’ai grandi dans le vélo. J’ai envie de rendre au vélo ce qu’il m’a apporté. Je laisse ma famille à la maison même si j’ai la chance d’avoir une femme qui m’accompagne depuis le début. Je dédie toute cette victoire à une équipe. On a la chance d’être là. On parle de nous. Ça peut s’arrêter du jour au lendemain. Oui il y a des camions, des camping-cars mais derrière il y a une prise de risque personnelle. Si des gens veulent nous aider, la porte est grande ouverte.

On voit que le projet grandit d’année en année…
On a neuf coureurs. J’ai des projets pas pour moi mais pour les jeunes. Je veux qu’un jour les jeunes se disent « un jour je suis passé chez AS Bike Racing » et surtout je veux qu’ils aient envie de rester en France et ne pas partir en Belgique. On est en train de changer ça. On peut faire rêver un coureur français dans une équipe française. Ça prend du temps, ça coûte de l’énergie. Mais quand je vois les Juniors (Célia Gery et Amandine Muller) qui font 1ère et 2e, quand je vois les Espoirs (Nathan Bommenel et Corentin Lequet) qui font 1er et 2e également. Le triplé avec Romain (Debord) aurait été magnifique, ça n’a jamais été fait. On ira a Albi avec la même équipe. On ira pour gagner la Coupe de France, il ne faut pas s’en cacher.

Vous avez presque tout gagné sur le plan national…
Le maillot bleu-blanc-rouge, c’est le plus beau pour nous. Entre le cyclo-cross et le VTT on a gagné sept titres en quatre ans et demi. C’est le maillot qui me fait vibrer, maintenant on va continuer à travailler. Il n’y a rien du tout qui est gagné, ce n’est pas parce que tu es fort aujourd’hui que tu le seras demain. Il y a des petites choses à améliorer de notre côté.

« ON A CETTE VOLONTÉ D'ALLER SE BATTRE AVEC LES MEILLEURS »

On voit que les Juniors et les Espoirs étaient présents ce week-end mais pas les Élites. Pour quelles raisons ?
C’est un choix qui est compliqué pour moi. Si on veut se battre avec les meilleurs au niveau international, on doit aller se frotter à eux. Pour moi, si un coureur commence à sur-dominer en France, il doit aller se battre avec les meilleurs. Si on reste sur le circuit Coupe de France où on a un bon niveau, on peut vite stagner. Nathan et Corentin ont fait ce choix là l’année dernière. On n’était pas sur toutes les Coupes de France non plus. On nous l’a reproché. On nous invite, avec le maillot bleu-blanc-rouge, à aller sur des cross régionaux, je refuse catégoriquement. Ce maillot doit être porté dignement et c’est pour cette raison qu’on prend cette décision-là. On sera présent à Flamanville avec l’ensemble de l’équipe parce qu’on veut faire honneur à ce maillot sur une Coupe de France.

Pourtant il n’y a que trois week-ends de Coupe de France…
Il y a aussi la distance. On est dans le Grand Est. On a un camp de base à Overijse ce qui nous permet d’être proche des différentes épreuves. Il y a aussi les déplacements pour les coureurs mais aussi pour nous. Financièrement, on ne peut pas faire n’importe quoi. C’est une gestion d’entreprise. On a couru en début de saison en Suisse. On est allé sur une course française à Brumath. On sera présent sur plusieurs courses en France avec les deux Coupe du Monde et une Coupe de France. Mais stratégiquement parlant on a cette volonté d’aller se battre avec les meilleurs. Il faut continuer à travailler parce qu’on a une grande marche à passer. On voit chez les femmes que les Hollandaises dominent.

Que vous faut-il pour rivaliser ?
On a planifié un stage en Espagne pendant dix jours juste après Troyes. On va faire volontairement l’impasse sur des manches de la Coupe du Monde. Je reste persuadé que c’est le bon choix. Les premiers éléments sont en train de nous donner raison. On voulait venir ici (à Quelneuc) avec un début de pic de forme pour être optimum dans 15 jours à Pontchâteau. Maintenant on repart avec le sourire.

Mots-clés

En savoir plus