« C’est trop énervant ! » : pourquoi l’échappée s’est-elle écroulée ?

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Lorsqu’un écart de 1’45” a été annoncé, à moins de 20 kilomètres de l’arrivée, pour l’imposant groupe de tête de onze unités, la plupart des suiveurs présents sur la ligne d’arrivée de Ruoms ont fini d’être convaincus que l’échappée de la première étape du Tour féminin de l’Ardèche (2.1) irait au bout. Et pourtant, il n’en a rien été. Les attaquantes ont même été revues par le paquet à quelque cinq bornes de l’arrivée, avant que la Polonaise Daria Pikulik (Human Powered Health) ne l’emporte au sprint massif (voir classement). Mais alors, pourquoi l’échappée s’est-elle écroulée ? Que s’est-il passé à l’avant ?

« JE NE COMPRENDS PAS… »

Dans la zone d’arrivée, l’une des plus dégoûtées n’était à n’en pas douter Megan Armitage. Candidate à un bon classement général (11e l'an passé), l’Irlandaise a longtemps imaginé réaliser une très bonne opération dès la première journée, sous le chaud soleil ardéchois et une température qui a atteint les 33°C en fin d’après-midi. Mais personne ou presque n’a souhaité collaborer avec la sociétaire d’Arkéa. “C’est tellement frustrant… On était onze mais je crois qu’il y avait maximum cinq filles qui roulaient vraiment, qui passaient leurs relais constamment. C’est trop énervant ! C’est tellement facile de rester derrière et de se faire emmener comme ça”, peste celle qui aura été l’une des plus actives de ce groupe de tête, et qui ne pouvait que se prendre la tête entre les mains après la ligne - notre photo - en débriefant avec sa coéquipière Anastasiya Kolesava.

“Je suis sans arrêt allée voir les filles pour leur demander de rouler, mais qu’est-ce que je pouvais faire de plus ? Je ne comprends pas comment on peut aller dans une échappée si c’est pour faire ça… C’est n’importe quoi, mais elles ont eu ce qu’elles voulaient, enchaîne l’athlète de 27 ans. Je me moquais complètement de la victoire d’étape, de toute façon je n’avais aucune chance au sprint (rires). Je voulais simplement creuser le plus gros écart possible pour le général. Je ne m’attendais pas à ce qu’on perde tout de cette façon… Quand j’ai vu le peloton rentrer, j’étais super déçue. Mais bon, tant pis, j’ai fait ce que j’ai pu”.

« IL Y AVAIT DES CONCURRENTES DANGEREUSES »

Camille Fahy était également surprise et déçue au moment de voir le peloton rentrer.Ça n'a pas énormément collaboré, ça n’a pas bien roulé alors que c’était clairement jouable. On aurait pu aller au bout avec une belle marge si on s’était entendues. Mais les équipes du WorldTour voulaient arriver au sprint massif. Quand tu as la moitié des filles de l’échappée qui ne roulent pas, c’est compliqué de jouer la gagne. C’est comme ça… On s’est beaucoup trop regardées”, synthétise la sociétaire de l’équipe St-Michel-Mavic-Auber 93. À l’avant, toutes les équipes qui ont réalisé un gros résultat sur la ligne d’arrivée avaient un élément à l’avant, à commencer par les lauréates, Human Powered Health, avec la Championne du Japon Eri Yonamine en tête de course. Elle aussi s’est retrouvée les fesses entre deux chaises.

De son côté, Maëlle Grossetête fait clairement partie des filles qui ont tout fait pour que cette échappée échoue. La coureuse de la FDJ-Suez n’a pas passé le moindre relais devant et s’est même permis d’aller jouer le classement de la montagne face à celles qui s’employaient pour faire vivre cette échappée. Après l’arrivée, elle en était la première désolée pour ses compagnons de fugue mais a dû obéir aux consignes de la direction. “On est là pour gagner le général. Devant, il y avait des concurrentes dangereuses. Je n’ai donc pas roulé. Je me suis fait engueuler mais c’est les consignes. C’est le vélo, c’est comme ça” (voir sa réaction complète, en vidéo). Nul doute que tout le monde ne gardera pas d’excellents souvenirs de cette étape inaugurale, mais voilà qui annonce encore de belles batailles dans les jours à venir.

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