Jade Wiel : « Une semaine hors du temps »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Jade Wiel vient de boucler son premier Tour de France. Une belle récompense et un sacré boost pour la Provençale de la FDJ-Suez, qui n’avait pas été épargnée par les pépins physiques ces dernières années et qui compte bien profiter de cette semaine riche en expérience et en émotions pour passer un nouveau cap. La récente médaillée de bronze du dernier Championnat de France Élites est revenue, dans les rues de Pau, sur ce Tour de France pour DirectVelo. Entretien.

DirectVelo : Que garderas-tu de ces huit jours de course sur ton premier Tour de France ?
Jade Wiel : C’est une course qui n’a rien à voir avec tout ce que l’on peut vivre sur l’ensemble du reste du calendrier. C’était une semaine hors du temps, notamment grâce au public qui rend cet événement spécial. Merci à eux. J’avais quelques idées de la façon dont ça pouvait se passer, de ce que ça pouvait représenter, mais c’est encore mieux que ce que j’avais imaginé. J’ai réussi à arriver en forme. Dès le début, j’étais totalement concentrée sur ce que j’avais à faire pour le groupe et aider mes leaders. J’ai senti une totale confiance des filles envers moi, ça m’a encore plus boostée et ça m’a permis de me surpasser.

« ON A ÉTÉ TROP ATTENTISTES »

Malheureusement, l’équipe n’est pas parvenue à atteindre ses objectifs malgré un gros collectif sur le papier…
Il y a quelques regrets lorsqu’on voit que des échappées sont parvenues à aller au bout plusieurs fois dans la semaine. On n’était pas dedans. On a souvent été piégées sur le placement, ça nous a joué des tours pour être dans les bons coups. Toutes les filles ont pris le départ de chaque étape comme si c’était une course d’un jour. Il n’y avait jamais de moment de répit. De mon côté, j’ai quand même senti la fatigue arriver au fil des jours.

L’équipe a accumulé les déceptions et les frustrations dès les premières étapes, avec notamment les problèmes physiques d’Evita Muzic ou les occasions manquées de Cecilie Uttrup Ludwig. Comment as-tu vécu ces moments au sein du groupe ?
Les brief et debrief ont été importants. Notre objectif principal était de gagner une étape. Il y avait plusieurs arrivées qui, sur le papier, pouvaient nous convenir. On s’est, justement, peut-être trop focalisés sur les arrivées alors que la différence s’est souvent faite très tôt dans la course. On a été trop attentistes, à contre-temps. C’est une semaine et une aventure qui va encore nous permettre d’apprendre, d’évoluer. Il faudra en faire une force pour les semaines et les mois à venir. En tout cas, on est restées soudées. L’ambiance et l'atmosphère dans le groupe n’ont pas changés malgré les déceptions. Je pense que ça va encore nous renforcer. Chacune a connu, à un moment ou un autre, des jours de moins bien mais on a continué de profiter de la force du groupe pour s’entraider.

« J’AI APPRIS PEUT-ÊTRE AUTANT QU’EN UNE ANNÉE ENTIÈRE »

Personnellement, on te sent satisfaite de ta semaine !
Cette année, je peux enfin faire une saison complète. On n’est qu’en juillet et j’ai déjà fait autant de kilomètres que sur l’ensemble de l’année 2022. Ça me permet de prendre de la caisse, d’aborder les prochains gros événements plus sereinement. Je peux trouver ma place, mon profil. En une semaine, j’ai appris peut-être autant qu’en une année entière sur les autres courses. C’était hyper intéressant et ça me motive pour la suite.

On te voit ici avec ton chien sur les genoux et tes proches dans la zone d’arrivée au terme de ce chrono final à Pau. Tu as pu profiter de ta famille !
Initialement, mes parents devaient faire tout le tour avec mon van mais on est en train de le retaper alors il n’était pas possible de le prendre cette semaine. Ils m’ont quand même suivis mais en voiture (sourire), sur toute la semaine. Dans l’équipe, on est comme une famille. On s’entend toutes et tous très bien. Mais voir sa famille à chaque départ, chaque arrivée… C’est quand même encore autre chose, c’est normal. Ça me faisait beaucoup de bien. Avoir mon petit loulou aussi, c'était vraiment cool ! Je savais qu’ils étaient au bord des routes, j’avais envie de les rendre fiers.

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