Dans la zone du bus de la FDJ-Suez, Grace Brown a les yeux rivés sur l’écran de télévision. Elle y voit la maillot jaune Demi Vollering couper la ligne dans un temps canon et repousser l’Australienne à la quatrième position de ce chrono final. La vice-Championne du Monde en titre de l’effort chronométré se retourne vers son staff et esquisse un sourire, presque de dépit. Désireuse de remporter ce chrono final du Tour de France à Pau, elle est finalement devancée par trois filles de la SD Worx-ProTime, lesquelles réalisent un impressionnant triplé (voir classement). Sur le parking des équipes, certains sont amusés, beaucoup d’autres fatalistes et désabusés. “On avait dit qu’elles pouvaient gagner toutes les étapes. On voit aujourd’hui à quel point elles sont fortes. C’est de loin la meilleure équipe du monde. Comment rivaliser ?”, nous glisse-t-on ici et là.

Du côté des premières intéressées, tout le monde semblait surpris de ce triplé retentissant. À commencer par Marlen Reusser. Considérée comme la favorite N°1 pour cette dernière étape du Tour, la Suissesse a tenu son rang. “Je savais que j’étais considérée comme la favorite et ce n’était pas forcément facile à assumer. Mais je suis restée bien concentrée sur ce que j’avais à faire et je suis très heureuse de l’avoir réussi. J’ai quand même du mal à réaliser ce qu’il vient de se passer. On fait 1-2-3 et on gagne le Tour aujourd’hui (dimanche). On savait que l’on avait une grosse force de frappe. De là à faire un truc pareil… C’est fou !”, lâchait-t-elle en zone mixte, oubliant même de préciser que sa formation réalise aussi le doublé au classement général final.

LOTTE KOPECKY 2E DU TOUR, UNE SENSATION 

Car pour moins d’une seconde, Lotte Kopecky - 3e du chrono de Pau - est montée sur la deuxième marche du podium final. Un résultat que personne ne semblait avoir imaginé avant l’étape de montagne de samedi. Mais qui était devenu une véritable éventualité avant ce test face à l’horloge disputé sur 22,6 km. “Avec le doublé au général et le triplé sur l’étape, on ne pouvait pas rêver de faire mieux. Je dois bien admettre que je me suis moi-même surprise sur ce Tour, surtout hier (samedi) au Tourmalet”, lâchait après l’arrivée celle qui aura porté le maillot jaune durant pratiquement toute la semaine, avant de l’abandonner à sa leader Demi Vollering à la veille de l’arrivée finale.

Demi Vollering, justement, a donc pris sa revanche. Battue de justesse sur la dernière Vuelta, dominée par Annemiek van Vleuten lors du Tour 2022, la Néerlandaise - N°1 mondiale - aura clairement été la plus forte sur ce Tour de France. Impériale au Tourmalet, elle a encore une fois nettement dominé ses adversaires lors du contre-la-montre. Au classement général final, elle repousse finalement ses premières poursuivantes à plus de trois minutes. “Je n’arrive toujours pas à y croire ! J’ai travaillé si dur pour ça… C’est la consécration d’une superbe saison. Il va me falloir du temps pour réaliser ce qu’il vient de se passer”. Étant donné la supériorité de Demi Vollering et de sa formation sur ce Tour, la concurrence a du pain sur la planche pour espérer être en mesure de rivaliser lors de la prochaine édition.