Yannick Martinez : « J’ai vécu de grandes émotions »

Crédit photo Noémie Morizet - DirectVelo

Crédit photo Noémie Morizet - DirectVelo

Même s’il n’est pas celui qui fait le plus de bruit, Yannick Martinez enchaine les saisons avec une jolie collection de victoires. Mais certaines ont une saveur bien particulière. D’abord parce que celle du jour, sur la troisième étape du Tour Nivernais Morvan est une Elite, mais surtout parce que c’est à domicile pour lui, sur les terres de la Nièvre qu’il connait très bien. Alors même à 35 ans, le coureur du Team Atria-VS Gerzatois laisse sortir ses émotions quelques instants après avoir franchi la ligne (voir classement). L’occasion pour Yannick Martinez de se confier à DirectVelo sur cette journée achevée en apothéose, mais aussi plus globalement ses motivations à continuer dans le peloton amateur, sous les couleurs de sa nouvelle équipe de N3, et bien sûr évoquer la famille Martinez, Miguel et Lenny.

DirectVelo : À domicile, ce succès doit avoir une saveur bien à part !
Yannick Martinez : J’ai vécu de grandes émotions en franchissant la ligne. Il y a toute la famille qui était là, puis devant le public nivernais… C'était top. Ce n’est jamais évident de gagner une course, en Elite surtout, même si ce n'est pas ma première.

Comment s’est passée l’étape ?
Un groupe d'une quinzaine de coureurs a pris 6’ d'avance. Dedans il y avait Damien Poisson qui était classé. On le voyait aller au bout avec quinze mecs à l’avant. Plus personne dans le peloton ne voulait assumer le retour. C’était un peu compliqué. On n'y croyait plus vraiment, et Loudéac a mis des coups de vis. Aix a roulé dans les bosses et petit à petit il y a plusieurs équipes qui ont mis un gars ou deux, nous y compris. Et l'écart a fondu à 30 kilomètres de l'arrivée, on est rentré dans les bosses. On était 25-30 et il y a eu beaucoup d'attaques. Je n'ai pas trop bougé comme l'arrivée pouvait me convenir, je connaissais très bien le final car on l'a fait l'année dernière. Carisey a lancé et il a fait 800 mètres en tête, à fond quasiment, et il s'est un peu écarté. J'étais 6-7e aux 500 mètres. J'ai pu surprendre de l'arrière aux 150 mètres.

« DÈS QUE LE PROJET A ÉTÉ LANCÉ, C’ÉTAIT DANS MA TÊTE »

Et donc à 35 ans, des victoires te procurent toujours de fortes émotions !
Pour le public nivernais, tout le monde qui était content, l’organisation très heureuse, l’équipe Atria… C'est génial. J'avais gagné au Nivernais avant de passer pro, en 2011. J'avais d’ailleurs gagné la dernière qui était à Fourchambault, là où je suis né. Là je n'espérais pas gagner et ça l'a fait. J'ai déjà trois succès, mais je tournais autour en Elite, avec la 2e place au Loiret, où je suis battu d'une roue. Là je gagne avec un peu d'avance, j'ai pu lever un bras, mais une fois la ligne franchie l'émotion est venue. On est invité, on court en N3, et on va monter les échelons. On montre qu’on a notre place l'année prochaine si on monte en N2.

Qu’est-ce qui te motive encore à te lancer dans de nouveaux défis, en l’occurrence avec le Team Atria ?
Nouvelle équipe, nouveau projet, alors j'ai retrouvé une nouvelle motivation, et ils me font confiance. J’ai plus de courses proches de la maison, ça se passe bien. Les résultats arrivent petit à petit. Je voulais un calendrier un peu plus rhônalpin aussi, ça me convient mieux, les courses sont plus difficiles. Avec Châlette on allait souvent en Bretagne, je rentrais très tard, et maintenant j’ai deux enfants, c'est pas mal de fatigue en plus de la course, je ne voulais plus ça. Le nouveau projet est en plus avec Jean-Philippe Duracka qui m'a connu tout petit, on s'est tout de suite entendus, avec Nicolas Vogondy pareil, le courant est très bien passé.

Tu ne t’es donc jamais questionné sur la suite à donner pour 2023 ?
Ça s'est fait tout de suite, dès que le projet a été lancé à la mi-saison, c’était dans ma tête, j'étais déjà parti pour y aller. J'ai fini la saison sur une victoire avec Châlette. J'avais déjà donné mon accord. Ça a motivé aussi Miguel, il voulait courir avec moi, on ne l'a jamais fait ensemble dans la même équipe. On passe de bons moments, on va aux courses ensemble. Vivre ça entre frères, c'est génial. Tout ça fait que je me sens bien, et les résultats viennent.

« JE ME SUIS RECONNU QUAND LENNY A FRANCHI LA LIGNE »

Puisque tu parles de la famille, on ne peut pas ne pas évoquer Lenny, qui a décroché sa première victoire professionnelle cette semaine aussi, sur les pentes du Ventoux !
Lenny est chez sa maman dans le sud, il s'entraine là-bas, je l'ai vu justement il y a un mois pour un reportage avec la télévision sur la famille Martinez, avec mon père et mon frère. On a juste mangé un bout de pizza une soirée puis il est reparti (sourire). On discute souvent, on est très proches. Gagner le Ventoux, c'est clair que dans la famille tout le monde est content. On l'a appelé le soir même pour le féliciter. Je me suis d’ailleurs reconnu quand il a franchi la ligne. Quand il s'est arrêté, son mouvement avec les deux bras en faisant yes… j’avais fait pareil à Dunkerque à l'époque (il avait remporté la dernière étape des 4 Jours de Dunkerque 2013, NDLR). Je me suis dit « putain, il fait la même chose que moi » (rires). C'est super.

Quelles sont tes ambitions personnelles à venir ?
À chaque course, avec Nicolas Vogondy on dit au jour le jour, et c'est ce qui marche le mieux. On est en N3, si ça ne le fait pas, ce n'est pas grave. Et si ça marche, tant mieux. Je n’ai pas d'objectifs particuliers. Pour le Team Atria, ce serait de rester dans les 2-3 premiers du classement DirectVelo en N3, pour avoir les cartes pour l'an prochain et monter. Je serai potentiellement de la partie, il y a des grandes chances. Il y a quelques échos, quelques bons coureurs qui vont venir. Cette année ils ne savaient pas forcément avec le calendrier, la N3 etc. Quand on est amateur, on veut toujours passer pro, faire un beau calendrier. Mais on est souvent invités, on a des résultats, ils le voient aussi. Et il y a le staff avec Jean-Philippe et Nicolas, la structure se monte bien.

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