Antony Chamerat-Dumont : « Ça montre de quoi je suis capable »

Crédit photo Alexis Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Alexis Dancerelle - DirectVelo

Antony Chamerat-Dumont n’a pas encore levé les bras, mais ses résultats sont loin d’être en-dessous de ses espérances. Ce lundi, le coureur du VC Villefranche Beaujolais est monté sur le podium de Paris-Troyes, derrière le duo de Philippe Wagner Cycling (voir classement). Il a remporté le sprint du groupe de contre, après une journée dont le scénario avait tout d’une course Elite Nationale débridée. Après ce nouveau bon résultat en Classe 2, Antony Chamerat-Dumont est revenu avec DirectVelo sur cette belle journée dans l’Aube, lui qui sortait de l’Alpes Isère Tour et qui n’était même pas vraiment prévu au départ de Colombey-les-Deux-Églises.

DirectVelo : Tu t’offres un podium sur une Classe 2 !
Antony Chamerat-Dumont : C'est super, cette année les Classe 2 étaient des objectifs. C'est mon troisième Top 10 à ce niveau. Marcher sur ce genre de course montre de quoi je suis capable. Les autres objectifs étaient les manches de Coupe de France mais je n'ai pas réussi à me montrer. C'est super, je n'ai pas vraiment de mots. Si ce matin on m'avait dit que j'allais faire 3e j'aurais signé direct.

N’as-tu aucun regret quant au scénario de la course, et du binôme de Philippe Wagner Cycling qui a piégé le reste du groupe ?
Il n’y a aucune déception ! J'avais de très bonnes jambes aujourd'hui, je l'ai dit rapidement à mes coéquipiers. Ça a beaucoup attaqué dans le final. Quand les deux sont partis, c'était l'attaque de trop pour moi. J'ai fait un gros effort juste avant pour sauter du contre à l'échappée. On a refait des accélérations tout de suite car ça vissait. C'était l'effort de trop pour les suivre.

À quel moment as-tu compris que tu allais jouer la 3e place ?
Dès qu'ils sont partis... J'avais fait tellement d'efforts que je n'avais plus la force de refaire un jump et rentrer. J'en ai fait plusieurs dans la journée, et je voyais que dans ceux avec qui j'étais, il n'y en avait pas un assez fort. Dans le dernier pétard à dix kilomètres de l'arrivée, on n'était vraiment pas loin d'eux. Il manquait quelques mètres. Si j'avais eu la force ça aurait pu être possible de rentrer. Mais peut-être que ça se serait regardé et le peloton serait rentré. On peut refaire cent fois l'histoire. Je n'aurais peut-être pas fait 3.

« LES PROS NE DEVAIENT PAS TROP SUPPORTER ÇA »

T’attendais-tu à ce scénario aussi débridé ?
Notre DS nous avait dit qu'il y avait pas mal d'équipes N1 aujourd'hui. Il n'y avait pas de grosses Conti vraiment capables de maîtriser une échappée. Donc il nous avait dit que ça allait courir comme une Élite avec des attaques dans tous les sens. Que ça ne ferait pas le scénario d'une Classe 2 à contrôler, et c'est ce qu'il s'est passé. J'ai raté le bon coup mais j'ai pu prendre un contre. Ce n'est pas rentré alors il a fallu faire l'effort seul. Finalement, on était six dans le contre. On assurait un Top 10. Pour moi c'était déjà un objectif. Donc j'ai fait encore mieux, la journée est réussie.

Quelle place occupe ce résultat par rapport à d’autres Classe 2, compte tenu d’un plateau peut-être moins important que les années précédentes ?
Pour moi c'est une Classe 2. Elle porte bien son nom. Normalement c'est mieux qu'une Élite (sourire). C'était plus proche d'une course amateur, mais c'était plus long donc il fallait être costaud. Je dirais même que les pros ne devaient pas trop supporter ça. Finalement ils ont l'habitude de courses tempo puis de visser à la fin. Avec des attaques dans tous les sens, est-ce que eux étaient prêts à courir comme ça ? Nous on le fait tous les week-ends en amateur, on a l'habitude. Mais il fallait tenir sur la longueur. Et finalement, il y a trois amateurs sur le podium (sourire) !

Comment s’est passé ce sprint particulier ?
Un mec a fait le kilomètre. Il a fait un trou, il a continué son effort sans se retourner et regarder si on suivait ou pas. Un gars est allé le chercher, j'étais dans sa roue. On est rentré sur lui à 500 mètres. J'ai regardé les panneaux, car l'arrivée est en courbe à droite donc on ne la voit pas du tout. Le deuxième qui est rentré sur lui avec moi a lancé son sprint directement. Et il m'a emmené jusqu'aux 200 mètres, j'ai fait mon sprint et personne n'a pu remonter.

« J’ÉTAIS CRAMÉ LE SAMEDI, JE N’EN POUVAIS PLUS »

Tu sors tout juste de l’Alpes Isère Tour…
J'ai fait hors délais le samedi. Samedi soir, une fois hors course, mon DS m'a appelé et m'a demandé si j'étais motivé pour faire Paris-Troyes. Ce n'était pas prévu à la base. Un mec était malade, il m'a demandé si je voulais venir. J'étais cramé le samedi, je n'en pouvais plus. Je lui ai demandé s'il était sûr qu'une journée de repos suffirait, il m'a dit oui. Et finalement j'avais des super jambes, donc il a bien fait d'insister !

Comment s’est passée ta semaine là-bas ?
Les trois premières étapes, je pouvais faire quelque chose. Le premier jour, je me suis complètement loupé. J'ai attaqué avant un GPM, on s'est fait reprendre juste avant le GPM et j'ai complètement explosé dans la montée. Donc j'ai fait gruppetto. Le deuxième jour, ça s'est pas mal goupillé. C'était sinueux, j'étais dans les 15 premiers. Il y avait un dernier virage aux 200 mètres, j'ai fait un effort pour me replacer. Malheureusement je l'ai pris à droite et tout le petit groupe devant s'est décalé à droite, j'ai planté les freins donc j'ai complètement raté mon sprint. Puis le troisième jour Théo Thomas fait 2 en arrivant à deux. Moi je fais 5e du peloton, donc on est deux dans le Top 10, c'était la meilleure journée.

Tes qualités de sprinteur t’aident à enchainer les bons résultats…
J'avais fait un Top 10 aussi au Circuit des Ardennes, sur la dernière étape. C'était un sprint technique aussi. Il y avait des pavés. Je sais bien frotter, j'arrive bien à débrancher, je vire très bien grâce au cross et au VTT que je pratiquais quand j'étais jeune. Je sais bien me placer, m'économiser dans les virages, remonter dans les descentes... Ça fait partie de mes points forts.

Quelle est la suite pour toi ?
Le week-end prochain, il y a le Championnat AURA pour défendre mon titre. Puis il y a le Beaujolais mais je ne sais pas si je serai dans l'équipe. Puis après soit le Nivernais-Morvan soit Montbéliard, je ne sais pas laquelle. Il y aura ensuite le Championnat de France avant une coupure !

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