Ils s’en souviendront pendant très longtemps. Gwen Leclainche et Clément Braz Afonso sont arrivés ensemble ce lundi lors de la 64e édition de Paris-Troyes (1.2) pour offrir un retentissant doublé à la formation Philippe Wagner Cycling (voir classement). “C’est la plus belle journée de notre carrière. Ce sera difficile de faire mieux ces prochaines semaines. Dans le sport, tu es plus souvent déçu que satisfait mais aujourd’hui, on peut être fier”, apprécie auprès de DirectVelo le Savoyard qui a coupé la ligne en premier. “C’est peut-être quelque chose qu’on va vivre une seule fois dans notre vie. On est une N1, on fait un final en duo... C’est énorme”, ajoute le Lotois.

« JE FAISAIS LE CHIEN DE GARDE »

Les deux coureurs n’ont pourtant pas vraiment connu la même course jusqu’à leur attaque décisive à 17 kilomètres du stade de l’Aube. Clément Braz Afonso a toujours eu un coup d’avance lors d’une course totalement débridée. “Je pense avoir franchi un palier. Je n’ai plus peur de me lancer de loin. Je ne me suis jamais fait piéger aujourd’hui (lundi)”, dit celui qui s’était imposé lors de la première étape du Tour de la Manche après avoir passé toute la journée à l’avant. De son côté, Gwen Leclainche a été plusieurs fois à contre-temps. “J’ai pu rentrer avec trois mecs sur l’échappée après 20 bornes de chasse. Ça a fait la guerre ensuite. Clément est ressorti dans un groupe qui a été rejoint par d’autres coureurs. Derrière, je faisais le chien de garde. Je sautais sur tout ce qui bougeait”. Avant de revenir seul sur la tête. Il reste alors 22 kilomètres et neuf concurrents composent le bon coup.

Dans une bosse, Lucas Beneteau tente de piéger ses adversaires. Mais le Dijonnais est suivi par Clément Braz Afonso. “J’ai bougé à mon tour avant de contrer au sommet. J’ai tout mis. Clément a fait le choix de me suivre, et on part à deux”, rapporte Gwen Leclainche. Les deux coureurs de Philippe Wagner Cycling ne calculeront rien jusqu’à la ligne. “Une fois que tu as creusé, les forces sont décuplées. On a tout fait au feeling, quand ça marche c’est incroyable. Dans le final, je n’arrivais pas à y croire. Je me demandais comment c’était possible que tout se soit aussi bien goupillé”, dit le futur vainqueur.

« IL N’A PAS VOLÉ SA VICTOIRE »

Ancien étudiant à Troyes, Clément Braz Afonso a bien guidé son coéquipier. “Je l’ai aussi beaucoup encouragé, je sais que ce n’est pas évident avec mon gabarit d’être dans ma roue. Il prenait pas mal de vent”. Restait à se départager, ce qui n’est jamais chose aisée. Il n’y a pas eu de - vrai ou faux - sprint entre les deux hommes. Ils ont franchi la ligne main dans la main. “À deux kilomètres, je lui ai dit que je lui laisserai la victoire. On réalise dans le vélo de beaux résultats en courant en équipe. Il n’a pas volé sa victoire. Il a roulé pour moi au Tour de la Mirabelle, il a mis l’attaque décisive aujourd’hui. C’est le plaisir d’offrir. On dit toujours qu’on ne retient que le premier mais là on se souviendra des deux premiers”, sourit Clément Braz Afonso. “On gagne à deux. Si on avait pu faire ex-aequo, on l’aurait fait”, promet Gwen Leclainche.

À Troyes, l’ancien 3e de Liège-Bastogne-Liège Espoirs remporte sa première course UCI. “Mon entraîneur Jérémy Français doit être content, ça fait un moment que je lui en parle… J’avais fait plusieurs accessits, je tournais autour, je rentrais déçu des dernières Classe 2”. Le coureur de 23 ans a atteint ce lundi le troisième de ses quatre objectifs de la saison après une victoire sur une manche de la Coupe de France N1, à Puyricard, et “sur l’une des plus belles Élites de l’année” avec Annemasse-Bellegarde. Son prochain souhait est de devenir Champion de France. “Ce sera le jour le plus important de la saison”. Sur ce Paris-Troyes, l’équipe Philippe Wagner Cycling a prouvé qu’elle était armée pour repartir de Cassel avec le premier maillot tricolore de sa jeune histoire.