David Lappartient : « Il n'y a pas deux cas identiques »

Crédit photo Amelco Gohin

Crédit photo Amelco Gohin

Km 39 de la Classique Morbihan, le Président de jury décide la neutralisation de la course, une neutralisation à allure réduite sans descendre de vélo. La raison ? Une portion de route beurrée de boue, sans doute par des engins agricoles alors que la Bretagne est en pleine période de semis de maïs, d'ensilage d'herbe et d'épandages. Le danger a été signalé par les véhicules de l'avant-course. L'épisode rappelle la chute collective de la sixième étape du Tour de Bretagne et le Président de jury y a sans doute pensé. À la différence de celui du Tour de Bretagne, il a donc décidé d'une neutralisation avant le passage jugé dangereux et l'annonce en est faite sur les ondes de Radio-Tour quatre kilomètres avant le passage en question. L'autre différence réside dans le fait que lors de cette course 1.1, les concurrentes ont pu être prévenues de la neutralisation à venir par leurs directeurs sportifs via les oreillettes, ce qui était impossible dans la course 2.2. Présent à l'arrivée à Josselin ce vendredi, David Lappartient, Président de l'UCI, a répondu aux questions de DirectVelo au sujet de ces neutralisations.

DirectVelo : Quelle est la position de l’UCI par rapport à la multiplication des neutralisations après une chute, voire des annulations par manque d’ambulances ?
David Lappartient : On n’a pas forcément une multiplication, on a eu quelques cas récents comme au Tour de Bretagne (lire ici). Ce qui est clair, c'est que les règles basiques imposent de neutraliser, pas forcément d’arrêter, la course quand il n’y a plus de véhicules de sécurité. On ne peut pas faire une course sans ambulance. Les commissaires, en lien avec les organisateurs, prennent les décisions adaptées selon les circonstances du moment. Il n’y a pas deux cas identiques. Il n’y a surtout pas la volonté de neutraliser les courses. Si comme au Tour de Bretagne les conditions ne sont pas remplies, ça peut emmener les commissaires, en lien avec l'organisateur, à neutraliser.

Est-ce que la décision de ce vendredi à la Classique Morbihan aurait dû être celle prise au Tour de Bretagne ?
Comparaison n’est pas raison. Au Tour de Bretagne, un tracteur est sorti avant la course. Quand l’échappée est passée, il n’y a pas eu de problèmes. Mais effectivement, les véhicules passés derrière ont étalé la boue. Les circonstances entre l’échappée et le peloton n’étaient déjà plus les mêmes, ce qui peut expliquer l’absence de neutralisation. C’est vraiment une appréciation, qui est toujours critiquable après coup, mais qui est la circonstance du moment. S’il y a neutralisation, nous on encourage les courses à repartir avec les écarts qui étaient ceux au moment de l’arrêt. Il peut y avoir des circonstances exceptionnelles comme ce fut le cas au Tour de Bretagne où la course ne peut pas repartir.

Le guide éthique des commissaires internationaux les empêche de s’exprimer pour expliquer leur décision. Est-ce que ce n’est pas envoyer au charbon un organisateur qui doit répondre seul aux questions ?
Est-ce que vous voyez un arbitre de football venir à la fin d’un match expliquer en interview toutes les décisions qu’il a pu prendre ? Non. Les décisions d’arbitrage sont souveraines. Elles ne font pas l'objet de commentaires particuliers. L’organisateur est davantage libre de s'exprimer alors que c’est plus normé pour un commissaire. Ça évite aussi que systématiquement leurs interventions soient décortiquées, analysées, déformées, interprétées… C’est la règle qui s’applique depuis toujours à l’UCI. Un gendarme quand il vous arrête, on ne va pas lui demander ensuite si sa décision était la bonne ou pas. On suppose que c’était la bonne…

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