Ce vendredi, Wout van Aert a remporté l'E3 Saxo Classic pour la deuxième année consécutive. Attendue, l'échappée royale comprenant Mathieu Van der Poel, Wout van Aert et Tadej Pogacar, s'est détachée des derniers éléments gênants sur les pentes du Paterberg. Beaucoup plus prompt au sprint que sur le sommet du Vieux Quaremont où il a dû laisser deux mètres à ses rivaux, le coureur de Jumbo-Visma a ouvert avec style son compteur de victoires pour la saison 2023 (voir classement). En conférence de presse, il est revenu avec DirectVelo sur ce final haletant.  

DirectVelo : Tu conserves ton titre. Comment compares-tu ces deux victoires ?
Wout van Aert : L'an dernier, c'était différent. Nous avions été dominateurs. C'était spécial d'arriver à deux. Aujourd'hui, mes jambes ont fait en sorte que j'ai roulé de manière plus défensive. Gagner en n'étant pas le plus fort est incroyable. Parfois, il faut aussi courir avec sa tête et c'est ce que j'ai fait. On n'a pas pu appliquer le plan de l’équipe prévu initialement. Plusieurs équipiers ont joué de malchance. Heureusement que j’ai pu compter sur Nathan Van Hooydonck. Nous avions cinq gars désignés pour le final. Il en faisait partie. C’était super de pouvoir l’avoir à mes côtés. Il m’a protégé à certains endroits dans le final. Je voulais l’emmener le plus longtemps possible. Je me disais que ce serait bien de l’avoir pour me soutenir, mais Pogacar en a décidé autrement dans le Paterberg. Ça démontre que je suis capable de gagner quand on n'est pas en supériorité numérique.

Avais-tu confiance en ton sprint ?
Je pense que j'étais le plus fort dans ce dernier effort. J’ai senti que je ne serais plus dépassé aux 250 mètres. J’ai maintenant appris que les sprints courts ne sont pas mon point fort. À l’arrivée, la décharge est énorme. Les émotions sortent spontanément. Faire la course avec ces deux coureurs-là avec un public si nombreux sur le parcours…

Mathieu Van der Poel et Tadej Pogacar ont attaqué plusieurs fois tandis que tu es resté assez défensif. Est-ce que c'était ton plan ?
L'accélération hyper rapide qu'ont Mathieu et Tadej est difficile à gérer pour moi. Dans le Vieux Quaremont, j'ai surtout fait ce que j'ai pu. J’étais vraiment dans le dur. L'attaque de Tadej Pogacar m'a surpris. Il a démarré sur la section la plus raide et dès le début des pavés, c'était du costaud. C'était le moment le plus dur de la journée. J'ai dû lutter de toutes mes forces pour rester au contact. Je m'en tire bien. Quand la moto est tombée devant nous, on a eu un peu peur. J'étais à bloc et en regardant devant moi, je vois une moto couchée. Cependant, je sentais que nous arriverions au sommet et que je n'allais plus être lâché.

«  3000 EUROS, ÇA PEUT TOUJOURS SERVIR »

À un moment donné, un mécanicien est venu te voir. Est-ce la raison pour laquelle tu semblais à la limite sur les attaques de Mathieu Van der Poel ?
Quand la course démarre à 100 kilomètres de l'arrivée, tu sais que tu n'as pas beaucoup de chances de revoir ta voiture. Je crois que quelqu'un a touché mon dérailleur. J'ai demandé à la voiture de venir vérifier. Ce n'est pas ce qui explique le fait que j'étais à la limite plusieurs fois, c'était surtout en vue du sprint pour anticiper un éventuel saut de chaîne. Je n'aurais pas voulu perdre la course sur un problème mécanique. Quand tu as deux immenses coureurs comme Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel, il faut que tout soit parfait pour gagner. Le stress était à son comble. Du coup, ça aurait été encore plus frustrant de perdre comme ça.

La seule mini-accélération de ta part a été au sommet du Tiegemberg. Était-ce pour empocher les 3000 euros de prime ?
Je savais qu'il y avait un prix au sommet. Je me suis dit pourquoi ne pas le prendre. 3000 euros, ça peut toujours servir.

Tu roules Gand-Wevelgem dimanche. Est-ce le bon choix avant le Tour des Flandres ?
C'est surtout que j'adore cette course. Elle est différente des autres avec la possibilité de bordures. C'est une bonne préparation pour le Tour des Flandres. Je n'ai pas encore beaucoup roulé cette saison. Cette épreuve va également améliorer ma condition.