Stéphane Heulot : « Un début presque au-delà de nos espérances »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Le week-end d'ouverture de la saison belge a bien débuté pour Lotto-Dstny. Arnaud De Lie a décroché une belle deuxième place à l'Omloop Het Nieuwsblad, pour sa première participation. L'occasion pour DirectVelo de faire le point avec le nouveau manager général de la ProTeam, Stéphane Heulot qui a succédé à John Lelangue.

DirectVelo : Comment évalues-tu ces premières semaines en tant que manager général ?
Stéphane Heulot : J'ai pris le temps nécessaire pour observer et écouter, pour comprendre ce qu'on peut améliorer. J'ai également montré mon caractère en effectuant certains rappels en interne pour que le cadre soit bien compris, notamment en ce qui concerne la performance. Nous avons mis une structure en place (Jeroen Dingenans, Loïc Segaert, Sander Cordell et Britt Lambrecht ont renforcé le staff durant l'intersaison, NDLR). Nous avons fait des efforts financiers et humains. C'est dans leur intérêt de rentrer dans ce schéma. Il n'y a pas d'exception concernant cette ligne de conduite (en stage hivernal, à Denia, le manager a dû intervenir, car plusieurs coureurs avaient outrepassé les instructions des entraîneurs. Le soir, il a réuni tout le monde pour remettre les points sur les i, NDLR). Le leader de l'équipe, c'est l'équipe. Ce que j'aime, c'est donner les responsabilités aux bonnes personnes et moi, je suis le maillon qui orchestre l'ensemble avec la meilleure mélodie possible. C'est un travail passionnant, chaque jour est différent. Je dis toujours, si je n'ai qu'un problème par jour, c'est une petite journée. D'un point de vue sportif, notre début de saison est presque au-delà de nos espérances. Toutefois, il ne faut pas céder à l'euphorie. Il faut rester concentrés et humbles afin d'atteindre nos objectifs.

Justement, quels sont ces objectifs ?
La mission principale est d'intégrer de nouveau le WorldTour. C'est un facteur que personne dans l'équipe ne peut ignorer. À cet effet, la cellule sportive a établi un programme, en retirant le Tour d'Italie. Un choix que je supporte à 200%. Nous avons également intégré à la ProTeam dès maintenant Alec Segaert et Jarne Van De Paar. Je l'ai très vite suggéré à notre responsable sportif Kurt Van De Wouwer. Nous n'étions que 26 et je trouvais ça un peu léger pour réaliser un programme complet. En soi, ça ne change rien pour eux. Ils avaient déjà un contrat pro assuré chez nous (Alec Segaert devait passer pro officiellement à la mi-saison 2024, NDLR). C'est mieux de les intégrer directement afin qu'ils puissent profiter pleinement de la cellule performance de notre équipe alors que c'est moins le cas dans la Conti.

À quelle fréquence vas-tu utiliser le panachage entre la Conti et la ProTeam ?
Nous allons profiter de la formule pour être présent un peu partout, surtout dans cette logique de points UCI. Ce week-end en France, notre équipe est déjà un mélange (Jago Willems et Ramses Debruyne roulent avec la ProTeam, NDLR). Nous sommes allés au Tour des Alpes Maritimes et du Var avec notre Conti, en misant sur Lennert Van Eetvelt qui est tombé deux fois. Ce fut compliqué pour les autres coureurs, surpris par le niveau et la vitesse, mais nous allons réitérer l'expérience.

PAS D'IMPACT PRÉVU POUR LA LOI INTERDISANT LA PUBLICITÉ SUR LES PARIS SPORTIFS

Quelles sont tes autres priorités ?
Une question que je n'ai pas beaucoup appréciée depuis mon arrivée est : comment rendre l'équipe sexy ? Le sponsor principal Lotto est certes le plus ancien du peloton, donnant une image vieille école. Pourtant, notre mode de fonctionnement se veut le plus moderne possible. Nous voulons faire comprendre aux coureurs que ce n'est pas toujours le bon choix d'aller s'embrigader dans des grosses écuries et mettre ses ambitions personnelles de côté. Avoir un rôle de subalterne à 20 ans ne correspond pas à ma philosophie. Alec Segaert l'a bien compris et n'a pas cédé aux sirènes des autres équipes. Chez nous, il peut s'affirmer et avoir un vrai développement de carrière.

Tu abordes le sujet de la Loterie Nationale. Dès le 1er juillet 2023, une loi entre en vigueur en Belgique avec une interdiction de publicité sur tous les canaux de communication pour les paris sportifs. Dès le 1er janvier 2028, il sera interdit d'afficher le nom ou le logo d'une agence de paris sportifs sur les maillots. À quel point cette loi va impacter financièrement l'équipe ?
Mettons les choses au clair. La Loterie Nationale n'a rien à voir avec ces entreprises basées sur des fonds privés. La Loterie Nationale, c'est l'Etat. Elle ne fait pas de profit net. C'est une organisation qui sert le bien public, ce qui n'est pas le cas de ces autres entités de jeu. Nous n'avons pas besoin d'être rassurés. Pour nous, rien ne change (la Loterie Nationale, entreprise publique, était au début exclue de cette interdiction, mais désormais le texte prévoit de lui imposer des règles similaires, que le gouvernement ne détaille pas précisément, NDLR).

Contrairement à d'autres équipes, tu sembles donc confiant que ton équipe ne soit pas touchée. Comment envisages-tu le futur pour le budget de l'équipe ?
Nous n'avons pas un puits sans fond comme chez UAE-Team Emirates ou Ineos Grenadiers. Par conséquent, nous devons utiliser notre argent de manière intelligente. Nous n'avons jamais assez d'argent. Par exemple, avec plus de ressources, nous aimerions augmenter le niveau de notre équipe féminine. C'est une de mes missions. On se doit d'accompagner le développement du sport féminin.

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