Alexandre Vinokourov : « Un sentiment de honte »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Samedi, il a franchi la ligne d’arrivée dans le grupetto, au côté de son frère jumeau, la mine déconfite et l’air dépité, près de vingt minutes après le vainqueur. Très déçu de sa performance, Alexandre Vinokourov n’avait pas le cœur à s’arrêter pour livrer une réaction d’après-course et a préféré rapidement se réfugier à l’intérieur du bus de l’équipe Astana. Dimanche midi, dans des conditions il est vrai bien plus favorables - sous le beau soleil de Villefranche-sur-Mer, face à la mer et à tête reposée -, le jeune athlète (20 ans) a pris le temps de revenir sur une course galère, au Tour des Alpes-Maritimes et du Var. “C’est notre première course et on n’y est pas du tout. J’ai des sensations de merde, vraiment… Ça roule à bloc tout le temps. J’étais K.O dès la première heure de course hier (samedi). Pourtant, j’ai le sentiment d’avoir fait un bon hiver et une bonne préparation. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit aussi dur. On se fait défoncer”, relate, sans langue de bois, le Kazakh.

S’il savait que le niveau serait très élevé, Alexandre Vinokourov ne s’attendait tout de même pas à prendre si cher lors de l’épreuve remportée par le Normand Kévin Vauquelin (Team Arkéa-Samsic). “C’est dur mentalement, moralement… Plus encore que physiquement. En fait, tu arrives sur ta première course de l’année et tu te fais massacrer, tu ne prends aucun plaisir… C’est dur. C’est de la pure souffrance. C’était « selle dans le cul » tout le long, sans avoir le temps de respirer”.  

« LA DRÔME-ARDÈCHE, ON VA ÉVITER VU COMMENT ÇA S’EST PASSÉ ICI »

Touché par ses performances, il avait jusque-là pour référence, chez les pros, une expérience bien plus réjouissante l’été dernier, déjà en France. “On avait découvert ce niveau sur le Tour de l’Ain et ça allait beaucoup mieux. C’était en été, on sortait d’un stage en altitude donc forcément, ça allait mieux. Nico avait fait 20e de l’étape reine, moi j’avais fait un Top 20 sur la première étape”, rappelle celui qui a une nouvelle fois terminé devant la voiture balai ce dimanche, à Vence. “Le staff savait que ce serait compliqué, ils nous l’ont dit. Mais quand tu es coureur, tu n’as pas envie de te faire lâcher très vite dans la course. C’est un peu honteux…”.

Exigeant et dur envers lui-même, Alexandre Vinokourov ne mâche pas ses mots et se dit très touché de ce qu’il considère comme une grosse contre-performance. “Tu ne peux pas arriver là et te dire que ce n’est pas grave, que ça reste de la préparation. Pour nous, dans la réserve, c’est l’une des courses les plus relevées de l’année, c’est sûr, mais on attend quand même plus de nous que ça. Je connais mon niveau, j’ai conscience que je ne peux pas espérer gagner des courses comme celle-ci, mais de là à être dans les bagnoles comme ça sans arrêt… Ça me fait chier… En plus, c’est chez nous, à la maison. J'ai un sentiment de honte. Je n’ai pas pris de plaisir”, insiste celui qui réside à Monaco. Orgueilleux, comme l’était également son père sur le vélo, Alexandre ne compte pas en rester là. Mais lucide sur ses sensations actuelles, il a tout de même décidé d’adapter son programme des semaines à venir. “Il était prévu qu’on aille à la Drôme-Ardèche mais ça saute, on va éviter vu comment ça s’est passé ici…”. Il devrait donc reprendre la compétition mi-mars, à l’autre bout du monde, sur le Tour de Taiwan. “Ce sera sûrement quelque chose d’un peu plus « chill ». On va pouvoir prendre du niveau et de la caisse au fur et à mesure. Je sais que le fait de souffrir ici va me servir pour la suite, mais ça reste désagréable”.

  

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Alexandre VINOKOUROV