Mathys Rondel : « Le goût d’une victoire »

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Jusqu’au bout, Mathys Rondel a confirmé son statut de révélation de la Ronde de l’Isard. Ce dimanche, le grimpeur du VC Pays de Loudéac s’est retrouvé dans le groupe de tête de 38 coureurs, avant de prendre le large dans le Port de Lers en compagnie de Lenny Martinez. Ils n’ont jamais été revus et se sont joué la victoire à Saint-Girons après plus de 60 kilomètres à deux. Bien que battu par le futur coureur de la WorldTeam Groupama-FDJ (voir classement), le Sarthois de 19 ans est surtout satisfait d’avoir répondu présent toute la semaine pour la première course montagneuse de sa jeune carrière. Le 7e du classement final se confie à DirectVelo.

DirectVelo : Quel sentiment domine après être passé tout près de la victoire ?
Mathys Rondel : Je ne pouvais pas faire beaucoup mieux face à un gars qui passe en WorldTour. Pour moi, cette 2e place a le goût d’une victoire. Je suis très content, surtout que c’est après un numéro. Je me suis vraiment montré. Je vois que le travail paie, j’ai toujours cru en moi. C’est super, je suis fier de moi.

« IL A COMPRIS QU’IL N'ALLAIT PAS ME LÂCHER »

Avais-tu prévu de partir si loin ?
Oui. Ça s'est passé comme mon directeur sportif (Christophe Gouyon, NDLR) m’a dit qu’il fallait que ça se passe. Je devais prendre la première échappée s’il y avait du monde dedans, avec l’idée de prendre du temps et gagner des places au général. Le but était de faire le Port de Lers à mon rythme, et si j’y arrivais, peu de mecs allaient pouvoir suivre si on se basait sur les trois dernières étapes. 

Et seul Lenny Martinez est parti avec toi…
Il m’a attaqué une ou deux fois puis il a compris qu’il n’allait pas me lâcher. Nous nous sommes alors entendus. Il valait mieux être à deux dans la vallée. On a lissé les efforts dans les bosses et on a fait les descentes à un gros rythme. On a tout donné, dans la vallée, après le dernier col. On ne perdait pas beaucoup de temps. Lenny m’a dit plusieurs fois qu’ils allaient se regarder derrière. Avec un final comme celui-là, je pensais vraiment qu’on allait être repris par le groupe de contre. Mais nous n’avions rien à perdre, on avait envie de gagner. J’étais à bloc, je n’avais plus rien à l’arrivée. 

Réalises-tu ce que tu as fait cette semaine ?
C’est compliqué… Je n’avais jamais fait de grosse course de montagne. Je devais avoir à mon programme le Tour du Piémont Pyrénéen (qui a été annulé, NDLR) puis le Tour du Val d’Aoste que je n’ai pas pu faire. Je n’avais jamais pu montrer avant l’Isard ce que je valais en montagne. J’ai fait la semaine dernière un gros stage pour me préparer, j’avais reconnu tous les cols. Je savais où je devais faire les efforts.

« ÇA ME FAISAIT RÊVER »

Qu’est-ce que cette Ronde de l’Isard va changer pour toi ?
J’espérais faire partie des meilleurs grimpeurs. Sur Instagram, je suis la Conti Groupama-FDJ et d’autres grosses équipes. Quand je voyais ce que faisait Lenny Martinez, ça me faisait rêver. Dans la montée de Gavarnie, jeudi, j’ai vu que je pouvais le suivre même s’il m’a vraiment fait mal à la gueule dans les 400 derniers mètres. Je suis arrivé tous les jours avec les meilleurs, j’ai réussi à en battre sur des étapes. Je suis tellement content d’avoir réussi ce que j’ai fait… Le travail a payé. J’ai eu des hauts et des bas dans ma saison mais je n’ai rien lâché. Je connaissais mes objectifs. Je vois que je peux être très bon quand je me prépare pour un rendez-vous. 

Tu as fait le bon choix en te tournant à 100% vers le vélo en 2020…
J’ai débuté par le roller. J’ai été en équipe de France, j’ai fini 4e, 5e sur des Championnats de France. Ensuite, j’ai fait du patinage de vitesse. J’avais là un niveau international, avec des temps de qualification en Coupe du Monde ou au Championnat du Monde. J’ai tout plaqué pour faire du vélo parce que c’est ce que j’aimais. Je pratiquais déjà pour préparer le roller et le patinage de vitesse. J’y ai pris goût… Tu vois des paysages alors que sur la glace, tu es en intérieur dans une patinoire. Idem pour le roller sur un anneau. Je m’emmerdais… Là, c’est génial. J’ai vu des paysages magnifiques lors du stage la semaine passée. 

Tu as su très vite que tu étais grimpeur ?
Par rapport à mon gabarit, oui. Avec l’équipe, on a fait des tests lors du stage de présaison en Espagne. On a vu que mon rapport poids/puissance n’était pas mauvais. On savait alors dans quelle catégorie je me trouvais. J’ai fait des stages pour préparer les courses, j’ai vu que ça me plaisait. J’arrive à tenir les longs efforts. Je suis vraiment content de ma semaine. Je suis venu au vélo avec l’idée de passer pro. Dans tous les sports que je fais, je veux être le meilleur. 

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