Christophe Masson : « On sauve l’équipe ! »

Crédit photo Roubaix-Lille Métropole

Crédit photo Roubaix-Lille Métropole

Le monde du sport de haut-niveau n’est pas un long fleuve tranquille, et les dirigeants de la formation Roubaix-Lille Métropole en savent quelque chose. Cet automne, la structure nordiste s’est retrouvée en grande difficulté, pas certaine de pouvoir repartir avec une équipe professionnelle l’année prochaine. Dans un premier temps, l’entreprise Baie par Baie devait rejoindre la Continental, avant de se retirer quelques semaines plus tard (lire ici). Les Roubaisiens sont finalement parvenus à relever la tête en trouvant un nouveau partenariat avec Natura4Ever, une société qui collaborait déjà avec plusieurs formations lors de l’exercice 2018. Ces derniers jours, Daniel Verbrackel, Frédéric Delcambre et l’ensemble des dirigeants de l’équipe ont ainsi pu, en collaboration avec Geoffrey Coupé et la société Natura4Ever, bâtir le socle de la nouvelle équipe 2019.
Ce vendredi, DirectVelo révélait l’identité des six coureurs de l’effectif 2018 qui allaient poursuivre l’aventure l’année prochaine (lire ici), puis le nom des premières recrues, Christophe Masson et Thibault Ferasse.   
Suite à ces différentes annonces et aux réactions dont il a été témoin, Christophe Masson a souhaité faire le point avec DirectVelo quant à la situation du club nordiste, où il évoluait déjà chez les jeunes.

DirectVelo : Tu tenais à t’exprimer suite à l’annonce de ton arrivée dans l’équipe Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole…
Christophe Masson : Oui car je lis pas mal de choses qui ne me font pas forcément très plaisir. Je tiens d’abord à rappeler que je suis avant tout un coureur cycliste professionnel et ce depuis plusieurs années, mais que j’ai également une activité en parallèle puisque je développe la société Natura4Ever depuis 2014. Plus récemment, je me suis mis à collaborer avec Geoffrey Coupé et nous nous occupons du “marketing sportif, communication et sponsoring”. Comme dans toute société, nous disposons d’un budget financier sur l’année que nous avons choisi d’investir avec des athlètes de haut-niveau et dans différentes disciplines.

Pourquoi avoir fait le choix de se lier à l’équipe Roubaix-Lille Métropole pour 2019 ?
Dernièrement, nous avons appris le retrait d'un partenaire essentiel à la survie de l’équipe. C’est une formation dans laquelle j'ai déjà évolué par le passé et qui est un pilier du cyclisme des Hauts-de-France. Nous avons pris la décision de prendre contact avec Monsieur Daniel Verbrackel, le manager général, pour discuter d’un éventuel projet en commun. Les dirigeants de cette équipe font un travail exceptionnel depuis maintenant des années et nous sommes ravis de pouvoir participer à la survie de l’équipe. Cela évite de mettre au chômage des salariés et de mettre en péril toute la structure en-dessous, avec l’école de cyclisme.

Au-delà du partenariat en tant que tel, que pouvez-vous apporter, avec l’ensemble de la société Natura4Ever, à la structure Roubaix-Lille Métropole ?
Les gens du club sont très compétents, mais c’est vrai qu’il y a sans doute deux ou trois améliorations à faire et si on y parvient, ça pourrait se ressentir dès l’année 2020, où l’on pourrait à nouveau se retrouver avec une équipe de 12 ou 13 coureurs. Il y a un travail de fond à faire. Je sais qu’il n’y aura pas de problèmes. Geoffrey (Coupé) et moi-même voulons faire évoluer l’équipe, et ça passe par un travail de sponsoring. Il faut du neuf, et on est là pour l’apporter. On a tous conscience des qualités des uns et des autres au sein de la structure et je suis sûr que cette association va très bien marcher.

« IL ME PARAISSAIT ÉVIDENT QUE JE ROULE POUR CETTE ÉQUIPE »

Tu feras toi-même partie des dix coureurs de l’équipe la saison prochaine…
Contrairement à ce que peuvent dire certains, je ne suis pas coureur dans l’équipe parce que mon père sponsorise l’équipe. Il faut prendre la situation avec un angle différent. On sauve l’équipe ! Et c’est donnant-donnant. Je m’implique personnellement dans ce projet, avec la société pour laquelle je travaille. Je sponsorise cette équipe, avec mon père, et je suis toujours cycliste professionnel en parallèle, alors il me paraissait évident que je roule pour cette équipe. J’ai eu d’autres propositions à l’étranger, mais il me semble logique que je fasse partie de ma propre équipe.

Outre ton cas personnel, comment avez-vous construit l’équipe 2019 avec les dirigeants de Roubaix-Lille Métropole ?
Ce n’est pas simple de faire une sélection d’équipe quand il ne peut y avoir au total que neuf ou dix coureurs. On a discuté tous ensemble. Quand tu as un effectif réduit comme cela sera notre cas, il faut des coureurs complets, capables de faire une saison… complète. C’est la base. Il faut des “passe-partout” qui puissent marcher sur un peu tous les types de terrains, et qui soient capables de passer régulièrement à l’offensive, de tenter des choses. Il fallait des garçons pour tenir de janvier à octobre. Au milieu de ça, nous voulions également un ou deux sprinteurs. Hélas, on ne pouvait pas faire plaisir à tout le monde. Si on l’avait pu, on aurait fait resigner tout le monde, mais ce n’est pas le cas.

L’affectif a-t-il joué dans les coureurs que Geoffrey Coupé et toi-même avez proposé à Daniel Verbrackel ?
Pas du tout. Dans un effectif de dix coureurs, tu ne peux pas t’amuser à placer des copains ou des coureurs avec qui tu t’entends bien… On ne peut pas faire de sentiment. On a recruté des coureurs en fonction de notre calendrier. L'idée, c'était d'avoir des athlètes aussi bons dans les bosses que dans des sprints en petits groupes ou même dans des courses à bordures.

« IL Y AURA QUELQUES PETITES ÉVOLUTIONS »

On a l’impression que ces dernières années, les formations de niveau Continental laissent moins de place et de temps aux jeunes pour s’aguerrir : pourquoi ?
A la base, la Continental est faite pour être une passerelle. Mais on se rend vite compte qu’en réalité, il y a peu de coureurs de Continental qui finissent par passer au-dessus par la suite. Le problème vient de tous les échelons. Les WorldTour et les Conti Pro ne recrutent que très peu en Conti, ou alors dans leur propre Conti, équipe réserve. Et c’est pour cela que l’on voit maintenant des coureurs faire dix ans dans des équipes en Continental.

Revenons à la saison 2019 de l’équipe Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole : il se dit que l’équipe va adapter son calendrier, et courir un peu plus en Belgique…
Ce n’est pas vrai ! Certains pensent ça car le siège du club est à Roubaix mais ce que les gens oublient, c’est que les coureurs ne vivent pas ici. Si tu as six coureurs qui habitent à Fréjus, il vaut mieux courir dans le Var que dans le Nord…

Il n’y aura donc aucun réel changement ?
Si, il y aura quelques petites évolutions. L’idée principale, c’est que nous allons essayer de nous centraliser sur les courses importantes, et ne pas courir juste pour dire de courir. Avec un effectif réduit comme le nôtre, il va falloir cibler.  

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