Antoine Aebi : « Incroyable, presque inespéré »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Il n’osait pas l’imaginer avant le départ. Pour son deuxième Tour de Romandie avec la sélection nationale suisse, Antoine Aebi a fini ce mardi dans le Top 10 du prologue disputé sur 2200 mètres dans les rues de Payerne (voir classement). Après sa belle performance, l’habituel membre d'Élite Fondation a fait avec DirectVelo le point sur sa journée et sur sa carrière.

DirectVelo : Tu termines dans le Top 10 du prologue du Tour de Romandie !
Antoine Aebi : Je n’espérais rien avant ce prologue alors un Top 10, c’est incroyable, presque inespéré. Ce que j’ai fait, j’en suis fier. Mon Tour de Romandie est déjà réussi après ce prologue, la suite ne sera que du bonus. Mais ça ne veut pas dire que je vais me la couler douce ces prochains jours et attendre que ça se termine. J’aurai l’envie de bien faire comme aujourd’hui (mardi).

Est-ce que tu aurais même pu faire un peu mieux sur ce prologue ?
Je n’ai pas de regrets. J’ai pris la dose de risque qu’il fallait. On peut toujours faire un peu mieux, c’est perfectible, ce ne sont pas des efforts que je travaille ou que j’ai préparé spécifiquement. J’ai fini 4e du prologue du Sibiu Cycling Tour en 2019, c’était un peu similaire avec des virages, des pavés… Moi, j’adore ça, c’est fun, technique.. Pour le public, c’est cool. Je trouve que c’était une fête du vélo aujourd’hui à Payerne, et j’aime bien quand c’est comme ça. Le niveau physique est bon. On ne fait pas 10e d’un prologue sur une WorldTour sans avoir de bonnes jambes mais ça n’a rien à voir avec ce que l’on va vivre dans les prochains jours. C’est une super performance mais on ne va pas s’emballer non plus, on remet les compteurs à zéro dès la première étape.

« LA SAUCE WORLDTOUR »

Tu avais déjà pu participer au Tour de Romandie en 2023, qu’est-ce qui change par rapport à l’an dernier ?
Le temps, il fait moins beau (sourire). Mais sinon pas grand-chose, il y a toujours un peu d’appréhension avant que ça parte même si je sais à quelle sauce je vais être mangé cette semaine.

C’est-à-dire ?
À la sauce WorldTour, ça roule vite partout et tout le monde est très fort. C’est ça qui est difficile à gérer lorsque l’on a des moments où on est moins bien, et que tout le monde est encore là. Il faut l’accepter, je suis prêt, alors que l’an dernier je ne l’étais pas autant.

Tu en étais sorti dans quel état d’esprit l’an dernier ?
C’était assez difficile, je suis sorti malade et j’avais eu des mauvaises sensations toute la semaine. Je me demandais si un jour même à 100% je pourrais avoir le niveau pour évoluer dans des équipes de ce niveau-là donc c’était assez compliqué. J’espère changer d’état d’esprit à la fin de cette semaine.

« IMPOSSIBLE DE SE COMPARER »

Quel sera l'objectif ces prochains jours ?
C’est d’être beaucoup plus à l’aise que l’an dernier dans le peloton, prendre du plaisir parce que l’an dernier, sportivement, j’ai plus subi que pris du plaisir. Des objectifs de résultat, c’est difficile à donner, c’est impossible de se comparer aux autres coureurs.

Tu avais pris une échappée l’an dernier…
Oui, le dernier jour mais j’étais vraiment nul. En descendant les marches de l’hôtel le dimanche matin j’étais courbaturé, c’était plus à l’orgueil que j’avais pris cette échappée. Je me suis dit qu’il fallait que je tente quelque chose et j’ai eu la chance de faire l’effort au bon moment, mais je n’ai pas récupéré, je n’étais pas bien du tout.

Jusqu’à ce Tour de Romandie, comment juges-tu ta saison ?
Ça se passe plutôt bien, après c’est plus en dents de scie que l’année dernière parce que j’ai eu des problèmes d’intolérances alimentaires que je ne connaissais pas, donc j’ai été malade régulièrement. Il y a ce podium à Lillers, justement je ne pouvais pas manger toute la semaine avant donc ça m’a bien sauvé le week-end. La forme est bonne, je suis content de mes sensations, je n’ai pas encore concrétisé avec une victoire mais cette 3e place UCI est déjà une belle satisfaction, ça fait plaisir d’avoir ce niveau sur une course comme ça et la manière également.

« IL FAUT POUVOIR MANGER LA SEMAINE »

Et l’an dernier tu avais gagné juste après le Romandie, tu te dis que ça peut te servir pour le mois de mai ?
Oui tout à fait, surtout qu’on a un joli mois de mai. Je fais une course en Suisse le 5 ensuite je fais Bourg-Arbent, le Triptyque Ardennais en Belgique et le Tour de la Mirabelle, en Classe 2 donc on a un bel enchaînement de courses. Ce Tour de Romandie me servira pour la suite.

Et la suite un peu plus lointaine, comment l'imagines-tu ?
Je commence à travailler dans les assurances la semaine prochaine, ça sera à côté du vélo. Mais la priorité reste le cyclisme, en tout cas en 2024, et après il faut voir. Je prends beaucoup de plaisir en tant que cycliste et j’aimerais continuer longtemps mais c’est sûr qu’au bout d’un moment il faut pouvoir manger la semaine.

Et là, tu cours le Romandie avec des coureurs qui gagnent beaucoup d’argent et toi tu vas travailler la semaine prochaine, c’est spécial…
Dans ma tête, je ne me dis pas que je vais bosser et que ça va être différent. Je suis toujours dans cette optique 100% vélo, c’est vrai que ces coureurs-là peuvent avoir des projets de vie, de famille grâce au cyclisme et moi ma situation ne me le permet pas donc ça change un peu. Mais une fois sur le vélo, il n’y a rien qui change. 

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