Romain Grégoire : « J’ai pu courir plus libéré »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

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S’il n’avait pas encore connu la victoire en 2022 au 15 avril, ce mardi soir, Romain Grégoire en est désormais à trois succès. Quatre jours, trois courses, et trois victoires coup sur coup. La série avait commencé samedi dernier à Liège-Bastogne-Liège Espoirs (lire ici), au sprint dans un petit groupe. Elle s’est poursuivie ce lundi et mardi, en Italie, au Tour du Belvédère et au GP Palio del Recioto. À chaque fois en solitaire. "Je réalise quand même, mais je ne m'y attendais pas... J'espérais faire des bons résultats sur cet enchainement, mais pas gagner les trois. C’est une grande fierté, c’est super cool", se réjouit-il sur le chemin du retour. Cette période était un moment fort de sa saison. "Clairement, je l'avais annoncé depuis le début, Liège était le premier gros objectif, et les courses en Italie allaient en découler, avec la même forme, et sur des parcours qui me convenaient très bien aussi. C’était un moment où j'avais envie d'être présent, pour en claquer une… mais pas les trois !".

Cette première victoire en Belgique lui a servi de déclic. "Forcément, la première on l'attend toujours, quand elle vient ça débloque. J’ai pu courir plus libéré en Italie". Avec la satisfaction de participer à cette dynamique folle de la Conti Groupama-FDJ. "C'est clair que ça lance une dynamique, ça donne de la confiance, c'est mieux pour en gagner d'autres. Je retiens surtout de ces trois courses que l’équipe a été exceptionnelle, la dynamique est très positive dans toute l'équipe, ça nous pousse tous vers le haut". Et enchainer avec l’Italie lui a permis de tout de suite se remettre en mode course. "C’était un grand soulagement de gagner Liège, mais tout de suite j’ai été remis dans le bain en Italie. Avec le voyage et tout ça, l'équipe a été pro, on est directement rentré dans une nouvelle course, j’ai réussi à rester concentré".

« JE ME SENS MENTALEMENT FATIGUÉ »

À l’instar du pôle sprint qui a enchainé les bons points sur ce début de saison, les puncheurs-grimpeurs ont rééquilibré les comptes de l’équipe. "Sur ces trois courses-là, c'est surtout la force collective qu'on a trouvée qui est importante. À Liège, on est parti à trois de la même équipe (avant une erreur d'aiguillage, lire ici), et en Italie les gars ont été à 100% autour de moi. Ils ont fait un job incroyable". De l’autre côté des Alpes, les deux courses étaient assez similaires, comme la manière employée par l’Espoir 1. "Les deux finals lundi et mardi étaient assez comparables : à chaque fois le sommet de la dernière bosse était à dix kilomètres de l'arrivée. La bosse de lundi était plus courte et raide. Aujourd’hui, c’était sept kilomètres d’ascension. À chaque fois, j'ai réussi à poser une attaque pour m'extirper seul et aller gagner. Mais aujourd’hui, je crois que le Colombien (Edgar Andres Pinzon, NDLR) est tombé dans la descente. Je ne peux pas m'en réjouir dans cette situation, mais le facteur chance a fait que j'ai décroché cette troisième victoire".

Après une telle razzia chez les Espoirs, les attentes sont encore décuplées par rapport à ses années Juniors. "Je vois de loin tout ce qui se passe autour de moi. Je ne fais pas trop attention. Mais je sens que ça coûte de l'énergie. J’ai eu beaucoup de sollicitations tout ce week-end. Arrivé à mardi soir, je me sens mentalement fatigué. J’ai besoin de me reposer. Il vaut mieux ne pas faire trop attention à tout ça et rester dans ma bulle". Et même dans ces conditions, Romain Grégoire n’avait pas peur d’enchainer les courses en un court laps de temps. "Ça ne m'inquiétait pas forcément. Je savais que je récupérais bien, et que je suis plus fort de jour en jour. Mais c'est vrai que c’est nouveau d'enchainer autant les courses. J’en ai besoin pour passer des paliers"

« JE NE SAIS PAS SI J’ARRIVERAI À PASSER LES GRANDS COLS AVEC LES MEILLEURS »

Alors qu’il estimait ne pas avoir été surveillé personnellement à Liège, la donne risque désormais de changer. "Maintenant je vais être regardé, j'ai déjà couru comme ça dans mes années Juniors, ça ne me fait pas peur. On aura une équipe solide donc si les gens veulent m'enterrer, d'autres de l’équipe pourront gagner, ce n'est pas forcément négatif". Mais ses performances pourraient lui permettre d’obtenir un vrai statut de leader. "Ça aussi c'était important, c’est le rôle d'une équipe de développement, de nous apprendre le métier, et si je suis amené à être leader je dois l'apprendre chez les Espoirs". Place désormais à une coupure bien méritée. "On avait prévu une semaine off, et je me concentrerai sur le Baby Giro et la Flèche Ardennaise, puis l’Alpes Isère Tour".

Le prochain gros objectif sera donc du côté de l’Italie, pour succéder à Juan Ayuso. "L'objectif sera de préparer le Giro sur les courses de mai. Le Baby Giro sera encore une découverte, ce sera différent de courir sur une semaine". Après avoir montré ses qualités sur une journée, voire sur quelques jours en Junior, lorsqu’il avait remporté l’Ain Bugey Valromey Tour, l’ancien coureur d’AG2R Citroën U19 et de l’AC Bisontine a un point d’interrogation sur ce format qu’il ne connait pas encore. "Sur mes ambitions, je me pose la question. J'attends de voir, ce sera une découverte en tant que coureur. Je ne sais pas si j'arriverai à passer les grands cols avec les meilleurs. Une victoire d’étape serait une super chose… et si le général suit tant mieux !". Romain Grégoire n’a pas raté son premier gros objectif à Liège, alors sur le Giro Espoirs, prochaine ligne en gras sur son tableau de chasse, il pourrait bien avoir du monde dans sa roue.

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