Jason Tesson, l’année d’après

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

Malgré des hauts et des bas, le bilan de la saison 2021 de Jason Tesson - sa première chez les pros - est satisfaisant. Comment pourrait-il en être autrement ? Avec un succès d’étape sur les routes du Tour Poitou-Charentes (2.1) au cœur de l’été puis une victoire finale lors d’A travers les Hauts-de-France (2.2), le sprinteur a marqué les esprits. De fait, l’année 2022 doit logiquement et naturellement s’apparenter à celle de la confirmation pour un coureur qui a d’ores-et-déjà été approché par d’autres structures pour l’avenir, y compris à l’étranger. Fidèle à son état d’esprit et à ses principes (cliquez ici pour en savoir plus sur son cheminement), le résident de Saint-Sauveur-de-Landemont (Maine-et-Loire) a fait le choix de rester au sein de l’équipe St-Michel-Auber 93 une saison supplémentaire. Histoire de continuer d’apprendre, tranquillement, au sein d’un groupe restreint où il se sent à son aise et en confiance, avec l’appui précieux d’hommes d’expérience comme Romain Cardis ou Tony Hurel. DirectVelo a fait le point avec l’ancien Champion de France Amateurs à Port-Fréjus (Var), en marge du dernier stage de préparation de la formation francilienne.

DirectVelo : Comment abordes-tu cette deuxième année chez les pros ?
Jason Tesson : J’ai, et on a, tous envie de partir sur les mêmes bases que l’an passé, avec la volonté de construire un groupe solide sur les courses qui peuvent arriver au sprint. La saison va vite commencer, on est tous pressé de commencer.

« MONTRER QUE JE PEUX FAIRE PARTIE DES MEILLEURS SPRINTEURS »


Quels objectifs t'es-tu fixés pour 2022 ? 
J’ai deux gros objectifs : un objectif de performance et un objectif d’évolution. L’objectif de performance, c’est d’aller chercher au moins une victoire et le plus de résultats possible, c’est sûr. Je ne prendrai pas le départ des courses qui me correspondent, sur le papier, en me disant : “on verra”. J’irai pour jouer la gagne. Mon objectif d’évolution, c’est vraiment d’aller sur des courses plus difficiles pour m’améliorer en montagne et comprendre comment mieux passer les bosses. Les sprinteurs qui ne montent pas les bosses, c’est fini. C’est donc un point à améliorer.

Qu’est-ce que la victoire d’étape sur le “TPC”, à Ruffec, a changé pour toi ?
Obligatoirement, ça m’a donné de la confiance. Si on revient un peu en arrière, j’ai d’abord mis du temps à digérer la différence entre les Élites et les pros. Ce n’est pas du tout pareil. Les sprints vont beaucoup plus vite. D’ailleurs, j’ai changé de plateau en cours de saison car j’ai senti que le 53 était trop petit. Peut-être aussi parce que j’ai pris de la puissance. On a changé plein de petits détails au fur et à mesure, jusqu’à cette victoire, ma première chez les pros. Maintenant, j’aimerais bien montrer que je peux faire partie des meilleurs sprinteurs cette année. C’est l’objectif.

« IL FAUT APPRENDRE À ÊTRE PATIENT »

Tu sembles être déjà devenu le leader N°1 de l’équipe, celui autour duquel l’équipe devrait régulièrement s’articuler !
Oui, on en a beaucoup parlé. Mais ce ne sera pas tout pour moi non plus, on est une équipe et je veux aussi travailler pour les autres quand je considérerai que la victoire est impossible pour moi. Romain (Cardis) va vite aussi. On pourra s’adapter à chaque fois mais je suis prêt à avoir cette place de sprinteur et j’espère ne pas décevoir mes coéquipiers. Romain a l’expérience que je n’ai pas, et cette capacité à être apaisé. Il reste calme dans les sprints alors que ce n’est pas mon cas. Généralement, je m’excite un peu trop ou j’ai peur d’être mal placé, d’être trop loin… Grâce à eux, car je mets aussi dans la boucle “Maldo” (Anthony Maldonado) ou Tony (Hurel), je suis plus calme. Ils me canalisent. J’évite de me perdre… En 2021, j’ai souvent continué de sprinter comme chez les Élites, c’est-à-dire vers l’avant. Mais chez les pros, il faut être plus en retrait. On n’a pas un gros train comme la (Groupama-)FDJ ou d’autres équipes de ce niveau, mais on a quand même des éléments capables de jouer avec les meilleurs. Seulement, il faut apprendre à être patient et à rester en deuxième rideau avant de remonter au dernier moment et de se faufiler, comme je l’ai fait au Poitou.

Mais ça te fait peur car tu as toujours la hantise d’être enfermé !
Oui, mais j’ai confiance en eux et j’ai senti la différence en fin de saison. Les derniers sprints de la saison ont été plus faciles que les premiers. Lors de ma victoire au Poitou, ou même lors de mes autres bons résultats, je le devais à l’équipe. Quand j’ai gagné au Poitou, si je l’avais joué solo, je n’aurais jamais gagné. Grâce à l’équipe, j’ai pu remonter au bon moment, dans le dernier petit S, alors que tout le monde était en train de s’écraser, au moins un peu. Ce n’est que du positif de les avoir et de réaliser que ça marche.

« C’EST UN CONFORT »


Tu as été approché par d’autres formations ces derniers mois mais tu as tenu à rester à Aubervilliers une saison supplémentaire…
J’ai considéré comme vraiment important de refaire une saison ici. Je me sens bien dans cette équipe, avec ce groupe. J’ai vraiment envie de faire des résultats avec eux. Ici, j’ai ma carte à jouer souvent, même s’il faudra le prouver à nouveau en début de saison. Quand tu connais tout le monde et que tu évolues dans un milieu familier, c’est un confort.

Il y a quelques instants, tu évoquais une envie de “mieux passer les bosses”. As-tu senti qu’il s’agissait là d’un véritable handicap, l’an passé ?
Bien sûr, je n’ai pas pu jouer ma chance à cause de ça, plusieurs fois. La fois la plus frustrante, c’était lors de la Roue tourangelle. On montait un dernier talus alors que je pensais qu’on en avait fini avec les bosses. Et finalement, ça ne l’a pas fait… J’ai reculé dans le paquet et j’ai senti qu’il me manquait quelques watts pour basculer avec les meilleurs. Je n’aurais pas battu Arnaud Démare car je n’avais pas la force que j’ai acquise par la suite mais j’aurais pu faire un résultat, et ça m’avait marqué d’être lâché avant le sprint. La Drôme Classic avait été marquante, aussi. Je n’y avais fait que quelques kilomètres dans le peloton… Ça ne doit plus se reproduire. Un sprinteur doit avoir la capacité de passer les bosses, au moins pour aider l’équipe. Mais depuis, j’ai senti que j’ai passé un cap, sur le Tour de l’Ain. J’ai fait 5e le premier jour (à Bourg-en-Bresse, NDLR) et derrière, sur les deux journées plus difficiles, même si j’étais dans le grupetto, c’était déjà ça pour ma progression. Cette année, dès Bessèges, ça va être dur ! On n’ira plus du tout dans la même optique que l’an passé. J’aimerais bien enchaîner avec le Tour de la Provence mais ça dépendra de ma condition. Je pense aussi à refaire le Tour de l’Ain, à découvrir la Route d’Occitanie… Il y a de quoi se faire violence dans les cols, sans que ce ne soit de la haute montagne.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Jason TESSON