Tour de la Manche : une bataille décisive dans la guerre au général

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Après un contre-la-montre forcément important, et deux courses en ligne plutôt calmes, la bataille des leaders a enfin fait rage, ce samedi, au Tour de la Manche. Oublié le rythme de course parfois « piano » des jours précédents, cette fois, entre Utah Beach, et Saint-Martin-des-Champs, les coureurs ont débarqué le fusil chargé. Dès les premiers kilomètres, des cassures se créent. La situation a tout juste le temps de revenir à la normale que les équipiers de leaders déminent le terrain. Et après 45 kilomètres de course intense, les premiers coups de canon retentissent depuis les rangs des équipes les mieux classées au général. Malgré le maillot jaune sur les épaules de Thomas Gachignard, Dinan Sport Cycling envoie Léo Danès et Damien Poisson au front. "C'est un parcours compliqué pour gérer sur des bosses comme ça. C'était notre but de ne pas contrôler et de miser sur moi si j'étais devant", explique le second cité.

Lui aussi parmi les premiers gros noms à bouger, Mathis Le Berre a rempli sa mission. "J’ai essayé de faire les bonifs. Je me sentais bien au fil des kilomètres. Ewen Costiou était 3e au général donc il fallait le protéger". Alors qu’un groupe d’une trentaine de coureurs ouvre la route, la course se relance complètement à l’entame du circuit final. Nogent, très offensif, a tout fait pour piéger ses adversaires. "Je ne savais pas si c'était le jour pour faire plier Dinan mais on avait l'équipe pour. On était l'équipe la mieux placée au général, avec moi 2e qui avais une grosse pancarte mais j'assume. On avait plein de pions derrière moi pour jouer". Dans la bosse du circuit, Hugo Toumire a décelé des failles chez certains. "J’essayais d’attaquer. Je voyais que Kévin Avoine avait l’air d’être dans le dur. Je voulais essayer de lui reprendre du temps au général et rentrer sur l’avant, mais ça n’a pas marché".

« JE N’AI PAS TOUT COMPRIS »

Tous les leaders sont d’accord, la bataille du général a pesé sur le final de la course. Tout le monde s’est regardé, il faut dire que le maillot jaune était loin derrière la tête de course. C’est donc Simon Combes (AC Bisontine) qui a tiré les marrons du feu en s'extirpant du groupe. "Les mecs avaient déjà fait des efforts avant, mais moi je n'avais rien fait. Je n'ai pas trop compté mes efforts ensuite, sauf dans le final où on s’est regardé avec Laurent (Evrard)". Les différentes tactiques ont ainsi étonné le vainqueur du jour. "Je n’ai pas tout compris, lâchait Laurent Evrard à l’arrivée. Il n’y a pas de tactique. J’ai vu des mecs descendre comme si leur vie en dépendait et en bas de la descente, ils se regardaient". Hugo Toumire, tombé dans un moment délicat, a voulu jouer. "J’essaie de compter mes coups de pédale et d’être un peu plus discret que d’habitude mais j’ai bouffé beaucoup de jus sur le début de la course. Je l’ai payé à la fin un peu. Demain sera une nouvelle guerre".

Ce dimanche sera justement la dernière opportunité pour ceux qui chassent le maillot jaune de Simon Combes de renverser le général. "Je ne suis pas loin, on fera la guerre demain (dimanche), être 2e ne m'intéresse pas. Quitte à tout perdre on va tout faire, promet Kévin Avoine, actuel 3e. À chaque étape il y a moyen. Le maillot a commencé à se découdre hier (vendredi)". Et Damien Poisson, coéquipier de Thomas Gachignard, reconnait avoir laissé de l’énergie en route. "Il faut bien récupérer. Hier (vendredi) on roule, aujourd'hui gros numéro, je pense que certains ont grillé moins de cartouches. Mais je sais que je récupère bien, j'adore les courses par étapes". Kevin Avoine admet que la fatigue est généralisée. "Il y a encore des choses à faire. Tout le monde est fatigué. Mais on n'a pas le choix, 2e ça va une fois, mais pas à toutes les courses. J'ai la chance d'être proche, c'est à moi d'assumer mon rôle. Le circuit sera encore plus propice pour moi en plus".

« ÇA VA PARTIR DANS TOUS LES SENS »

Les deux jeunes prétendants à la couronne, Mathis Le Berre et Hugo Toumire, sont prêts pour la bataille, la dernière, après cinq étapes dans la Manche. "Ce n’est pas terminé. C’est sûr que je ne vais pas rester dans le peloton à ne rien faire. C’est faisable. On est presque tous au même niveau donc ça se joue à quelques secondes. Parfois, ça peut se jouer à une bonification. Il faut être au millimètre", estime le premier cité. "Il faut tout chambouler. On ne va pas rester passifs", promet le coureur du VC Rouen 76. Mais le nouveau maillot jaune, Simon Combes, sait ce qui l’attend. "C'est le dernier jour, les mecs seront fatigués, ça va partir dans tous les sens. Ça va être compliqué. C'est inédit pour moi. Je n'ai jamais été dans cette situation, ça va être la galère je pense…, plaisante-t-il, aux anges avant de recevoir son maillot. Le manque d'expérience peut me jouer des tours mais ça va être motivant en tout cas !". Simon Combes, Laurent Evrard, Kevin Avoine, Damien Poisson, Hugo Toumire et Mathis Le Berre se tiennent en 39 secondes. La bataille du jour a bouleversé le général, mais la guerre ne s’achèvera que ce dimanche, après 152 kilomètres entre Avranches et Granville.

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