Tokyo 2020 : « Les dés sont jetés » pour les Françaises

Crédit photo ASO / Gautier Demouveaux

Crédit photo ASO / Gautier Demouveaux

Elles sont trois pour une place. L’été prochain, c’est un peloton amoindri de 67 concurrentes seulement qui participera à la course en ligne des Jeux Olympiques, à Tokyo - 25 disputeront le contre-la-montre -. Et parmi ce bien faible total, une seule représentante pour l’équipe de France, qui devra faire face à des quatuors allemand, australien, américain, italien et néerlandais (voir les détails de sélection ici). Bien qu’un plus grand nombre de filles ait d’abord fait partie des critères de présélection (lire ici), elles ne sont officiellement plus que trois à pouvoir espérer décrocher le graal : Audrey Cordon-Ragot (Trek-Segafredo), Juliette Labous (Team DSM) et Evita Muzic (FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope). Le sélectionneur national, Paul Brousse, avait rapidement indiqué aux filles, en début de saison, qu’une décision serait prise pour la deuxième semaine de mai. Autant dire que les Ardennaises de la semaine passée marquaient la dernière occasion de gagner des points pour les filles concernées par cette éventuelle sélection.

JULIETTE LABOUS A FRAPPÉ FORT SUR LA FLÈCHE WALLONNE

D’abord malade puis pas franchement épargnée par la malchance sur Liège-Bastogne-Liège, Evita Muzic confie ne guère croire en ses chances d’être l’heureuse élue. “Je n’avais déjà pas une grande chance d’y aller mais j’espérais quand même, bien que je me considérais plutôt en troisième position derrière Juliette et Audrey. Là, je pense que c’est mort, regrettait-elle auprès de DirectVelo au cœur des Ardennaises. Surtout que Juliette nous a fait une très grosse performance sur la Flèche wallonne. Elle mérite d’y aller”.

Une chose est sûre : Liège-Bastogne-Liège ne fera certainement pas pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Alors qu’Evita Muzic a été privée de pouvoir jouer un Top 10 à cause d’un problème mécanique dans les deux derniers kilomètres, Audrey-Cordon Ragot n’était pour sa part pas présente sur la course. Pas plus que Juliette Labous, contrainte de renoncer la veille suite au test positif au Covid-19 de sa coéquipière canadienne Leah Kirchmann. “Quelques larmes ont coulé dans le bus, j’étais super déçue”, concède la Franc-Comtoise après coup. 

AUDREY CORDON-RAGOT A BEAUCOUP TRAVAILLÉ DÈS LE CIRCUIT HET NIEUWSBLAD

Mais la Championne de France du contre-la-montre avait tout de même eu le temps de briller quatre jours plus tôt en terminant 6e de la Flèche wallonne, prouvant ainsi qu’elle est désormais capable de jouer avec les meilleures mondiales. “Paul (Brousse) voulait mettre l’accent sur les Ardennaises car ce sont les courses qui ressemblent le plus au parcours des Jeux Olympiques, même s’il n’y a rien de vraiment ressemblant. J’étais donc frustrée de ne pas pouvoir courir à Liège car je voulais confirmer ce résultat de la Flèche wallonne et montrer que j’étais vraiment en forme. J’imagine que les qualités en contre-la-montre vont aussi rentrer en compte”, analyse l'athlète de 22 ans en évoquant cette quête de la place olympique. 

En course, Juliette Labous n’a pas pu s’enlever de l’esprit qu’elle était (aussi) en train de jouer une place pour Tokyo 2020. “J’y ai pensé, bien sûr. Durant l’Amstel, pour l’anecdote, mon DS m’a lui-même rappelé de penser aux Jeux pour que je m’accroche au maximum. C’était une motivation supplémentaire, à la Flèche aussi”. Audrey Cordon-Ragot a également couru avec les JO en tête. “J’y pense, bien sûr. J’ai envie d’y aller comme les autres filles”. Bien qu’elle ait eu envie de faire valoir toutes ses qualités ces dernières semaines, la Bretonne a avant-tout dû faire le travail d’équipière chez Trek-Segafredo. “C’est difficile pour moi de me faire une place dans ces conditions. Quand tu allumes ta télé, sur la dernière heure de course, tu ne vois pas forcément ce que j’ai fait car mon travail, je l’ai effectué avant. C’est le travail de l’ombre. Mais je sais que Paul est conscient du rôle de chacune au sein de son équipe. Je lui fais confiance pour prendre la meilleure des décisions, je sais qu’il sera objectif”, tient à souligner la Championne de France avec malice, sans omettre de faire valoir ses arguments. “De toute façon, les dés sont jetés, maintenant, ce n’est plus entre mes mains. On aura la réponse d’ici peu”

PAS DE RIVALITÉ MALSAINE

Ce match pour la place olympique pourrait créer une certaine rivalité entre les filles. Mais pas question pour elles de se livrer à un combat malsain. “Le vrai sujet, c’est le nombre de places. On mérite mieux que ça. Avoir une seule fille au départ et un peloton aussi peu fourni, c’est triste, lâche Juliette Labous. Il ne sert à rien de se mettre trop de pression ou de se faire la guerre, ça doit être une pression positive. Il faut voir ça comme une motivation supplémentaire, rien d’autre”. Un discours qui rime avec celui d’Audrey Cordon-Ragot. “C’est une drôle de situation. Si on avait deux ou trois places, ce serait plus simple, mais je ne suis pas là pour faire la guerre aux filles. On a une bonne ambiance dans l’équipe de France en ce moment. On ne va surtout pas se tirer dans les pattes maintenant. Les JO, après tout, ça reste une course. On aura d’autres occasions, ensemble, sur les Championnats d’Europe ou du Monde”

Audrey Cordon-Ragot, Juliette Labous et Evita Muzic promettent toutes ne pas trop se poser de questions ou vouloir se “prendre la tête” outre mesure. Mais chacune rêve d’un séjour estival au Japon. “J’espère vraiment y aller. Mais si je n’y vais pas, je ne ferai pas un caca nerveux non plus. Il faudra juste le savoir assez vite, histoire de se projeter au mieux ou de partir sur d’autres objectifs”, réclame Audrey Cordon-Ragot. Paul Brousse devrait leur annoncer sa décision d’ici le 15 mai, soit dans un peu plus de deux semaines.

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