Les Bleues bridées par le train orange

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Il faisait bon ménage d’enchaîner Giro et Championnat du Monde d’Imola. Si le podium final était présent sur les routes du Tour national transalpin, Evita Muzic et Juliette Labous étaient elles aussi de la partie. La première citée y avait même remporté une étape (voir ici). À Imola, les deux coureuses ont fait le travail. Chacune à leur manière. C’est la sociétaire du Team Sunweb qui était la première à porter l’estocade. "On a eu un bon briefing de Paul (Brousse) qui nous a dit de mettre le couteau entre les dents et ne rien regretter. On avait toutes le rôle d’aller dans les échappées. Je m’étais dit que le troisième tour était le bon moment car ce n’était pas trop tôt". Et voilà la Championne de France contre-la-montre partie dans un coup avec des adversaires redoutables. "On devait en avoir une dedans, en plus c’était Juliette donc une très bonne carte", admet Evita Muzic.

Il faut dire que le début de course était peu propice à des tentatives. "C’était dur de deviner ce que les Néerlandaises allaient faire. Mais je crois que tout le monde avait la même consigne d’attendre trois tours, ce qui explique le début assez lent". Evita Muzic s’en étonne néanmoins. "Je pensais que ça partirait plus vite. C’était presque dangereux dans les bosses, on faisait du sur place. C’était bizarre", sourit la coureuse de 21 ans. Tout se déroule alors comme prévu, avec Juliette Labous devant. "Je me disais qu’on pouvait aller loin, c’était un groupe de costaudes. Mais tout le monde ne passait pas non plus tous ses relais malgré une entente correcte". Mais derrière, les Néerlandaises décident de tout exploser dans l’avant-dernier tour, et reprennent l’échappée en une fraction de secondes.

« IL MANQUE UN PETIT QUELQUE CHOSE »

Une deuxième course commence alors. Un peu trop difficile, pour Juliette Labous, qui voit le train orange l’avaler. "Le pied était très raide, c’est revenu très fort. On avait 2 minutes 20 et d’un coup il n’y avait que 25 secondes, j’ai été surprise. Je me suis dit que là, ça allait faire mal, rigole-t-elle. À partir de là, j’ai juste explosé et je n’ai pas pu rester avec le premier peloton". C’est le moment où ses coéquipières devaient entrer en action. Mais le train hollandais, accompagné des meilleures sur ce profil, vont trop vite. "J’ai dit à Audrey que je n’étais pas très bien, normalement je me débrouille un peu mieux en bosses, regrette Evita Muzic. Je lui ai aussi dit que c’était notre meilleure carte même si on avait pas de fille protégée sur un tel parcours". Devant, Anna Van der Breggen s’envole, mais les Françaises bénéficient d’une seconde chance lorsque le peloton aborde la dernière bosse groupé.

À nouveau, la course se dynamite, l’habituelle sociétaire de la FDJ-Nouvelle Aquitaine Futuroscope est en deuxième rideau. "On ne savait pas combien elles étaient devant. J’étais dans un groupe derrière mais Audrey n’était pas là, donc je n’ai pas roulé. Puis quand elle est rentrée, je lui ai demandé si elle avait besoin de moi. Elle a finalement pris la roue de Lisa Brennauer". Au final, une 13e place pour Audrey Cordon-Ragot, et une 20e pour Evita Muzic. "Il manque un petit quelque chose pour être dans le groupe devant, mais ce n’est pas une surprise. Le but est maintenant de progresser pour être capable d’y être dans quelques années". Quant à Juliette Labous, elle peut se targuer d’avoir occupé la tête pendant de nombreux kilomètres. "C’est ma première échappée sur un Mondial, ça reste un plaisir de se montrer. De toute façon, il valait mieux tenter quelque chose que d’attendre et péter". Et sur ce point, les Bleues ont réussi leur coup.

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Portrait de Juliette LABOUS
Portrait de Evita MUZIC