Contre-la-montre : De l’intérêt et des questions

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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L’annonce de la Fédération Française de Cyclisme sur une possibilité de relancer la machine par des contre-la-montre n’est pas passée inaperçue. L’idée ? Des "confrontations" contre-la-montre, et non pas des "compétitions" à proprement parler (lire ici). Une proposition qui se veut avant tout ludique. Avec encore et toujours des restrictions importantes en pleine crise de covid-19. “Ce sera le plus local possible, dans l’esprit des inter-clubs et des courses départementales. On veut vraiment que chacun reste à proximité de son club”, explique le vice-Président de la FFC, Ludovic Sylvestre, pour DirectVelo

QUI POUR ORGANISER CES ÉVÉNEMENTS ? 

Mais au fait, qui se chargerait de la création de ces événements ? Les clubs ? La Fédération elle-même ? “On travaille actuellement sur la question. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là. On attend que le Ministère des Sports valide nos propositions d’activités. Si c’est accepté, on verra comment s’organiser. Il faudra s’adapter aux situations locales car entre le Morbihan et la Creuse, par exemple, il y aura sûrement des différences dans la faisabilité d’organiser ces événements”, expliquait - en début de semaine dernière - Ludovic Sylvestre, lequel avait entre temps une réunion sur le sujet avec les différents présidents des comités régionaux, jeudi dernier. Du côté des coureurs, on attend de voir. À commencer par Hugo Page, le Champion de France Juniors du chrono en titre. “Pour l’instant, c’est dur de se projeter. Y’aura-t-il des arbitres, des barrières, de la circulation ? On est dans une période où ça change tous les dix jours… J’imagine que ce serait à une petite échelle car sinon, on ferait comment niveau logistique et hébergement ? Mais bon, sur le principe, si ça peut permettre de relancer la machine, ça peut être une bonne idée”

Le rouleur de la Groupama-FDJ Continentale est rejoint dans ses propos par Thomas Denis. “Pour un coureur comme moi, c’est intéressant. Il n’y a pas beaucoup de chronos dans la saison alors ça permettrait de développer la discipline. Peut-être que de nouveaux coureurs vont apprendre à apprécier le chrono. On peut imaginer des journées avec toutes les catégories et tous les âges, en effet. J’ai connu ça au Chrono de Tauxigny. Ce sont des journées sympa et enrichissantes”, relate le vice-Champion de France Espoirs de la discipline. Le sociétaire du Vendée U se dit également qu’il s’agirait d’une occasion de découvrir de nouveaux talents dans cet exercice spécifique. “C’est bien connu, en France, nous ne sommes pas les meilleurs rouleurs… Alors si ça peut permettre de créer des vocations et pour la FFC de trouver de nouveaux spécialistes, tant mieux”. Le J2 Alexandre Vinokourov (UC Monaco) est lui aussi enthousiaste. “Même si on aimerait faire des courses avec plein de monde, je préfère largement faire des chronos que rien du tout. Ce n’est pas ce que je préfère, mais ce serait quand même amusant”. Kévin Besson (Occitane CF) voit lui aussi assez large. "Le fait que ce soit ouvert à tout le monde peut être intéressant au niveau de la détection. Ça peut être une bonne idée sur un mois-un mois et demi pour reprendre un peu de rythme tout en se préparant à côté"

RASSEMBLER DU MONDE… MAIS PAS TROP

Difficile de réellement se projeter malgré tout pour ces coureurs qui ne connaissent pas encore tous les détails quant à l’organisation éventuelle de ces chronos. “Va-t-on limiter le nombre de personnes ? Il faudrait limiter le staff. Je pense que des coureurs comme moi peuvent venir seul. L’enjeu ne sera pas énorme non plus, alors autant se limiter. Le but sera d’abord de s’amuser à travers une petite confrontation. Si chacun vient avec un mécano, ses parents, ses amis… On ne sera plus dans l’esprit recherché ni dans les clous en terme de restrictions”, tient à souligner Thomas Denis. 

Et les coureurs professionnels, dans tout ça ? Seraient-ils intéressés ? “J’imagine que ce sera quand même difficile à organiser, s'interroge Rémi Cavagna (Deceuninck-Quick Step). Mais dans le contexte actuel, c’est peut-être la seule possibilité pour respecter les distances de sécurité. Il faudrait que des organisateurs et des clubs jouent le jeu. Ce serait toujours ça de pris pour retrouver l’allure et l’esprit de compétition, un minimum. Ce serait une bonne idée. Seul contre le temps, c’est toujours un challenge sympa et l’occasion de se comparer”. Le dernier lauréat de la Faun Ardèche Classic est rejoint par Thibault Guernalec, professionnel chez Arkéa-Samsic et Champion de France Espoirs du contre-la-montre en titre. “Je trouve l’idée intéressante, ça permettait de retrouver l’adrénaline de la compétition, même si on peut aussi courir sur les plateformes virtuelles. Sur Zwift, tu as toujours peur que le gars triche sur son poids ou autre. Là au moins, en chrono, ce sera plus juste (sourires). Ce serait l’occasion de se jauger une première fois face à d’autres concurrents avant la vraie reprise. Sur le papier, c’est super attrayant, mais j’attends de connaître les règles, notamment en terme de participation”.

UN BESOIN D'ADVERSITÉ

Car s’ils sont prêts à participer à un ou deux chronos du genre durant l’été, les pros ne se déplaceraient pas non plus dans n’importe quelle circonstance. “Si c’est pour faire face à trois Cadets et dix Masters, sans manquer de respect à qui que ce soit, je ne verrais pas trop l’intérêt sportif de me déplacer. Mais il est quand même difficile d’en parler précisément sans savoir de quoi il pourrait s’agir donc tout ça est à prendre avec des pincettes”, tient à préciser Anthony Roux. L’ancien Champion de France Élites sur route se veut prudent, mais n’est pas non plus contre l’idée en tant que telle. “Je comprends que tout le monde soit dans la volonté de trouver des choses à faire, mais je ne suis pas sûr que ce soit ce qui fera le plus rêver les sportifs. Cela dit, il faut bien respecter les sponsors et ça peut aussi être une façon d’avoir un minimum de visibilité, comme lors des courses virtuelles. Si on peut sauver certaines choses en organisant ce type de rendez-vous, alors faisons-le”.

Sur la question de la présence des professionnels, il faudra patienter pour avoir une réponse définitive et précise. Mais Ludovic Sylvestre ne veut fermer aucune porte. “C’est éventuellement possible. À ce stade, ce n'est ni oui ni non. Ce sera aussi aux coureurs et aux équipes auxquelles ils appartiennent de voir s’ils veulent intégrer ce type d’exercice dans le cadre de leur préparation”, conclut le vice-Président de la FFC.

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