On a retrouvé : Nicolas Bourdillat

Crédit photo Régis Garnier - www.velofotopro.com

Crédit photo Régis Garnier - www.velofotopro.com

Le Tour Nivernais Morvan 2009 restera comme la plus belle victoire de Nicolas Bourdillat. Par la suite, l'ancien sociétaire de Creusot Cyclisme n'a jamais été en mesure de rééditer une telle performance. La faute à une chute qui lui a laissé des séquelles au genou, et à l'apparition d'une gêne à l'artère iliaque. Diminué, le Bourguignon a ensuite choisi de ranger définitivement le vélo. À la suite de l'arrêt de sa carrière, courant 2010, il a débuté une nouvelle vie. En Norvège. Huit ans après son installation dans le royaume scandinave, Nicolas Boudillat confie parfois ''en perdre son français''. Sous le charme de son pays adoptif, il se livre auprès de DirectVelo. 

DirectVelo : Tu habites désormais en Norvège. Quand as-tu pris la décision de quitter la France ?
Nicolas Bourdillat : Cela fait huit ans que je vis en Norvège ! En 2010, après ma bonne saison 2009 où j'ai notamment remporté le Tour Nivernais Morvan, j'ai chuté au cours de l’hiver. Suite à cette chute, j'ai eu des problèmes à un genou, et j'avais également un problème à l'artère iliaque. J'ai donc pris la décision d'arrêter et de partir en Norvège. J'ai habité à Oslo pendant six ans, et maintenant, j'habite sur la côte ouest de la Norvège, à Alesund. C'est au nord de Bergen. Près de chez moi, c'est la nature : il y a des Fjords et des montagnes. J'adore ça, je m'éclate en Norvège. 

Tu as donc pris un nouveau départ !
Exactement, j'ai débuté une nouvelle vie. J'ai rencontré ma copine à la fin de l'année 2009. Avec mes problèmes de santé, j'ai décidé de raccrocher le vélo au milieu de saison 2010. Je me suis demandé ce que j'allais faire pour me reconvertir. Je me suis dit : ''pourquoi pas la Norvège ?''. J'y suis allé, et j'y suis toujours. Le choix était donc bon (sourires). 

Tout s'est ensuite enchaîné pour toi...
C'est en quelque sorte un coup du destin. J'ai rencontré une Norvégienne et quelques mois après, je vivais là-bas. Et maintenant, j'ai trois enfants avec elle. Tout est allé très vite ! Le vélo, c'est soit tu en fais à fond et tu passes professionnel, soit tu ne parviens pas à percer et tu passes à autre chose. Personnellement, je n'ai pas réussi à passer la marche. Pour moi, rentrer dans le monde du travail en France ou en Norvège, c'était pareil. Au début, je me suis dit que je partais quelques mois. Je ne savais pas si j'allais construire ma vie là-bas. Au final, ça s'est fait tout seul. 

« ÇA N'A PAS ÉTÉ FACILE »

L'adaptation à la culture norvégienne a-t-elle été difficile ?
Les premiers mois, ça n'a pas été facile ! Heureusement pour moi, j'avais ma copine. Ce n'est pas toujours facile de démarrer une nouvelle vie dans un pays étranger, mais on n'a jamais rien sans rien. Il faut aller au charbon. Dans ces situations, le passé de sportif aide : on sait se mettre des objectifs et se donner les moyens de les réaliser.

La Norvège est réputée de par sa mentalité bien spécifique...
C'est vrai que lorsque l'on regarde des articles, la Norvège est perçue comme le pays numéro un en terme de qualité de vie. C'est super là-bas. J'adore la mentalité des Norvégiens. Tout le monde est sympa et cool. Ils ont également une mentalité très tournée vers l’extérieur : ils pratiquent beaucoup la randonnée en montagne, le ski, le vélo, la course à pied... C'est ce qui me plaît, ça me botte bien. J'ai de la chance de bosser dans cet univers. 

Justement, que fais-tu ?
Là où j'habite, le tourisme est très développé. Le coin est surnommé les ''Alpes norvégiennes''. C'est très prisé par les touristes qui font de la randonnée, du ski, du kayak, ou encore du VTT. Je suis employé pour Uteguiden. Je suis manager du site d'Alesund : je gère un groupe de guides que j'envoie sur toutes sortes d'activités. On propose des activités en montagne. Ça me plaît bien. J'alterne avec le travail de réservation, de planification des activités, et je fais parfois le guide. 

« JE N'ÉTAIS PAS ASSEZ SÉRIEUX »

Tu n'as donc pas totalement rompu avec l'univers du sport...
Je suis un passionné de sport. Je ne vais jamais arrêter de faire de l'activité pour me mettre dans un canapé. Même avec mes enfants, je vais m'entraîner plusieurs fois par semaine. L'an prochain, je vais faire "les Chemins du Soleil" en France, un itinéraire par étapes en VTT. Je vais peut-être le faire avec mon frère. J'essaie de me fixer des défis : je fais du ski de fond et beaucoup de trail. Du coup, je garde la forme. 

Prends-tu encore le temps de faire du vélo ?
J'ai mis le vélo au placard pendant presque deux ans. Je l'ai remplacé par le ski de fond. C'est un sport très complet. Quand je suis remonté sur le vélo, j'ai vu que je n'avais pas trop perdu mon niveau. Je suis également retourné à mon premier amour : le cyclo-cross. J'ai terminé 3e de la Coupe de Norvège et du Championnat de Norvège, en 2015. J'ai eu envie de venir courir quelques cyclo-cross en France, mais ça ne s'est pas fait. J'ai tout de même disputé plusieurs compétitions sur route avec mon frère les fois où je suis revenu. Malheureusement, l'an passé, j'ai eu un accident de ski, je me suis cassé le tibias et le péroné, donc j'ai abandonné la compétition. Peut-être que j'y reviendrai plus tard. 

Quel regard portes-tu sur ta carrière ?
Je n'ai pas forcément de regrets. Je n'étais pas assez sérieux. Je m’entraînais uniquement quand ça allait, je n'étais pas sérieux sur la nourriture, et j'aimais trop sortir. Si j'avais fait le métier, je pense que j'aurais eu une grosse marge de progression parce que j'avais un bon petit moteur. Mais chacun a son mode de vie, ce n'est pas un truc que je regrette. 

« CHAQUE CHOSE EN SON TEMPS »

En matière de cyclisme, en quoi la culture norvégienne est-elle différente de la culture française ?
Les coureurs norvégiens sont très sérieux à l'entraînement. Je pense que dans quelques années, il y aura encore plus de Norvégiens chez les professionnels et qu'ils vont faire davantage de résultats. Si les Norvégiens décident de faire quelque chose, ils s'en donnent les moyens à 100%. La fédération met à leur disposition beaucoup de moyens, comme des bons entraîneurs. Les jeunes norvégiens poussent pas mal, comme j'ai encore pu le constater récemment sur DirectVelo à l'occasion du Tour de l'Avenir ! 

La vie en France ne te manque pas ?
Non. Après c'est sûr que le monde du vélo peut me manquer. C'est sympa de voyager sur les courses cyclistes avec les potes, mais chaque chose en son temps. J'arrive à rentrer en France trois ou quatre fois par an, donc j'en profite pour aller voir tout le monde. Mes proches viennent également me rendre visite en Norvège. Les gens aiment venir. Au final, on se voit assez souvent. Et avec les nouvelles technologies, c'est beaucoup plus facile. Par contre, à force de parler anglais, je perds un petit peu mon français, mais j'arrive quand même à communiquer avec tout le monde (rires). 

T'imagines-tu construire toute ta vie en Norvège ?
Pour l'instant, j'y suis bien. On verra dans quelques années si je reviens en France... J'ai des conditions de vie agréables, je construis une famille, j'ai un travail sympa... En somme, tout va bien. Maintenant, je parle couramment anglais, donc je n'ai pas de problèmes. Je n'ai donc pas prévu de rentrer pour l'instant. 

Crédit photo : Uteguiden

Crédit photo : Uteguiden

 

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