Clément Chevrier : « J’ai profité de chaque moment »

Il y a deux jours, Clément Chevrier (Bissell Development Team) terminait le Tour de Californie à une honorable 24e place du classement général, à 12’40’’ de Bradley Wiggins. De retour sur le sol français et tout juste descendu de l’avion ce mardi, il a pris le temps de confier ses impressions à www.directvelo.com.

« Je sors satisfait de mon Tour de Californie. La première journée, j’avais des drôles de sensations. C’était sans doute le stress de la course. Tout est plus grand, énorme, ici. Il y avait aussi beaucoup de vent et donc le stress de prendre une bordure. Et puis il faut l’avouer, il y avait l’euphorie. J’ai essayé de profiter de chaque moment, de chaque personne que je pouvais rencontrer au départ des étapes notamment. Je me suis mis minable tous les jours. Le fait d’être avec quelques-uns des plus grands, ça booste. Et puis je savais qu’il y avait la télé, que la famille me regardait. Je voulais me faire plaisir, passer à la télé quitte à devoir bouffer du vent devant pour rien (rires). Comme je l’avais dit avant l’épreuve, le but était vraiment de terminer la course sans avoir de regrets. Or c’est le cas. J’ai la sensation d’avoir donné le meilleur de moi-même. Je n’ai pas fait d’erreurs majeures qui auraient pu me coûter une place au général par exemple. J’allais là-bas pour me tester, voir mon niveau face aux cadors du peloton. Maintenant, j’ai une idée de là où je dois progresser en priorité.

« INTRINSEQUEMENT, J'AVAIS LES JAMBES POUR SUIVRE »

Comme je le craignais, j’ai eu du mal dans les fins d’étapes. Je manquais de jours de course. La course s’est déroulée sous de fortes chaleurs, voire la canicule. Le rythme était toujours très élevé. En montagne, tout se jouait dans la dernière ascension, avec le Team Sky qui emmenait à un rythme effréné. Le problème, c’est que je finissais toujours par me coucher dans la dernière demi-heure de course. C’est frustrant car intrinsèquement, j’avais les jambes pour me frotter aux meilleurs. Dans les ascensions qui précédaient l’arrivée, j’accompagnais les favoris. Sur les étapes dites plates ou pour puncheurs, j’étais dans les vingt premiers dès qu’il y avait une petite ascension et que les Cannondale roulaient pour lâcher Mark Cavendish notamment. Maintenant, je dois avouer que la logique a été respectée. Sinon, cela voudrait dire que l’entraînement ne sert à rien. J’aurais eu besoin de plus de jours de course pour pouvoir tenir jusqu’aux arrivées. Il me manquait simplement de la caisse en fin de course. Je n’avais jamais passé les 4h30 de course cette saison, alors que les mecs du WorldTour revenaient du Tour du Pays Basque ou du Tour de Romandie. Forcément, ça a joué, mais j’étais très loin d’être hors de forme. J’étais à mon niveau, tout simplement.

« JE SUIS CAPABLE D'ETRE POLYVALENT »

Lorsque ça devenait dur en fin d’étape, j’ai préféré lever le pied avant d’exploser en vol. Il faut dire que les cols étaient plutôt roulants. D’ailleurs, je dois avouer que j’ai été un peu déçu de ce point de vue-là. Les ascensions faisaient 20 à 25 kilomètres, mais avec des pourcentages très faibles par endroit. Du coup, la Sky pouvait embrayer, comme sur le Tour de France. C’était une vraie sélection par l’arrière. Ça roulait peut-être à 23 km/h de moyenne dans les cols. Parfois, j’étais à 30 km/h ! C’est dire si ça envoyait, et s’il y avait des parties roulantes. Sur les deux arrivées au sommet, j’ai craqué à environ huit kilomètres de l’arrivée. Sur l’ensemble de la semaine, j’ai su répondre présent. J’ai réussi à rester concentré sur chaque étape, à être à l’avant peu importe le parcours. Même sur la dernière étape, j’étais encore en tête de peloton à passer un relais à deux bornes de l’arrivée. Je pense aussi au chrono ou je n’ai pas été ridicule, notamment grâce à mon renforcement musculaire. Ça montre que je suis capable d’être polyvalent, et que je ne suis pas qu’un grimpeur capable de briller sur les pentes les plus raides. Je veux être devant sur tous les terrains. C’est très positif.

« JE NE POUVAIS PAS ME PERMETTRE D'ALLER DANS LES COUPS »

Deux échappées sont allées au bout mais je n’ai pas de regrets car je devais jouer le classement général. D’autant qu’après l’abandon de James Oram sur chute, j’étais le leader unique de l’équipe, et je ne pouvais pas me permettre d’aller dans des coups. La tactique était donc de s’économiser sur les étapes dites plates et de s’accrocher le plus longtemps possible aux meilleurs en montagne. Une fois la deuxième grosse étape de montagne passée, j’ai demandé à l’équipe de pouvoir tenter ma chance lors des deux dernières journées. C’est ce que j’ai fait sur les routes de Pasadena, où j’ai pu passer une bonne heure à l’avant. Malheureusement, l’équipe Cannondale avait fait le forcing et on s’est fait contrer. C’est dommage car je pensais avoir fait le plus dur, d’autant que j’étais bien accompagné à l’avant avec des gars comme Lars Boom, Thomas Damuseau ou Greg Van Avermaet.

« LARS BOOM ET TOM BOONEN SONT VENUS ME VOIR »

Maintenant que je parle anglais, j’ai profité de cette semaine pour discuter avec pas mal de coureurs aussi. En Californie, j’ai testé de nouveaux produits SRAM, ce qui attire certaines convoitises. Du coup, des gars comme Lars Boom ou Tom Boonen sont venus discuter avec moi pour se renseigner. C’était assez sympa (rires). Autre anecdote sympa, celle de Bradley Wiggins qui s’est permis le luxe de piquer la bière d’un suiveur qui courait au bord de la route, et d’en boire une gorgée lors de la dernière étape. Le truc, c’est qu’à ce moment-là, on était en pleine ascension de 3-4 kilomètres à 8%, et ça montait vite ! Moi, j’étais déjà bien occupé à suivre. Sur le moment, j’ai trouvé Wiggins un peu arrogant. Mais finalement, c’est le personnage. Avec le recul j’en garde un bon souvenir, comme de l’ensemble de ce Tour de Californie qui restera un moment important pour moi. »

Crédit Photo : bisselldevelopmentteam.com
 

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