François Trarieux : « Laisser faire les autres »

Crédit photo Quentin Joly / Tour de l'Avenir
Au matin de la dernière journée du Tour de l’Avenir, l’équipe de France occupe les deux premières positions du classement général grâce à Maxime Decomble et Paul Seixas. Mais ce dernier était déçu ce jeudi à l’arrivée à Tignes, après avoir été battu dans le dernier kilomètre par Jarno Widar, qui semble désormais le principal adversaire des tricolores sur les deux dernières étapes : une courte empruntant le San Carlo puis le Petit Saint-Bernard, gravi depuis l’Italie, suivie l’après-midi d’un contre-la-montre en bosse entre Montvalezan et la Rosière. Avant la bataille finale, DirectVelo a fait le point avec François Trarieux, qui dirige les bleus sur le Tour de l’Avenir.
DirectVelo : Il y a de la déception chez Paul Seixas…
François Trarieux : On visait l'étape, c'est pour ça qu'il y a un peu de déception de sa part. Attaquer comme ça et prendre ses responsabilités, c'est normal d'accuser un peu le coup. Après, quand on regarde, tous les autres coureurs sont à leur prime. Lui il sort d'un petit virus qu'il a chopé avant le Tour de l’Ain. Quand on voit au niveau où il est, alors que certains sortent de stage en altitude, ça prouve encore une fois qu'il a le niveau pour pouvoir performer. Mais là pour le moment, je dirais que c'était sa première vraie journée où il a pu se tester quelque part sur un effort avec des cols. Il a quelques éléments de réponse. Je pense que certains ont vu que tout le monde était à peu près au même niveau. Ça va sûrement se jouer à quelques secondes.
« WIDAR A ENCORE PAS MAL DE TEMPS À RATTRAPER SUR MAXIME »
Maxime Decomble reste maillot jaune, avec 50 secondes d’avance. Est-ce que vous allez l'utiliser d'une façon particulière sur l’étape de ce vendredi matin ?
Je pense que l’idée sera d’être sur la défensive et puis de laisser faire les autres. On a vu qu'il est encore très solide aujourd'hui. On espère vraiment qu'il va pouvoir faire le maximum, on ne sait jamais ce qui peut arriver. C'était aussi la raison pour laquelle on l'avait envoyé à l'avant. On a vu que tous les autres coureurs qui étaient présents dans l’échappée victorieuse de la deuxième étape ont explosé aujourd'hui. Maxime est le seul à avoir tenu. Il a fait une très solide étape. Quant à Paul, il a forcément la déception de ne pas gagner après son attaque. Mais il termine quand même 2e. Devant lui, c'est (Jarno) Widar qui est le client attendu. Mais Widar a encore pas mal de temps à rattraper sur Maxime. Il faudra qu'il ait un peu de matelas d'avance s'il veut garder son avance dans la montée finale vers la Rosière.
Ce vendredi matin, ce sont des montées très difficiles, avec le San Carlo et le Petit Saint-Bernard, sur une étape courte…
C'est une étape vraiment atypique. Ils ne retrouveront jamais sur un Grand Tour. C'est très rare d'avoir des demi-journées, surtout en quelques heures. Maintenant l'important, c'est de bien récupérer et de faire le point après l'étape. Après l'avant-dernière étape, on saura si on peut gagner le général. C'est aussi pour ça qu'on avait voulu mettre en place des stratégies offensives sur le début de la semaine. On respecte aussi nos adversaires. On ne voulait pas mettre tous les œufs dans le même panier et profiter de la présence de Maxime pour brouiller les cartes. Aujourd'hui, il s'est mis au service de Paul sur quelques centaines de mètres pour le lancer, mais après il a géré son effort. Ils ont pris ensemble la décision de le faire ainsi même s’il aurait mieux fallu attendre que cela vienne de leurs adversaires pour pouvoir les contrer. Cela fait aussi partie de leur apprentissage. Quoi qu'il arrive, il n'aurait pas pu répondre à l’attaque de Widar, il reste aussi un rouleur. Aujourd'hui, il a perdu 1’30’’. Il faudra que Widar aille lui chercher au minimum 50 secondes pour se rapprocher. Maxime reste un très bon rouleur, même si c'est un effort en montée, ça correspond à ce qu'on attendait. Maintenant on verra ce qu’il va se passer sur la première demi-étape…
« PAS UN EXTRATERRESTRE »
Ce sera une journée particulière à gérer, avec un réveil matinal…
Ils vont se lever à 5h. Ce sera un petit déjeuner assez léger entre guillemets. Il faudra faire un bon échauffement. Sur la récupération, Paul peut être très bon. Je pense que ce qui lui a fait un peu défaut est que l'effort était encore un peu trop punchy dans le final. Il a dû répondre, on va dire, à des attaques. Quelque part, c'est lui le favori donc il l'a fait. À la fin, Widar en a profité pour faire parler son punch. Demain après-midi (vendredi), il y aura un effort très linéaire qui peut lui correspondre. On reste confiant. De toute façon les coureurs sont là pour gagner. On a pris des risques toute la semaine, Paul a couru avec du panache, on ne pourra pas lui reprocher ça.
Tu restes confiant pour cette dernière journée ?
On est quasiment revenus à la situation après le prologue. Paul avait 17 secondes d'avance sur Widar, maintenant il n'en a plus que 12. On est confiant pour demain. Quand je dis on est confiant, ce n’est pas qu'on est en surconfiance. Mais on a bien vu que Paul faisait partie des cinq meilleurs du Tour de l'Avenir. C'est déjà beau d'être à ce niveau-là quand on connaît le niveau qu'il y a sur cette épreuve, en ayant eu un virus il y a trois semaines. Ce n’est pas un extraterrestre. Il faut arrêter de penser qu'il va écraser le peloton avec 10 minutes d'avance. Ce n'est pas Pogacar. C'est Paul Seixas. Ça reste un coureur qui a 18 ans et des brouettes qui n’a pas pu préparer sereinement ce Tour de l’Avenir. Sur un effort un peu long, ça lui a peut-être manqué en fin d’étape. Et ce n’est pas pour lui chercher des excuses mais il n'avait pas de capteur de puissance dans la montée finale. À cet âge-là, ils sont habitués aussi à travailler maintenant avec les données. Et donc là, il ne pouvait pas trop gérer son effort.
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