Paul Brousse : « Pauline a encore faim de victoires »

Crédit photo Patrick Pichon / FFC

Crédit photo Patrick Pichon / FFC

L’équipe de France féminine va débarquer au Rwanda avec de très grandes ambitions. Pauline Ferrand-Prévot, qui comptait faire l’impasse, a changé d’avis et souhaite jouer le maillot arc-en-ciel en Afrique. La Rémoise, lauréate du Tour de France cet été, sera entourée d’une équipe de France impressionnante sur le papier. Mais les ambitions des Bleues ne se résument pas qu’à la course en ligne puisque Cédrine Kerbaol et Juliette Labous peuvent elles aussi rêver en grand lors du contre-la-montre. Sans oublier le relais mixte, où l’équipe de France compte encore jouer le titre. Enfin, Marion Bunel a fait le choix (personnel) de s’aligner sur l’épreuve Espoirs pour, elle aussi, tenter de décrocher le titre mondial. DirectVelo s’est entretenu avec le sélectionneur national, Paul Brousse, pour évoquer le Championnat du Monde à venir et la présence de “PFP”, qui change beaucoup de choses.


DirectVelo : Il doit être assez jubilatoire de pouvoir emmener une telle équipe sur un Championnat du Monde ! La composition est impressionnante…
Paul Brousse : Tout à fait, c’est une équipe de très haut niveau que nous allons emmener avec Pauline (Ferrand-Prévot), que l’on ne présente plus. Le terme “jubilatoire” n’est peut-être pas le plus approprié mais disons en tout cas que c’est hyper stimulant pour un sélectionneur, forcément. Vu que les qualités de nos filles et le circuit proposé, on ira forcément au Rwanda avec de grandes ambitions.

Pour gagner !
Oui, bien sûr, même s’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il y aura des filles de grande qualité en face, du très haut niveau, mais on peut y croire.

« SI ELLE Y ALLAIT, C'ÉTAIT À 100% »

Peux-tu nous raconter les coulisses du changement de plan de Pauline Ferrand-Prévot. Elle a expliqué sur les réseaux sociaux être agréablement surprise par sa condition physique et mentale à la sortie du Tour. As-tu eu un rôle à jouer dans sa décision ?
Ce qu’elle a dit est la vérité, c’est très sincère. Elle ne voulait pas venir au Rwanda si c’était pour s’y présenter sans y être à 100%. Ce Championnat du Monde, plus que jamais, demande une adaptation et une préparation spécifique à l’altitude, avec le taux d’humidité qu’il y aura là-bas etc. Elle ne se sentait pas totalement prête à le faire. Mais après le Tour, elle a senti à l’entraînement qu’elle avait de très bonnes sensations. Mine de rien, on sait qu’une course de neuf jours peut faire beaucoup de bien, d’autant qu’elle n’a finalement pas énormément couru depuis le début de l’année. Elle est en pleine forme et elle a envie de venir. C’est une grande championne qui est animée par les grands enjeux, par la compétition, les défis majeurs. Après le Tour, on s’est tous demandé ce qui pourrait encore la faire vibrer. On a la réponse. Pauline a encore faim de victoires.

La décision a-t-elle réellement été prise récemment ?
Oui, on est sur le “dossier” depuis quelques jours. On a bien échangé sur cet objectif Mondial, ça ne s’est pas fait comme ça en un claquement de doigts. On s’est dit que si elle y allait, c’était à 100%. Étant donné son état physique et mental, on a voulu se lancer. 

« LE CHAMPIONNAT D’EUROPE EST TOUJOURS PRÉVU »

Le reste du programme va-t-il être adapté ?
Non, pas du tout. Elle ajoute “juste” le Mondial à son programme mais elle va bien se rendre à Plouay, puis il y aura une préparation en altitude, le Tour de l’Ardèche et le Mondial. Et elle va bel et bien enchaîner avec le Championnat d’Europe en Drôme-Ardèche. C’est toujours prévu.

Outre Pauline Ferrand-Prévot, l’équipe de France aura très fière allure avec des filles comme Cédrine Kerbaol, Juliette Labous, Evita Muzic, Maeva Squiban… Vous aurez peut-être bien la sélection la plus impressionnante de ce Mondial ! Les filles étaient-elles toutes candidates à ce Mondial depuis longtemps, malgré les spécificités de cette édition au Rwanda ?
C’est mon boulot de travailler là-dessus tout au long de l’année et d’anticiper les différentes possibilités avec les filles, même s’il n’y a jamais de certitudes des mois à l’avance. Sur un circuit comme celui-là, des noms se sont vite imposés, autour d’un noyau dur. C’était évoqué avec les différentes équipes concernées depuis de nombreux mois car il faut arriver au Rwanda avec une prépa idéale. Les ambitions sont grandes. On parle beaucoup de Pauline mais Cédrine et Juliette sont super motivées pour le contre-la-montre. Juliette a déjà fait 4 aux Jeux Olympiques et 5 au Mondial. Cédrine a encore démontré sa progression lors du dernier Championnat de France. Décrocher un podium avec l’une des deux serait une belle réussite, c’est un objectif atteignable. Et on n’oublie pas le chrono mixte. On n’était pas passés loin l’an passé derrière les Suisses. On sera, là aussi, ambitieux.

« MARION (BUNEL) NOUS A DIT QU’ELLE VOULAIT TENTER SA CHANCE »

Pour la course en ligne, comptes-tu miser sur la force collective ou l’objectif unique sera-t-il de gagner avec Pauline Ferrand-Prévot ?
Sans trahir de secrets, Pauline s’impose comme une leader naturelle. On va faire une course autour de Pauline. La difficulté du parcours sera relativement extrême. Bien sûr, il peut aussi y avoir une dimension tactique, comme toujours, mais il faudra vraiment avoir de très bonnes jambes pour espérer l’emporter.

Que peux-tu nous dire sur la présence de Marion Bunel dans la sélection… Espoirs. Est-ce une décision de sa part ? Sur le papier, elle pourra elle aussi jouer le titre mondial…   
On l’avait envisagé, oui. Tout cela s’est fait autour d’une discussion à trois entre Marion, Emilian Broë et moi-même. On a évoqué les différentes possibilités avec Marion. L’athlète reste maître de son projet. Marion nous a dit qu’elle voulait tenter sa chance de décrocher le maillot arc-en-ciel sur la course Espoirs. À partir de là, c’était OK pour nous. C’est un choix qui a été évoqué dès le mois de juin, et que nous n’avons eu aucun mal à valider. Elle peut être très ambitieuse.

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