Maeva Squiban : « Tout est parti d’une blague »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Les proches de Maeva Squiban ont des choses à fêter en ce moment. “Hier, c’était l’anniversaire de ma cousine, aujourd’hui de mon beau-frère, Thibaut Didou”, sourit-elle auprès de Directvelo après s’être offert une nouvelle victoire ce vendredi sur les routes du Tour de France, 24 heures après un premier succès d’étape à Ambert. Cette fois-ci, c’est en partant dès le kilomètre 0 qu’elle a pu s’offrir la victoire dans les rues de Chambéry, après avoir distancé ses camarades d'échappée dans les derniers kilomètres du col du Granier. Plus d’1h30 après avoir levé les bras, elle est venue raconter sa journée en conférence de presse. DirectVelo y était. 


DirectVelo : Qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour attaquer dès le départ réel ?
Maeva Squiban : J'avoue qu'avant l'étape, j'avais dit à mon directeur sportif que j'allais faire le kilomètre zéro. De base, c'était une blague. Au final, je l'ai quand même fait (sourire). Je pense que les filles ne m'ont pas vraiment prise au sérieux au début, parce que faire le kilomètre zéro sur une étape comme ça, on se dit qu'il faut être un peu folle pour le faire. Elles ont dû se dire qu'elles allaient me laisser un peu devant. Au final, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé derrière, mais un groupe de 15 filles est revenu sur moi. C'était alors vraiment bien. Après, on s'est bien entendu et je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé dans le peloton…

Est-ce que le fait d'avoir gagné la veille t’a aidé à mieux gérer ton étape ?
Non, pas forcément. C'était très tactique à la fin. On va dire qu'il a fallu pas mal garder son sang-froid. Mon directeur sportif m'a bien aidée parce qu'à la fin, je pensais que c'était mort, ça ne roulait plus trop dans le groupe de tête. J’ai dit à mon DS que j’allais arrêter la plaisanterie, que ça ne servait plus à rien. Mais il m'a dit de continuer à y croire, que tout pouvait encore se passer. Avant le dernier col, il y a des filles qui arrivaient à sortir et moi, on ne m'a pas du tout laissé partir. J’ai donc dû y aller à la pédale.

Comment as-tu géré le final du col du Granier ?
Il y avait deux filles en tête, avec une petite avance. Elles ne roulaient pas ensemble. J’ai réussi à revenir. Je me suis retrouvée avec la fille de Movistar (Mareille Meijering), qui ne voulait toujours pas rouler. Mon DS m'a dit que j'allais avoir deux virages difficiles et que si j'avais les jambes, c'était le bon moment pour attaquer. Donc, j'ai juste attendu. J'ai pris mon propre rythme et dans ces deux virages, j'ai essayé d'y aller. C'était bien le bon moment. Je voulais être seule pour la descente parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer. 

La veille, tu étais arrivée très tard à l’hôtel mais la motivation et la forme étaient toujours là…
On a un peu fêté ça quand même avec l'équipe, mais tout en restant raisonnable, bien sûr. Je suis arrivée vers 21h50 à l’hôtel. Il y a eu un court massage, un repas, un petit verre avec le staff et les filles. Et puis après, je suis allée vite au dodo. Ce matin, ce n'était pas facile. Le réveil a fait mal. Après comme je l’avais dit, il restait trois étapes sur ce Tour de France donc il fallait rester concentrée au maximum. Une victoire, c’était sympa mais le Tour n’était pas fini, il y avait encore de belles choses à faire. J'étais déjà concentrée sur aujourd'hui, même si je ne pensais pas que ça allait se passer comme ça.

« IL VA ME FALLOIR UN PEU DE TEMPS »

Est-ce que tu pourrais un jour penser au général du Tour de France vu tes qualités en montagne et en chrono ?
Peut-être un jour… Mais j’aime attaquer et prendre du plaisir à l'avant. Je n'aime pas vraiment me concentrer uniquement sur un général. Je viens d’avoir deux jours exceptionnels et si j’avais joué le général, j’aurais dû rester dans le peloton, à attendre. Et comme je l’ai dit, j’aime attaquer…

Que peuvent changer pour toi ces deux succès ?
Pour l’instant, j'avoue que je ne sais pas trop. Là, je suis toujours un peu sous le coup de l'émotion avec ces victoires. Je pense qu'il va me falloir un peu de temps pour vraiment réaliser quand je serai tranquille à la maison. Mais pour le moment, je profite juste du moment et pour le reste, on verra plus tard.

Ton statut va changer, notamment auprès du public français…
Je suis la première Française à gagner deux étapes de rang. Franchement, c'est top. Je ne réalise pas forcément comme je le disais. Hier, c'était incroyable. Aujourd'hui, je ne sais même pas trop ce qui s'est passé. Comme je le disais, tout est parti d'une blague. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai fait. J'ai joué le jeu jusqu'au bout. Je n'avais plus rien dans les jambes à la fin. Quand on dit qu'on pédale avec les oreilles, c'était vraiment ça aujourd’hui. Je n'avais vraiment plus rien mais on est sur le Tour de France. C'était juste à fond du début à la fin mais au final, ça l'a fait. C'est juste incroyable.

Le Tour n’est pas terminé… Tu es 2e au classement de la montagne avec 17 points, contre 29 pour Elise Chabbey…
Si j’arrive à l’avoir, ce serait un Tour de France parfait. Mais ce n'est pas mon objectif premier. Je pense que demain (samedi) on va se battre pour le classement général avec Dominika (Włodarczyk). Et ce sera plus important que le maillot à pois même si on ne sait jamais ce qui peut se passer.

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