Jordan Jegat : « Ne pas faire n’importe quoi »

Crédit photo Team TotalEnergies
Et s’il devenait l’une des principales attractions de ce Tour de France côté français ? À la bagarre lundi lors de l’étape auvergnate du 14 juillet, Jordan Jegat est actuellement dans le Top 15 du classement général de la Grande Boucle après dix journées de course. Satisfait de sa condition physique ces derniers jours après avoir tout fait pour passer entre les gouttes les premiers jours, le grimpeur du Team TotalEnergies va arriver dans son élément de prédilection, lors des étapes pyrénéennes. Avec quelles ambitions ? DirectVelo s’est entretenu avec l’ancien coureur de Locminé et du CIC U Nantes Atlantique, 26 ans, avant l’étape toulousaine.
DirectVelo : Avec le recul d’une journée de repos, quel bilan tires-tu des dix premières étapes du Tour de France ?
Jordan Jegat : J’essaie de n’en garder que le positif, à savoir notamment la journée bretonne et l’étape de lundi. Pour moi, ça allait clairement mieux à partir de l’arrivée en Normandie. Ce n’était pas évident les premiers jours, je n’ai pas pris beaucoup de plaisir, voire pas du tout, en réalité. C’était très tendu, très nerveux, avec beaucoup de chutes. J’ai essayé de ne pas prendre trop de risques et de rester au maximum à l’arrière, quitte à perdre du temps. Le but était surtout d’éviter de tomber. Depuis, je me sens bien. Les sensations sont bonnes.
N’as-tu pas laissé trop de jus sur le bord de la route lors de ces étapes stressantes et usantes nerveusement dans les Hauts-de-France ?
Non car l’objectif n’était pas du tout de jouer un général alors je me suis permis de trainer derrière. Dans ces cas-là, c’est quand même moins stressant, même si j’ai pris quelques cassures. Mais au moins, j’ai pu vivre ces étapes de façon un peu plus sereine.
« J'ESPÈRE QUE ÇA VA CONTINUER »
Physiquement, as-tu le sentiment d’être dans une condition optimale, comme peut le laisser penser ta performance de lundi ?
C’est compliqué à dire et à savoir. C’était l’étape qui me convenait le mieux depuis le départ du Tour. Je savais que je pouvais y performer. J’espère que ça va continuer ainsi. Il reste encore plein de belles étapes, même si ce sera très dur. Je ne pense pas pouvoir forcément m’accrocher longtemps au groupe maillot jaune mais je vais faire au mieux.
Au Dauphiné, tu semblais très marqué et particulièrement déçu par ta performance et tes sensations lors du chrono ardéchois. Qu’en a-t-il été cette fois-ci lors de l’effort en solitaire à Caen ?
Je voulais le faire à fond pour quand même garder une bonne place au général, pas trop loin non plus. L’idée était de potentiellement faire un coup à la Ben Healy sur les étapes suivantes, même si je ne pense pas être aussi fort que lui. J’ai changé ma position sur le vélo de chrono depuis le Dauphiné et j’avais de bonnes sensations à Caen. J’en suis content (43e à 3’15” de Remco Evenepoel, NDLR). Je vais continuer sur cette nouvelle position lors des prochains chronos, même si je ne deviendrai jamais un grand rouleur, mais autant prendre un minimum de plaisir dans l’exercice, c’est mieux.
« L’UN N’EMPÊCHE PAS L’AUTRE »
Tu pointes actuellement au 14e rang du classement général. Privilégies-tu toujours la quête d’une victoire d’étape malgré tout ?
Un peu des deux. L’un n’empêche pas l’autre, sauf si je prends de gros risques pour être devant sur une étape, je pourrais le payer derrière. Mais en étant intelligent, les deux sont possibles, comme l’a toujours fait un Guillaume Martin par exemple. Il est souvent remonté au général via des échappées en montagne. Je ne veux pas faire n’importe quoi. C’est sûr qu’un Top 15 au général serait bien, et pourquoi pas même se rapprocher du Top 10. Pour l’équipe, ce serait quelque chose de pas mal. Mais j’ai toujours l’envie et l’idée d’aller faire un gros coup sur une étape.
As-tu désormais la pression de confirmer, en quelque sorte, et de maintenir ce niveau jusqu’à la fin du Tour ? Ou as-tu le sentiment de ne pas être très surveillé ni attendu, bien que les médias généralistes s’intéressent désormais à tes performances - ce qui est nouveau pour toi - puisque tu es le deuxième français du général ?
Je ne ressens aucune pression, non. L’équipe n’avait pas du tout l’objectif de jouer le général en arrivant sur ce Tour. Et puis, je ne suis “que” 14e. Kévin (Vauquelin) est beaucoup plus regardé que moi. Je reste un coureur en second rideau et ça me va très bien. J’espère en profiter pour avoir une fenêtre de tir.
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