Ben Healy, dans son registre signature

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo

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Pour la première journée de ce Tour de France dédiée aux échappés, il fallait forcément s'attendre à une bataille de colosses pour prendre le bon coup du jour. Si le drapeau a été baissé par Christian Prudhomme à Bayeux, il fallait en fait attendre 22 kilomètres pour voir les fauves vraiment rugir. Le sprint intermédiaire de Villers-Bocage était la ligne d'arrivée des sprinteurs, mais la ligne de départ pour les costauds du jour. Et qui d'autre que Ben Healy et Quinn Simmons pour être les deux premiers attaquants du jour, deux spécialistes en la matière.

« C'EST MA FAÇON DE FAIRE »

Repris, puis repartis, puis accompagnés par d'autres... le peloton n'a abdiqué qu'une cinquantaine de kilomètres plus loin. Ben Healy, intenable, est encore dans le bon coup. Quinn Simmons aussi. Avec eux, un certain Mathieu Van der Poel, Simon Yates, récent vainqueur du Giro, mais aussi Eddie Dunbar, Will Barta, Michael Storer et Harold Tejada. L'Irlandais d'EF Education-EasyPost a déjà beaucoup donné sur la première partie de l'étape, amusant son coéquipier Alex Baudin à l'arrivée. "Quand il commence la journée comme ça, il a des cartouches illimitées. Il en mettait de partout au départ, c'est impressionnant qu'il fasse encore ça à l'arrivée en étant dans la première échappée, à deux pendant je ne sais combien de kilomètres".

Même le principal intéressé a bien cru en faire trop. "J'ai fait la course dès le début. J'ai sans doute lâché trop d'énergie pour prendre la bonne mais c'est ma façon de faire. Une fois devant, on a dû rouler dur toute la journée pour rester devant". Mais pour respecter complètement sa signature, l'Irlandais devait encore finir en solitaire, comme il l'a fait au Tour du Pays Basque cette année, au Tour de Slovénie l'an dernier, au Tour de Luxembourg, au GP Industria & Artigianato, mais surtout au Tour d'Italie 2023, la plus belle jusqu'à ce jeudi en Normandie. "Le Giro m'a ouvert les yeux. J'ai compris que je pouvais gagner et ça m'a motivé. Ça m'a aidé à créer ma façon de courir, ça paie aujourd'hui".

« J'AI GRANDI EN REGARDANT LE TOUR »

Car Ben Healy n'a pas attendu le final. À 40 kilomètres du but, le maillot rose est devenu un point rose à l'horizon pour ses sept compagnons d'échappée. "Je savais que je devais sortir du groupe pour avoir une chance de gagner. J'ai choisi le bon moment et les autres ont été un peu surpris. À partir de là, c'était à bloc et la tête baissée jusqu'à l'arrivée". Jusqu'à Vire Normandie, où il a franchi la ligne 2'44" devant Quinn Simmons. "C'est incroyable. C'est pour ça que j'ai travaillé. Pas seulement cette année, mais depuis toujours. C'était une des étapes que j'avais cochées avant le départ du Tour. J'ai grandi en regardant le Tour à la télé et j'ai rêvé d'être à cette place au moins une fois".

Ses coéquipiers ont pu profiter avec lui de la cérémonie protocolaire. De quoi donner des envies à tout le monde dans l'équipe, comme Alex Baudin, auteur d'un bon début de Tour de France. "On va encore célébrer ce soir tous ensemble. Ça met une super bonne spirale dans l'équipe, ça montre la voie. On va essayer d'aller en chercher une deuxième". D'autant que le Français et le vainqueur du jour sont d'une génération similaire. "Il n'a qu'un an de plus, ce n'est pas encore un coureur de grande expérience. Il est super discret, très humble, bosseur sinon il ne serait pas à ce niveau. C'est un super gars, je suis super content pour lui". Il n'y a plus qu'à l'imiter.

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