Dominique Serieys : « Un vrai plan stratégique »

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo
Comme annoncé par DirectVelo, la révolution se poursuit chez Decathlon AG2R La Mondiale. Plus que jamais, même, puisque l’effectif de la WorldTeam va changer en profondeurs entre 2025 et 2026. Et qui de mieux que le nouveau patron de la structure, Dominique Serieys, pour évoquer la direction prise par le groupe sportif ? DirectVelo a profité de sa présence à Lille, sur le Tour de France, pour faire le point avec un homme ambitieux, et qui pense à long terme. Entretien.
DirectVelo : Nous confirmez-vous la double volonté de l’équipe Decathlon AG2R La Mondiale de s’internationaliser encore davantage et de passer un nouveau cap sportif en 2026 ?
Dominique Serieys : La volonté dépasse 2026. Aujourd'hui, avec l'implication de nos partenaires et le travail mené, l’objectif est pour 2028-2030. On a établi depuis le début de l'année dernière un vrai plan stratégique, avec une année de construction, une année d'ambition, des périodes de consolidation, et ensuite des années de fortes ambitions. Par exemple, cette année, on s'était fixé un Top 10 sur Paris-Roubaix. La course était très disputée. On a flirté pendant un petit moment avec la 5e place et finalement, on a fait 7e. Pour une équipe comme la nôtre, c'était très bien. On travaille sur une structuration de l'équipe, c'est indéniable. Pour les ambitions qu'on peut avoir en 2026, 2027, 2028 et au-delà, l'équipe doit recruter. On est assez touchés de voir que beaucoup de nos coureurs sont sollicités et courtisés. Ça prouve bien qu'ils sont cotés. C'est toujours plaisant.
« L’IMMENSE MAJORITÉ DE L’EFFECTIF EST FIXÉ »
Mais pourquoi un tel renouvellement d’un coup d’un seul ?
Sur une équipe d’une petite trentaine de coureurs, vous en avez en moyenne entre sept et dix qui tournent. Il y a des coureurs qui arrivent à la fin de leur contrat, qui ont fini leur cycle de deux ou trois ans. Pour autant, les contrats signés sont de plus en plus longs dans le cyclisme moderne. Les relations avec les coureurs sont importantes, elles font partie de nos valeurs. On l’a vu l’an passé avec l’exemple de Ben O’Connor. Dès le Giro, l’information a été communiquée entre nous qu’il irait chez Jayco cette année. Et pourtant, il a continué de s’impliquer et a fait une superbe saison jusqu’aux Championnats du Monde. La relation que l’on a actuellement avec les coureurs qui ne continueraient potentiellement pas avec nous en 2026 doit être du même ordre qu’avec Ben. Je tiens à conserver d’excellentes relations avec tout le monde, quelle que soit la destination future d’un coureur. On a d’excellents rapports entre nous. Mais ces changements, c’est une évolution logique de l’équipe.
En ce début de mois de juillet, tous les coureurs de l’équipe savent-ils de quoi leur avenir sera fait, ou reste-t-il des cas qui ne seraient pas définitivement tranchés ?
L’immense majorité de l’effectif est fixé. Il en reste deux dans le doute, c’est lié à des situations particulières. Le premier, c’est Geoffrey Bouchard, qui a eu un grave accident sur le Giro. Le second, c’est Victor Lafay, qui a également été blessé assez longtemps. Dans ces cas-là, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Ce que l’on souhaite en premier lieu, c’est leur réhabilitation et leur retour à la compétition. Ils ont vraiment envie d'apporter à l’équipe, et de performer. On a convenu avec eux qu’une décision serait prise, au plus tard, durant la première quinzaine de septembre. De manière générale, j’ai eu un entretien personnel avec chacun des coureurs de l’effectif. C'est important en tant qu'employeur et patron d'une équipe, que l’information ne vienne pas au travers d’un agent.
« ON EST ACTUELLEMENT SUR UNE ANNÉE DE CONSOLIDATION »
En juin dernier, vous avez coupé court à la rumeur d’une arrivée de L’Oréal en tant que nouveau partenaire majeur de l’équipe…
Je ne peux pas en parler parce que ça faisait partie d'un des prospects potentiels et sur lequel ça n'a pas abouti.
On a quand même le sentiment que Decathlon-AG2R La Mondiale cherche, dans un avenir proche, à se rapprocher sérieusement des meilleures équipes mondiales…
Vous avez une bonne impression, parce que ça fait partie des objectifs. Je rappelle la situation en fin d’année 2023 : quand je suis arrivé, on était 17e du classement UCI, avec 50 points d’avance seulement sur le 18e. L'année dernière, on a fini 6e. On est actuellement sur une année de consolidation. On veut atteindre le Top 10 cette année. On sait aussi qu'il y a une rotation de nos équipiers, de nos coureurs et on souhaite, oui, le Top 5 mondial, très prisé, dans les prochaines années. On parle ici de 2027, 2028… 2030.
Est-il nécessaire de réduire le nombre de coureurs français au sein de l’effectif pour espérer atteindre ce Top 5 ?
On est une équipe française, et on veut aussi être accompagné de coureurs internationaux. C’est aussi important pour nos partenaires. Decathlon est présent dans 70 pays, avec pas moins de 110.000 collaborateurs. Le rayonnement est aussi important en Chine, comme il peut l'être en Allemagne, en Italie… Cette internationalisation, c'est vraiment un beau projet avec une vraie stratégie définie, structurée, élaborée, que l'on suit et que l'on respecte. Au fil des années, on va continuer à travailler pour un objectif qui doit nous emmener jusqu’en 2030. Par exemple, pour parler du territoire et des objectifs à venir, il y a la volonté à terme de remporter Paris-Roubaix. Pour cela, vous devez recruter les meilleurs. On va donc continuer de travailler, avec humilité, en respectant nos concurrents et en ayant conscience de la difficulté de la tâche. On est motivés.
