« Ce n’est pas une question de survie » pour la Lotto

Crédit photo Philippe Pradier - DirectVelo
Alors que le Tour de France débute ce samedi, la formation Lotto arrive avec plusieurs points d'interrogation autour de ses leaders, surtout Arnaud De Lie et Lennert Van Eetvelt, qui ont connu une première partie de saison en dents de scie, le tout dans un contexte où la ProTeam belge recherche un co-sponsor pour 2026 pour avoir les reins plus solides lors de leur retour (quasi acté) en WorldTour.
Sans nier l'importance d'avoir un budget supplémentaire, le manager Stéphane Heulot ne veut pas dramatiser la situation. "Nous ne sommes pas dans un cas comme Arkéa-B&B Hôtels, qui perd ses deux partenaires majeurs. Ce n'est pas une question de survie", précise-t-il d'emblée à DirectVelo. "Nous avons toujours le soutien de Lotto. Orbea a un deal avec nous jusqu'en 2028, et Caps va renforcer son soutien l'année prochaine". Le Français vise un budget de 30 millions d'euros. "Le but n'est pas de devenir les plus riches du monde. Si on arrive à 20-25 millions d'euros, on fera avec. Nous nous adapterons avec intelligence aux moyens que nous aurons. Nous avons plusieurs scénarios intéressants sur le papier. J'espère que cela va pouvoir aboutir à quelque chose prochainement".
PAS (ENCORE ?) DE PROJECTION CLAIRE ET LIMPIDE POUR 2026
Stéphane Heulot sera d'ailleurs présent jusqu'à Laval - huitième étape - avant de travailler à son bureau puis revenir pour la dernière semaine. "Nous ne sommes pas les maîtres du temps. Je dois respecter les processus de décisions des entreprises. Vous voyez aussi ce qui se passe dans le monde en ce moment, n'est-ce pas ? De nombreuses entreprises sont touchées. Le sponsoring sportif n'est donc pas leur priorité. Cela ne m'empêche pas d'être optimiste et réaliste pour le futur”.
Bien entendu, il aurait souhaité voir son équipe plus performante sur la première partie de saison 2025, alors que l’équipe ne compte que trois succès depuis le début de l’année, aucun en WorldTour. "À un moment donné, j'avais neuf gars indisponibles en même temps. Que voulez-vous faire dans cette situation ? Vous ne pouvez pas avoir une prise sur les chutes et les maladies”. Voilà d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé Stéphane Heulot à recruter Elia Viviani. "Il voulait encore courir. Il n'avait pas de contrat. Il a signé à un prix modéré. Il est encore performant et apporte son expérience". Fera-t-il encore partie de l'aventure en 2026 ? "Il ne sait pas encore. Il ne veut pas faire l'année de trop. Moi, je veux le conserver”, ajoute celui qui envisage également voir l’Italien rejoindre le staff et intégrer, plus précisément, un pôle sprint. “Nous pouvons être plus efficaces dans le domaine de la performance”.
Ce qui ennuie l'ancien maillot jaune, c'est de ne pas connaître à l'avance la lecture de son budget pour 2026. "Pour le moment, nous avons 22 coureurs pour la saison qui arrive. Nous ne sommes pas en mesure de déterminer une marge de manœuvre pour le recrutement de coureurs chevronnés”. Ainsi, le recours à la structure de développement est plus que jamais salutaire. Matys Grisel, Jarno Widar, Mathieu Kockelmann et Milan Donie seront en WorldTour en 2026. Stéphane Heulot n'ignore pas que son effectif sera très jeune. "Je sais que nous risquons de devoir aligner de jeunes coureurs sur des épreuves WorldTour. C'est pourquoi il faudra être attentif à leur apprentissage et leur développement, tant physique que mental”.
PAS D’ILLUSIONS POUR JARNO WIDAR À LONG TERME
Pas question de remettre la licence WorldTour en question. "Ce serait courir le risque de rater le Tour de France”. Kurt Van de Wouwer ajoute : “Je crois qu'on ne ferait pas tâche en WorldTour”. Et à Stéphane Heulot de poursuivre : “Si nos leaders sont épargnés, il n'y a pas de raisons que nous soyons en difficulté". D’autant que la structure belge compte en Jarno Widar un potentiel grand leader d’avenir. "Jarno est très bien chez nous. Il reçoit tout le soutien possible. Quand il va exploser, je sais que les grosses écuries arriveront avec leur argent. J'espère qu'il restera le plus longtemps possible chez nous. Si jamais il devait partir, ce sera à nous d'anticiper en ayant un autre jeune, prêt à le remplacer”, concède Kurt de Wouwer, fataliste sur l’avenir à long terme de son jeune talent. “Des Jarno Widar, tu n'en as pas chaque année".
Pour ce Tour de France, Stéphane Heulot affiche des ambitions réalistes. "Arnaud De Lie a retrouvé la forme, il lui manque la confiance et les repères. Lors du récent Tour de Suisse, il a vraiment abattu un énorme boulot qui est assez logiquement passé inaperçu aux yeux du grand public. Nous avons Jenno Berckmoes pour les étapes intermédiaires et Lennert Van Eetvelt va se tester sur le classement général. Son moral en a pris un coup avec la chute au Championnat de Belgique, on ne se fixe pas d’objectif de place. Il faudra voir comment il va sortir des dix premiers jours”.
Alec Segaert et Arjen Livyns n’ont pas été retenus. "Nous avons fait en fonction des profils. Il fallait quelqu'un pour aider Lennert en montagne. C'est pourquoi nous avons pris Eduardo Sepulveda. Nous avions besoin d'un train pour Arnaud De Lie. L'absence d'Alec Segaert n'est pas due à son départ en 2026, assure Kurt Van de Wouwer, sinon, en suivant la même logique, on n’aurait pas emmené Brent Van Moer”. Le Belge doit en effet rejoindre la ProTeam Q36.5 la saison prochaine.