Est/Ouest, le match plus ouvert que jamais

Crédit photo Chloé Silly

Crédit photo Chloé Silly

Outre Titouan Margueritat, titré l'an dernier en tant que coureur du Centre-Est, il faut remonter à 2018 et la victoire de Geoffrey Bouchard pour trouver la trace d'un maillot bleu-blanc-rouge dans l'aile Est du pays. Mais cette année, le rapport de force est peut-être en train d'évoluer. "De ce que je vois, l'Est a l'air un peu meilleur. Mais vu que c'est un parcours dans l'Ouest... Le Championnat de France est plus souvent chez eux que chez nous. On va essayer de rétablir la situation l'an prochain", projette Antoine Bravard, de Charvieu-Chavagneux. "Les Championnats ne sont peut-être pas encore assez durs pour que l'Est gagne, parce qu'ils ne sont pas obligatoirement dominateurs quand ils viennent chez nous. Mais on ne va pas chercher le pourquoi, c'est juste qu'ils sont meilleurs que nous à ce moment-là", ajoute Denis Repérant.


Avec Cre'Actuel-Marie Morin-U 22, Morbihan Adris GOA et Sojasun espoir-ACNC qui ont mis le clignotant, l'Ouest a perdu de sa superbe. "Il y a moins de niveau en Bretagne cette année, c'est sûr. Avant, quand on regardait le classement DirectVelo, il y avait toujours du Grand Ouest dans les dix premiers. Les Bretons seront loin d'être les favoris", note Sébastien Cottier, directeur sportif de Dinan. "L’arrêt des trois DN en deux ans a redistribué les cartes", ajoute Pascal Harnois, de Loudéac. Du coup, le VC Rouen 76 surdomine les courses de l'Ouest, tout comme le Challenge DirectVelo. "C'est dommage qu'il y ait moins d'équipes en Bretagne. C'est une terre de vélo, la région du cyclisme. C'est une alerte sur l'état du cyclisme français. Maintenant, on a la chance d'avoir un bon groupe. D'année en année, on progresse, on se structure. Tous les ans, on monte une marche. Maintenant, on sait que ça peut être cyclique", analyse Jean-Philippe Yon.

PLUS DE FACILITÉS À MARQUER DES POINTS À L'OUEST

Peut-être qu'à terme, cette nouvelle hégémonie normande relancera la dynamique bretonne. "J’aime bien, ça permet à nos garçons de progresser. Si on ne court qu’entre Bretons, on ne progresse pas non plus. Il y a quelques années, quand Johan Le Bon était redescendu chez les amateurs, ça a permis à des Mathis Le Berre ou Ewen Costiou, qui étaient dans mon équipe à l'époque, de progresser aussi", se rappelle l'ancien directeur sportif de Côtes d'Armor. Loudéac essaie de se mettre au niveau aussi. "En début de saison, ils sont venus régulièrement avec un seul front. Concernant Loudéac, on a un effectif très jeune, donc on était derrière, on ne pouvait pas forcément rivaliser, mais ça commence à changer depuis un petit mois".

Du côté de l'Est, on voit l'aspect comptable. "Le fait qu'ils aient moins de DN joue pas mal sur le classement annuel, parce qu’ils ont des courses un peu plus ouvertes et plus d’Élites Nationales, donc c'est un peu plus facile de marquer des points. De notre côté, on court avec notre niveau toutes les semaines et puis on n'est pas malheureux de ça", considère Antoine Bravard. Car à l'Est, il y a maintenant plus de densité dans les plateaux. "Pour Dijon, Besançon, ou nous, il y a toujours une rivalité, mais comme avec les autres. L'Ouest a élevé le niveau de tout le monde. Chez nous, les courses sont directement à 2-3 heures, et on va vite se retrouver avec toutes les équipes de l'Est, que ce soit Bourg, Villefranche, ou Aix, sur des courses qui sont assez dures. On marque moins de points à cause de ça", note Benjamin Vidal, le technicien du CC Etupes.

DES PROFILS DE COURSES ET DE COUREURS DIFFÉRENTS

Benjamin Vidal soulève un autre point. Les courses entre l'Ouest et l'Est ne sont pas tout à fait les mêmes. "Les courses plus accidentées sont plus sur l'Est ou le Sud-Est de la France. Ce ne sont pas les mêmes coureurs et les profils des courses sont différents. On a des groupes plutôt axés routiers/sprinteurs chez nous. D'ailleurs, on aimerait bien se renforcer un petit peu dans le domaine puncheurs/grimpeurs. L'idée n'est pas de privilégier l'Ouest ou l'Est, mais c'est d'être capable de faire un calendrier équilibré pour tout le monde", détaille Jean-Philippe Yon. "Dans le Grand Ouest, ça fait souvent la course kilomètre zéro jusqu'à l'arrivée. Dans l'Est, on a tendance à dire que souvent c'est une échappée qui part, puis après on est plus en gestion", ajoute Sébastien Cottier, alors que Pascal Harnois voit l'Est "beaucoup plus en concurrence".

Antoine Bravard est d'accord avec le directeur sportif loudéacien. "Ce sont des courses bien plus ouvertes dans l'Ouest, ça arrive plus souvent en échappée. Dans l'Est, cette saison, il y a plus de grosses équipes, c'est un peu plus dur de faire la différence". Au Championnat de France, tout le monde aura son mot à dire. "Ce sera quand même différent de ce qu'on peut trouver en AURA où c’est plus difficile au niveau des bosses, ça va être ouvert", estime Denis Repérant. "Quand tu es dans l'échappée, tout le monde appuie sur les pédales et personne ne se regarde, contrairement aux autres courses. Derrière, on a toujours du mal à trouver des équipes pour s'organiser parce que les coureurs veulent garder leur chance. C'est un scénario souvent différent", pense Jean-Philippe Yon. "À nous maintenant d'essayer de faire mentir la statistique pour qu’un gars de l’Est gagne", conclut Guillaume Souyris. Car peu importe la région, le nouveau Championnat de France l'aura mérité.

Où en est le niveau Amateur ?

Mots-clés

En savoir plus