Montées/Descentes : Cofidis a son destin en main

Crédit photo A.S.O / Billy Ceusters

Crédit photo A.S.O / Billy Ceusters

C’est l’un des grands enjeux de cette saison 2025. Au terme de l’année en cours, de nouvelles licences WorldTour seront accordées aux 18 meilleures formations mondiales du classement UCI des trois derniers exercices, et ce pour une durée de trois nouvelles saisons. Si les structures Intermarché-Wanty (16e) et PicNic PostNL (17e) pourraient potentiellement finir par se retrouver concernées par l’enjeu du maintien en cas de performances très en-deça de leurs attentes ces prochains mois, la tendance actuelle semble plutôt laisser imaginer une bataille à quatre, pour une seule place parmi l'Élite, entre Arkéa-B&B Hôtels, Cofidis, Uno-X Mobility et XDS-Astana. DirectVelo a profité de sa présence sur les six premières courses professionnelles de la saison dans le sud de la France, du GP La Marseillaise à Paris-Nice, pour prendre la température et faire le point avec chacune de ces quatre structures.

Quatrième et dernier volet ce dimanche avec l’équipe Cofidis. Sur le papier, les Nordistes ne sont pas les plus en danger, puisque toujours dans la position du dernier maintenu, avec encore un matelas relativement confortable face aux Kazakhs, aux Norvégiens et aux Bretons (voir classement à la fin de l'article). Mais la prudence est de mise comme nous l’ont confirmé le manager Cédric Vasseur, ses directeurs sportifs et plusieurs coureurs.

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C’est un classement qui a pu interpeller les plus fins observateurs. En milieu de semaine, lors de la Nokere Koerse, la formation Cofidis a placé trois éléments dans le Top 15, au sprint : Milan Fretin (4e), Piet Allegaert (6e) et Alexis Renard (12e). Un manque de cohésion et de compréhension dans le final ? Pas du tout. Une stratégie « à la Astana » pour récolter un maximum de points UCI. “Sur certaines épreuves, il s’impose de sprinter à plusieurs coureurs, malheureusement. Ce n’est pas la chose la plus évidente à faire et il y a toujours une frustration dans le bus pour certains mais les garçons doivent adhérer au système, il n’y a pas le choix”, explique Thierry Marichal. “Pour autant, ça ne se fait pas sur toutes les courses car ce serait parfois plus pénalisant que bénéfique. Mais sur une arrivée en bosse à la pédale comme celle-ci, il y avait plus de libertés.  Ça s'y prêtait bien, d’autant que Piet Allegaert fait le boulot tous les week-ends pour Milan Fretin, c’est un travail ingrat et il était normal de lui laisser cette liberté sur une course qu’il aime et qu’il avait cochée”, poursuit le directeur sportif belge, avant de donner un exemple contraire. “Au GP Monseré, sur une arrivée hyper technique, on avait besoin d’un train et on n’a pas procédé de cette façon-là”.

« ON NE VEUT PAS FLIRTER SANS CESSE AVEC LA ZONE DE RELÉGATION »

Il serait d’ailleurs caricatural, à ce stade de la saison, de laisser penser que Cofidis vise régulièrement les tirs groupés. “Sur le début de saison, ce n’est pas l’objectif d’assurer des points. Peut-être que ça le deviendra à un moment donné mais on veut d’abord se fixer l’objectif de gagner des courses en priorité. Maintenant, si on est trop menacés, on fonctionnera plus souvent comme ça en effet”, assure Jean-Luc Jonrond, autre DS de la WorldTeam. Pour assurer son maintien en première division mondiale ces trois prochaines années, les rouge-et-jaune ont changé l’effectif et le staff en profondeur à l’intersaison. Une situation totalement assumée par le manager général Cédric Vasseur. “On a pris la mesure de la situation. On s’est posés, on a analysé, on a restructuré l’équipe, avec de nouveaux coureurs qui emmènent une nouvelle impulsion. On a pris le problème à bras le corps”. Cette situation d’une équipe qui joue le maintien, Cédric Vasseur aimerait ne plus la vivre à l’avenir. “L’équipe doit être aux alentours des 12 ou 13e places mondiales à terme, on ne veut pas flirter sans cesse avec la zone de relégation”, confiait-il à DirectVelo en marge du Tour des Alpes-Maritimes.

Du côté des coureurs et plus particulièrement des recrues phares du collectif, on a bien conscience de l’enjeu et on assume ses responsabilités, sans se focaliser spécifiquement sur le classement mondial. “Je sais que l’équipe compte sur moi pour les points UCI, notamment pendant toute la période de Classiques, déclare Dylan Teuns, mais je ne veux pas non plus bloquer là-dessus. Je compte jouer la victoire et c’est en allant chercher la gagne que je marquerai de gros points pour l’équipe, je l’espère”. Même son de cloche du côté de son nouveau partenaire Alex Aranburu. “Je viens ici pour gagner, pour jouer le haut du tableau sur les plus grosses courses. Si je peux aider l’équipe à se maintenir, tant mieux, mais si j’ai choisi l’équipe c’est parce que j’ai des amis dans le groupe et que je sais que je vais me sentir bien ici pour gagner des courses, pas juste marquer des points”, lâchait l’Espagnol en marge des Boucles Drôme-Ardèche.

« IL Y A UN NOUVEAU CYCLE »

Milan Fretin fait clairement partie des coureurs qui doivent « scorer », raison pour laquelle il est aligné sur un maximum de courses d’un jour ces dernières semaines, des épreuves qui rapportent bien plus de points que les étapes de courses d’une semaine. “Il peut parfois être bien aussi d’avoir deux sprinteurs sur une compétition mais la priorité pour l’équipe est de se maintenir en WorldTour et de marquer un maximum de points UCI. Il est donc normal que l’on répartisse nos chances et nos forces sur plusieurs fronts le plus souvent possible”, répond le Flamand lorsqu’on évoque le fait qu’il ne croisera que très peu Bryan Coquard en compétition cette année.

Alors que la Cofidis avait attendu le mois de mai et le Tour d’Italie pour ouvrir son compteur l’an passé, l’équipe affichait déjà quatre succès fin février cette fois-ci. De quoi parfaitement lancer la saison et pour les coureurs, ces victoires signifient bien plus que des points UCI. “Lancer l’équipe sur de bons rails, c’est top, mais je ne sais pas vraiment si c’est un sujet, ces points UCI… Ce qui compte, c’est qu’on gagne vite et qu’on lance une bonne dynamique alors je suis simplement heureux pour le groupe”, confiait Valentin Ferron - une autre recrue hivernale - après sa victoire au GP La Marseillaise. “On a changé des choses, il y a un nouveau cycle, c’est bien. Il faut continuer ainsi”, synthétise brièvement Anthony Perez.

ASTANA ? « JE NE PENSE PAS QU’ILS TIENNENT CE RYTHME-LÀ »

2e à Cholet ce dimanche, Benjamin Thomas confiait la semaine dernière que son programme de course a été en partie construit pour jouer le maintien. Sans en faire toute une affaire malgré tout. “Il y a quelques petites adaptations. Je vais faire pas mal de manches de Coupe de France pour ramener des points, ça a été calé cet hiver et ça me va très bien. Mais l’idée de descendre ne m’inquiète pas trop. Je pars du principe que si on fait une bonne saison, on n’aura pas à s’en préoccuper. Maintenant, il faut y prêter attention quand même, on sait bien que lorsqu’on ne peut pas jouer la victoire, il faut penser aux points et donc se battre pour les places d’honneur, mais ça s’arrête là”. Alors que beaucoup se disent épatés - voire inquiets - du début de saison des XDS Astana, le Champion olympique tient à relativiser. “C’est une équipe qui partait de loin et avait besoin de faire un gros début de saison. Ils ont fait des stages en altitude pour arriver à un pic de forme sur les toutes premières courses. Je ne pense pas qu’ils tiennent ce rythme-là toute l’année. Ils avaient besoin de se donner de l’espoir en grappillant des places très vite mais la saison sera longue”, pense-t-il.

“Le début de saison d’Astana a rebattu les cartes quand même, tout peut arriver”, lance pour sa part Thierry Marichal. “On ne doit pas être inquiets, mais vigilants”. Jimmy Engoulvent, quant à lui, ne veut pas se focaliser exclusivement sur les Kazakhs. “On fait notre parcours. Si on continue à marquer des points et à gagner des courses, je pense qu’on ne sera pas vraiment en danger même si Astana est très fort et pourrait nous passer devant s’ils continuent à ce rythme-là. Mais on peut aussi en passer d’autres, ce n’est pas interdit. On a notre destin en main. Ce qui est sûr, c’est qu’il va y avoir bataille”. Le sujet reste régulièrement dans la tête des membres du staff, qui n’oublient pas de regarder la mise à jour du classement chaque mardi. Mais pas question d’en faire de trop avec les athlètes. “Il ne faut pas mettre la pression aux coureurs tout le temps, ils ont déjà suffisamment la pression”, ajoute Jean-Luc Jonrond, avant que le manager, Cédric Vasseur, ne termine : “certaines équipes dominent alors qu’elles étaient inexistantes l’année dernière. D’autres, à l’inverse, sont maintenant en difficulté. À nous d’être suffisamment réguliers et performants mais j’ai confiance et, encore une fois, nous visons mieux qu’une 18e place mondiale”.

Le classement technique au 18 mars 2025 :
16. Wanty-Intermarché 21.306 pts
17. PicNic PostNL 19.866 pts
18. Cofidis 19.677 pts 
19. XDS Astana 17.203 pts 
20. Uno-X Mobility 17.149 pts 
21. Arkéa-B&B Hôtels 16.984 pts 
22. TotalEnergies 11.908 pts 
23. Tudor 10.317 pts

Le classement UCI au 18 mars 2025 :
1. UAE Team Emirates XRG 5157 pts
2. XDS Astana 3583 pts
3. INEOS Grenadiers 3083 pts
4. Red Bull-BORA-Hansgrohe 2667 pts 
5. Lidl-Trek 2446 pts
6. Movistar 2404 pts
7. Bahrain Victorious 2302 pts
8. Visma-Lease a Bike 2022 pts
9. Soudal-Quick Step 1991 pts
10. Tudor 1798 pts
11. Decathlon AG2R La Mondiale 1764 pts
12. Q36.5 1657 pts
13. Uno-X Mobility 1642 pts 
14. Israel-Premier Tech 1581 pts
15. Jayco-AlUla 1425 pts
16. Groupama-FDJ 1419 pts
17. EF Education-EasyPost 1412 pts
18. Cofidis 1350 pts
19. TotalEnergies 1239 pts
20. PicNic-PostNL 1118 pts
21. Alpecin-Deceuninck 1069 pts
22. Arkéa-B&B Hôtels 1020 pts
23. Intermarché-Wanty 899 pts
24. Burgos-Burpellet-BH 820 pts
25. Lotto 654 pts 

 

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