Michel Callot : « Nous gérons cette fédération en respectant les règles »
Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo
DirectVelo a publié des extraits du rapport de la Cour des Comptes qui a contrôlé la situation de la FFC entre 2018 et 2023, comme elle le fait régulièrement pour toutes les fédérations sportives (lire ici). Michel Callot, le Président de la FFC, a souhaité réagir à la publication de ce rapport.
DirectVelo : Est-ce que vous contestez le rapport de la Cour des Comptes ?
Michel Callot : Pas du tout, au contraire. Il y a un travail de fond qui pointe des sujets d'amélioration, et il y en a toujours, forcément. Simplement, ce qu'on trouve, et on l'a écrit, puisqu'on a eu la possibilité de faire une réponse qui est publiée, on estime que le jugement est un peu sévère sur la situation financière au regard d’où nous revenons. Il ne faut pas non plus oublier le contexte. Au milieu de tout ça, il y a eu le Covid. Nous avons tout de même mis en place des actions de relance jusqu'à l'abandon d'une partie significative des retours sur les droits d'engagement pour les clubs organisateurs. On a essayé de porter tout ça, et également de porter la croissance de la fédération sur le développement, tout en reconstituant des fonds propres (ce que note le rapport, pour les fonds propres, NDLR). Donc, on ne conteste absolument pas ce qu'il y a dans le rapport, mais plutôt on regrette de ne pas le voir plus mis en lien avec une stratégie assumée et mesurée de pouvoir reconstituer ses fonds propres, mais à un rythme qui ne bloque pas le développement de la fédération, le soutien qu'elle peut apporter aux organisateurs et sa capacité à traverser les crises aussi. On a souligné quelques sujets de contexte qui nous paraissent importants. On a des activités pour lesquelles on considère qu'on pourrait avoir plus de soutien des pouvoirs publics.
À quel niveau ?
On est très peu consommateur en équipement si on regarde l'ensemble de notre activité même si bien sûr il y a les vélodromes et les pistes de BMX. Du coup, on aimerait être un petit peu plus soutenu par les pouvoirs publics dans l'ensemble de nos actions. C'est un point qu'on a fait ressortir à la Cour de Comptes. Dans notre pays, il ne faut pas négliger une organisation du sport un peu particulière avec des fédérations affinitaires. Ça pèse particulièrement dans notre dynamique, et donc au bout du compte, dans nos finances. En étant moins nombreux, on a forcément moins de licences.
« NOUS AVONS BIEN COMPRIS L’INJONCTION DE LA COUR DES COMPTES »
Si on reprend les différentes recommandations, lesquelles sont rapidement applicables ?
Alors, si on balaie un petit peu les différentes recommandations, quand on nous dit qu'il faut renforcer la communication interne et faire mieux connaître des dispositifs comme le comité d'éthique, on est entièrement d'accord avec ça. C'est toujours un petit peu notre souci d'arriver à ce que nos messages arrivent bien jusqu'à la cible. On ne peut pas être contre cette recommandation et améliorer nos actions en la matière paraît logique. La deuxième recommandation s'adresse plutôt à nos partenaires de la direction des sports et à l'ANS, puisque ce sont eux qui provoquent ces bilans sur les contrats de développement et de performance. On y répond chaque fois quand on est sollicité, voire même on sollicite nous-mêmes des rendez-vous, notamment avec l'ANS. De notre côté, je ne vois pas vraiment ce que nous pourrions faire de plus à ce sujet.
Il y a aussi des recommandations comptables…
On n'avait pas opté pour le plan comptable associatif parce que ça nous paraissait un peu accessoire. Ça ne change pas fondamentalement les choses mais c'est une grosse opération, par contre, à mettre en place au niveau des services. Nous avons bien compris l'injonction de la Cour des Comptes et on va le faire. Mais, concrètement, pour nos membres, je pense que ça sera à peu près transparent comme opération. Sur tout le contrôle interne et en particulier le contrôle en lien avec la situation financière des comités régionaux, nous avons des actions en cours sur le sujet. C'est là aussi assez logique d'avoir cette recommandation et d'essayer de renforcer, notamment d'harmoniser les présentations comptables avec les comités régionaux. Ça, c'est un point de progrès.
Le rapport demande aussi plus de clarté autour de la filiale de la FFC, France Vélo Evénements…
L’information devra bien sûr exister, mais il fallait d'abord mettre en route la société qui vient tout juste de boucler son premier exercice. Donc il fallait le temps de l'installation. Mais bien sûr, les communications se feront sur cette filiale.
La Cour des Comptes vous recommande aussi de poursuivre le redressement financier…
C'est ce qu'on essaie de faire année après année. C'est là où il y a un petit écart de vue avec la Cour des Comptes. Nous considérons le faire à un rythme soutenable pour l'ensemble de la fédération. Nos budgets sont tous présentés avec un excédent raisonnable, excepté en 2023, dans la période pré-Olympique, où on a eu un petit dérapage, mais quand même très limité. On se satisfait de ces résultats positifs, donc résultat positif par résultat positif, c'est ce qui augmente petit à petit les fonds propres de la Fédération. Je pense qu'il faut continuer cette trajectoire à notre rythme.
Le rapport demande un plan stratégique sur cinq ans pour les finances, est-ce-que c'est compatible avec le rythme électoral des fédérations sportives ?
Pas vraiment. On fait un plan qui est associé à notre plan de mandat, donc sur quatre ans. Après, ça dépend un petit peu des sujets. Par exemple, on va avoir un gros sujet avec l'investissement sur Trappes, avec l'aménagement et l'intégration des locaux. Forcément, la planification dépasse le mandat. Il y a un principe de continuité. Il y a certains sujets qui peuvent se planifier à moyen et long terme, comme quand la Fédération s'est installée au vélodrome. Ça a forcément impacté l'avenir mais on ne peut pas préempter sur ce que seront les budgets de la prochaine équipe en place en 2029. Il reviendra à la prochaine équipe d'établir son plan quadriennal et d'essayer de le respecter.
« ON SAIT PRENDRE DES RISQUES ET LES TRANSFORMER FAVORABLEMENT »
Finalement, ce rapport est plutôt favorable à la FFC…
Il y a quand même eu un an d'investigation. Des milliers de documents ont été fournis. C'est un travail très approfondi. Et globalement, à la fois le travail en lui-même et la relation avec les magistrats se sont bien passés. Je crois que nous avons joué le jeu en étant très transparents dans les documents remis. Ils l'ont souligné plusieurs fois. Les conclusions, pour moi, ne sont pas négatives du tout. Un audit de la Cour des Comptes vise également, le cas échéant, à identifier d'éventuelles irrégularités. Et moi, mon premier élément de sérénité, c'est que ce rapport ne traduit aucune irrégularité. Cela signifie que nous gérons cette fédération en respectant les règles et en essayant de le faire avec le maximum de bon sens. Je pense que l'expression consacrée “comptes sincères et réguliers” traduit au moins notre sincérité dans l'exercice de la gestion fédérale. On peut avoir des visions un petit peu différentes, c'est ce qu'exprime le rapport sur la notion de sécurité, le rythme auquel on se met à l'abri… C'est un peu logique qu'une Cour des Comptes soit plutôt encline à être très prudente. Si j'avais à faire ressortir quelque chose dans ce qui nous a permis la reconstruction de nos fonds propres, c’est qu'on sait prendre des risques et les transformer favorablement. Je pense en particulier à tout le champ événementiel qui a largement contribué à ce qu'on puisse reconstituer nos fonds propres, notamment l'opération Jeux Olympiques. Il y a à chaque fois quand même des prises de risques et je pense que pour l'avenir, il faudra continuer à en prendre de manière réfléchie et mesurée, et essayer de faire en sorte qu'ils se soldent favorablement.
Qu’est-ce que ce rapport peut bouleverser par rapport à votre programme électoral ?
Par rapport à notre plan d'action, ça ne bouleverse rien. Ça va nous amener bien évidemment à intégrer les recommandations. Et puis à être encore plus vigilant de notre côté à ce que nos budgets excédentaires soient bien atteints. C'est important parce qu'on continue donc à augmenter progressivement ces fameux fonds propres pour laisser une fédération la plus abritée possible à la fin de ce mandat.