L’épatant 11/11 de Tim Torn Teutenberg

Crédit photo Xavier Pereyron

Crédit photo Xavier Pereyron

Il est l’un des coureurs les plus impressionnants de cette première partie de saison dans la catégorie Espoirs. 3e du Grand Prix de Valence (1.1) d’emblée face aux pros - seulement battu par Dylan Groenewegen et Bryan Coquard, excusez du peu -, Tim Torn Teutenberg compte un remarquable total de onze Top 10 - et même onze Top 7 - en… onze jours de course depuis le début de saison. En Classe 1 face aux WorldTeams comme au niveau inférieur, le sociétaire de la nouvelle réserve de Lidl-Trek ne cesse d’impressionner. Fin mars, l’Allemand a livré une performance XXL lors de l’Olympia’s Tour en étant dans tous les bons coups, chaque jour, pour remporter une épreuve où il s’était cassé le poignet l’an passé. DirectVelo est parti à la rencontre d’un athlète qui devrait prochainement rejoindre le plus haut niveau mondial. Entretien.

DirectVelo : Te surprends-tu lors de ce début de saison ?
Tim Torn Teutenberg : Oui et non. Pas vraiment, en fait. Avant même les premières courses, je savais que j’avais passé un cap cet hiver, je l’ai vu via mes données de puissance. L’an passé, j’ai fait une saison moyenne, en dessous de mes espérances et de ce que je pouvais réaliser. Cette fois-ci, je montre simplement mon vrai niveau et ça fait du bien.

« LE BUT EST DE FAIRE UNE LONGUE CARRIÈRE, STABLE »

Comment expliques-tu cette saison moyenne en 2023 ?
Chez Leopard, nous avions un très gros groupe avec beaucoup de bons coureurs. Je n’ai pas réussi à m’affirmer parmi les meilleurs d’entrée et finalement, je me suis vite retrouvé cantonné à un rôle d’équipier. Forcément, quand tu fais le travail en amont, c’est compliqué d’aller faire des résultats en fin de course. En plus, je me suis cassé le poignet sur l’Olympia’s Tour, même si j’ai réussi à finir la course malgré tout. Mais il m’a manqué pas mal de choses, y compris de la réussite.

C’est un sacré clin d'œil de remporter, un an plus tard, ce même Olympia’s Tour après t’être montré au-dessus du lot toute la semaine sur cette Classe 2 !  
Je venais clairement pour gagner la course. Je savais qu’il y aurait un gros niveau, des collectifs solides, et j’avais peur de me faire piéger alors je suis allé devant dès le deuxième jour. J’ai pris le maillot et à partir de là, j’ai considéré que la meilleure défense serait l’attaque. C’est pour ça que j’ai continué de suivre les gros coups tous les jours. Et ça a bien marché. Mon seul regret, c’est d’avoir loupé une victoire d’étape. Lever les bras sur la ligne, c’est encore autre chose, un sentiment plus fort que celui de remporter le général. C’est mon prochain objectif, j’ai envie de lever les bras sur une ligne d’arrivée. Et plutôt plusieurs fois qu’une seule si possible. 

Tu es actuellement dans ta dernière saison Espoirs. Était-ce, selon toi, (déjà) le moment ou jamais pour t’affirmer et espérer faire carrière ?
On peut le dire comme ça, lui. J’avais quand même des opportunités dès l’an passé mais j’ai bien discuté avec mon père et on a préféré y aller étape par étape. Il ne faut pas vouloir monter les marches trois par trois. Comme me le répète mon père, le but est de faire une longue carrière, stable, chez les pros. Pas d’exploser à 20 ans puis de disparaître à 25 ans. Je suis suivi par la formation Lidl-Trek depuis plusieurs saisons, j’ai déjà fait pas mal de stages avec la WorldTeam. Je savais qu’ils allaient créer une réserve depuis le début de saison dernière et j’ai vite fait de cette option ma priorité. Markel Irizar a fait le lien et ça s’est fait naturellement. Toujours dans l’idée de rejoindre le plus haut niveau à terme, bien sûr. Normalement, avec ce que je montre depuis le début de l’année, et si je continue de la sorte, ça ne devrait pas être un problème. 

« UNE DERNIÈRE SAISON POUR PROFITER DE CETTE CATÉGORIE D’ÂGE »

Tu évoquais à l’instant ton père Lars. C'est un ancien coureur, comme ta tante Ina-Yoko - ex T-Mobile et Team Columbia -, ton oncle Sven, ancien coéquipier de Jan Ullrich chez Bianchi et ta grande-soeur Lea-Lin, qui évolue actuellement chez Ceratizit-WNT… Il était impossible de te voir ailleurs que sur un vélo !
En réalité, mes parents m’ont toujours laissé le choix. J’ai d’ailleurs commencé par d’autres sports. J’ai fait beaucoup de foot mais aussi de l’athlétisme. On ne m’a jamais forcé à faire du cyclisme, pas plus que ma grande-soeur. Mais elle s’y est mis à 17 ans et j’ai suivi le mouvement. Le plus important pour mes parents a toujours été les études malgré tout. Ça me semble également logique. Il est important d’avoir un équilibre et d’assurer ses arrières. Cela dit, j’ai quand même eu l’envie de me consacrer à 100% au cyclisme depuis deux ans. Non pas par désintérêt pour l’école mais simplement car j’ai considéré que c’était le moment ou jamais pour me donner les moyens de passer pro. Si je veux faire carrière, c’est maintenant que ça se joue. Les études, s’il le faut, je pourrai toujours les reprendre un peu plus tard.

On t’a vu jouer la gagne en Classe 1 sur les courses d’ouvertures en Espagne, puis éparpiller le peloton sur les routes venteuses de l’Olympia’s Tour. Quel type de coureur penses-tu être ?
Un coureur de Classiques qui a une bonne pointe de vitesse. Si je devais citer un nom chez Lidl-Trek, toutes proportions gardées bien sûr, je me comparerais à Mads Pedersen. Je ne serai peut-être jamais aussi bon que lui mais c’est pour l’idée. Au sprint, je me débrouille surtout quand il y a eu de la course avant, que ça a cassé, qu’il y a eu du ménage… Les sprints à 150 mecs après quatre heures de course toute plate, ce n’est pas l’idéal. Je me suis tout de même surpris en Espagne car j’ai réussi à jouer face à des gars comme Gerben Thijssen ou Arnaud Démare. Ça m’a directement mis en confiance.

Te verra-t-on une nouvelle fois sur les plus gros rendez-vous du calendrier U23 avec la Mannschaft dans les mois à venir ?
J’ai très envie de disputer les Championnats d’Europe et du Monde. C’est toujours super intéressant. Jouer une médaille ou un titre, c’est un moment fort dans la saison et ça fait rêver. C’est d’ailleurs aussi pour ça que je me plais toujours dans cette catégorie. C’était un plaisir de pouvoir jouer la victoire à l’Olympia’s Tour. Les gars qui passent directement des Juniors au WorldTour ratent peut-être quelque chose. Et puis, surtout, je n’aime pas trop l’idée que des coureurs qui sont en WorldTour puissent disputer le Championnat du Monde U23. Les semaines qui ont précédé la course, tu peux avoir fait de très grosses courses, même la Vuelta. Ce n’est pas juste par rapport à ceux qui courent en Conti ou même au niveau amateur. Si tu vas en WorldTour, il faut assumer ce choix jusqu’au bout et rester sur un certain calendrier. Je pense que l’UCI devrait réfléchir à tout ça. En tout cas, de mon côté, j’ai une dernière saison pour profiter de cette catégorie d’âge et si je peux encore aller au Tour de l’Avenir également, ce serait cool. En attendant, je vais aussi profiter de pouvoir courir au plus haut niveau avec Lidl-Trek, notamment à l’Escaut, avant Paris-Roubaix U23 qui sera l’un de mes plus gros rendez-vous de l’année.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Tim Torn TEUTENBERG