Réforme du calendrier : « On a trop la bougeotte en Europe »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Afin d'augmenter l'attractivité du cyclisme (lire ici), l'UCI va lancer une réforme du calendrier WorldTour en 2026. L'objectif majeur est d'attribuer une date unique et pérenne à chaque course. "On doit optimiser ce qu'on a", affirme le président de l'UCI David Lappartient au micro de DirectVelo, qui cite le WorldTour féminin en exemple. "Bien sûr, il n'y a pas la même densité d'équipes et de coureuses, ce qui oblige une certaine rationalité, mais il n'y a pas de chevauchement".

D'AUTRES COURSES WORLDTOUR EN FÉVRIER ? 

Pour y arriver, réduire les épreuves par étapes et les Grands Tours n'est pas nécessaire. "Écourter le Tour de France avec l'impact qu'il a sur notre sport serait néfaste. On diminuerait notre visibilité. Ce n'est pas du tout dans notre intérêt. Par contre, pas question d'augmenter la durée comme le demandent certaines épreuves qui aimeraient prendre deux week-ends, on refuse catégoriquement. C'est juste une question de mieux occuper l'espace". Il prend ainsi l'exemple de la Ligue des Champions de football. "Ils ont réussi à augmenter le nombre de matchs, c'est bon pour le business. Au mois de février, des courses peuvent arriver. On n'a rien en Amérique du Sud, c'est dommage", propose-t-il, alors qu'actuellement seuls l'UAE Tour et le Circuit Het Nieuwsblad figurent au calendrier WorldTour en février. 

L'harmonie de ce calendrier reposera aussi sur les jours de la semaine auxquels se dérouleront les manches du WorldTour. "Devons-nous avoir nécessairement les courses d'un jour tous les dimanches ? On voit bien avec les Classiques flamandes qu'on peut avoir des épreuves le mercredi, voire même le vendredi avec l'E3 Harelbeke. Nos courses par étapes se déroulent généralement du lundi au dimanche. Ne peut-on pas envisager démarrer un dimanche pour finir un samedi ?".

DÉPLACER LE TOUR D'ESPAGNE À UNE PERIODE MOINS CHAUDE ? 

David Lappartient n'est pas contre un remaniement de l'ordre des Classiques. "À cause de la pandémie du coronavirus, nous avons été obligés d'organiser le Tour des Flandres et Paris-Roubaix en octobre. Les audiences ont été fantastiques. Je ne dis pas qu'on doit nécessairement le refaire, mais ce n'est pas interdit. Toutefois, ces deux épreuves doivent se suivre pour garder une logique de préparation à ces courses spécifiques. Pourquoi ne pas intervertir le Tour de Lombardie et Liège-Bastogne-Liège ? Il faut qu'il y ait bien sûr du sens à tout ça".

Cette pertinence se traduira notamment par la réduction des déplacements inutiles pour réduire les émissions de CO2 liées au transport. Dans son agenda 2030, David Lappartient veut ainsi, pour rappel, atteindre la neutralité carbone. "Par exemple, il faut impérativement éviter qu'on soit aux Pays-Bas puis au sud de l'Espagne pour ensuite remonter en Angleterre. On a trop la bougeotte en Europe. L'exemple de la période des Flandriennes est magnifique. Les coureurs sont là pour trois semaines et ne bougent pas. C'est bien pour tout le monde". D'où l'instauration de séquences géographiques. "Plutôt que d'aller cinq-six fois par an dans un pays, faisons-le sur une période plus ramassée. Nous l'avons réussi avec le cyclisme féminin (la Vuelta, le Tour du Pays Basque et le Tour de Burgos se déroulent le même mois, NDLR)".

« QU'EST-CE QUI EMPÊCHERAIT UNE COURSE DE CÔTE DE 50 KILOMÈTRES ? »

Sans oublier les impératifs liés au réchauffement climatique, qui pourraient amener à réviser le Protocole en cas de conditions météorologiques extrêmes dans la prévention des risques en compétition. "Il y a des canicules en Australie en janvier. La Vuelta à la mi-août, ce n'est pas simple non plus. C'est un facteur à prendre en compte dans le réaménagement du calendrier".

En outre, il veut également s'ouvrir à des formats de courses atypiques. "Globalement, nous avons des courses de 200 kilomètres. Je remarque que nous avons peu d'épreuves en circuit. Il y a quelques années, les Hammer Series ont eu le mérite de montrer qu'il y avait de la place pour d'autres types de courses (1). Nous n'avons pas de course de côte. Qu'est-ce qui empêcherait une épreuve courte de 50 kilomètres avec une arrivée en bosse ? Il y aurait du spectacle". Le calendrier UCI 2026 pourrait contenir plusieurs surprises. 


(1) Les Hammer Series entre 2017 et 2019 étaient une série d'épreuves, ne donnant pas lieu à un classement général individuel mais par équipes, en additionnant les points attribués lors de trois courses, une plate, une autre vallonnée suivie d'un contre-la-montre par équipes, en mode poursuite où les points acquis lors des deux premières courses étaient converties en temps bonus. Elles reprenaient en fait une idée... de l'UCI, qui avait un projet de Championnat du Monde par équipes de marques en 1976 (lire ici).

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