Route d’Occitanie : « C’est mieux que rien »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Drôle de journée sur la Route d’Occitanie (2.1). À la suite d’un arrêté préfectoral, les coureurs de cette édition 2022 n’ont pas pu disputer la partie tarnaise de la deuxième étape de l’épreuve. Or, la quasi-totalité de la course devait avoir lieu dans ce département finalement placé en alerte rouge à la canicule. C’est ainsi que les organisateurs n’ont eu d’autre choix que de proposer un parcours réduit à une trentaine de kilomètres, correspondant au final de l’étape initialement dessinée dans l’Aveyron. Cette situation a forcément fait beaucoup parler dans les différents hôtels, jeudi soir, et chacun a imaginé la meilleure solution possible dans un tel contexte de grosse chaleur, en se projetant également à plus long terme avec une situation qui devrait se reproduire bien des fois (lire ici). Finalement, c’est à Belmont-sur-Rance que le comité d’organisation avait donné rendez-vous aux équipes pour un départ prévu à 14h45. 

« PERSONNE NE SAVAIT TROP COMMENT ÇA ALLAIT SE COURIR »

Avec un thermomètre qui a vite grimpé en flèche pour finalement passer le cap des 40°C en fin d’après-midi, de nombreux coureurs ont d’abord pu trouver refuge dans une salle climatisée aux abords de la ligne du départ fictif. Alors que les bus des équipes n’avaient pas accès à la zone de départ à cause des rues trop étroites, les athlètes sont restés à proximité de leurs véhicules, à l’ombre ou à l’intérieur d'un bâtiment où le port du masque anti-Covid a été demandé non pas pour les coureurs mais pour les personnes accréditées qui les entouraient, avant de sortir pour se présenter sur la ligne au tout dernier moment. Après un moment de tergiversation au moment du départ réel, c’est le courageux Niki Terpstra qui a mis le feu aux poudres (lire ici), avant d’être imité par deux autres duos d’attaquants. C’était une course spéciale. Personne ne savait trop comment ça allait se courir. On savait que ça allait être nerveux et intense, avec un final aussi dur et une course aussi courte. Il n’y a pas eu beaucoup d'échappées à part Niki Terpstra, qui est un gros rouleur et qui a réussi à sortir. Ça s'est fait à la jambe, avec une grosse chaleur. Ce qui est nouveau pour les organismes car on n’a pas l’habitude de courir sous 40°C. Il fallait s’adapter”, résumait Cyril Barthe - 11e sur la ligne - après coup pour DirectVelo

Avant l’étape, le puncheur et ses coéquipiers de la B&B Hôtels-KTM avaient fait le choix de tourner les jambes pendant 20 kilomètres. Une situation similaire à plusieurs autres formations comme la Movistar de Max Kanter, qui avait également effectué un échauffement d’une vingtaine de bornes avant le lancement des hostilités. “C'est vrai que c'était une étape bizarre mais c'était la même pour tout le monde, tu dois t'adapter. Ça reste une course de vélo, qu'on a faite à bloc dès le départ”, racontait après le podium protocolaire celui qui a pris place dans le Top 5 de l’étape, comme la veille. Pour beaucoup, cette étape qui aura duré moins de trois quarts d’heure était un vrai saut dans l’inconnu. “Ce qui est différent, c’est qu’on n’a pas de repères. On se demandait si ça allait partir d’entrée, attaquer tout le temps… Ça ressemblait à une course de côte, en fait”, analysait Kévin Besson quelques minutes après en avoir terminé. “Ce n’était pas tendu sauf dans les dix derniers kilomètres où l’on était à bloc”, précise le sociétaire du Team Nice Métropole, heureux d’avoir couru comme ses coéquipiers Jonathan Couanon ou Maxime Urruty, qui n’auraient pas compris que cette deuxième étape soit totalement annulée.

« ON PEUT TOUJOURS TROUVER DES COMPROMIS »

Dans le paddock des équipes, beaucoup se montraient heureux que la course ait pu se dérouler convenablement, même dans des conditions rarissimes avec cette distance de Minimes. “Je regrette quand même de ne pas avoir pu faire plus de kilomètres. En Espagne, on court bien quand il fait 40°C mais je comprends quand même la décision préfectorale”, tempère Kévin Besson. “On continue de s’adapter. Faire 36 km, c’est mieux que rien”, promettait brièvement Roger Tréhin, le technicien d’Arkéa-Samsic, au départ de la course. Une expression reprise par plusieurs autres directeurs sportifs comme Stéphane Javalet pour St-Michel-Auber 93.

Les plus à plaindre, ce sont les organisateurs. Je veux leur rendre hommage car ils font au mieux. Je sais ce que c’est, et on peut dire que ce n’est pas simple. C’est un phénomène nouveau, cette histoire d’arrêtés préfectoraux, mais que l’on risque de rencontrer de plus en plus souvent avec le réchauffement de la planète. S’il avait fallu faire 200 km aujourd’hui, on aurait sûrement été voir les organisateurs pour leur dire que ça n’allait pas. Mais là, ça se faisait. On peut toujours trouver des compromis”, considérait pour sa part Franck Pineau, à la tête de la Groupama-FDJ d’Arnaud Démare sur cette Route d’Occitanie. Lors de la victoire du sprinteur picard jeudi, la WorldTeam s’était d’ailleurs organisée pour que ses coureurs soient ravitaillés tous les dix kilomètres sur l’intégralité de l’étape. “Arnaud l’a salué après l’étape en nous disant que c’était top”. Une chose est sûre : les coureurs de cette 46e édition de l’épreuve ne risquent pas d’oublier ce vendredi 17 juin 2022 de si tôt. Mais malgré un soleil de plomb, beaucoup étaient satisfaits de pouvoir faire la course, à l'image des grands noms du peloton tels que Nairo Quintana (Team Arkéa-Samsic) - victime d'une chute sans gravité pendant l'étape - ou Alejandro Valverde (Movistar), lesquels affichaient un large sourire dans la zone de départ et ne semblaient pas perturbés outre mesure par la situation.

 

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