Anthony Turgis, force de l’habitude et nouvelles certitudes

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Anthony Turgis est un grand habitué des débuts de saison dans le sud de la France. Depuis qu’il est passé pro en 2015, le Francilien n’a jamais manqué le Grand Prix La Marseillaise ni l’Etoile de Bessèges. Avec le Championnat de France, il s’agit là des deux seules courses du calendrier auxquelles il a participé six fois consécutivement. “Ce n’est évidemment pas un hasard. Je me suis retrouvé sur ces courses-là lors de ma première saison avec la Cofidis puis j’ai vite vu que les parcours me correspondaient bien. J’y reviens à chaque fois avec plus d’expérience, plus de convictions et plus de confiance, mais aussi et surtout avec l’idée que ce sont de belles occasions de très bien commencer l’année”, relate le puncheur de Total Direct Energie pour DirectVelo. Clairement, le fait de désormais très bien connaître les routes provençales du « GPLM » est “une aide précieuse” pour celui qui, surtout, débarque désormais à Marseille dans la peau d’un ancien vainqueur de la course, lui qui s’était imposé en 2019. “Je sais comment courir là-bas et j’ai toujours hâte d’y retourner. La première de l’année, quand tu sais que tu peux directement y jouer quelque chose, c’est spécial”.

COUREUR PRIORITAIRE 

Il faut dire que le GP La Marseillaise est avant toute autre chose un premier test grandeur nature après des mois de préparation. “Je me sens prêt physiquement mais j’attends la vérité du terrain, face aux autres. Quand tu as pu disputer La Marseillaise et Bessèges, tu en sais déjà plus sur toi-même, sur ton état de forme… En plus, je peux comparer avec les années précédentes”. Mais cette année, une autre donnée vient sérieusement jouer les trouble-fête et elle se nomme Covid-19. “Malheureusement, on ne peut décider de rien. On a juste à se préparer comme si de rien était, et attendre le verdict”. L’athlète de 26 ans aurait éventuellement pu, sans ce calendrier déjà bouleversé par l’épidémie, changer ses plans pour la première fois de sa carrière. “Je me serais au moins posé la question, en tout cas. Sans doute qu’à terme, j’aurai l’envie de changer et de découvrir autre chose quand même pour débuter mes saisons”, lance-t-il, comme pour sous-entendre que sa présence dans la cité phocéenne sera peut-être moins évidente en 2022. “Mais on n’en est pas encore là”.

Puisque le calendrier se trouve amaigri depuis quelques semaines, la direction sportive de l’équipe Total Direct Energie a dû faire des choix et devra sans doute laisser quelques coureurs à la maison dans les semaines à venir, comme l’expliquait Lorrenzo Manzin après son succès à Valence, dimanche (lire ici). Des coureurs qui devraient, pour certains, très peu courir dans un premier temps, puisque moins concernés par les premiers gros objectifs du collectif à moyen terme. Anthony Turgis, excellent 4e du dernier Tour des Flandres à l’automne dernier (voir classement), fait lui partie des coureurs dits prioritaires pour avoir un calendrier riche dans les semaines à venir. “Cette priorisation au sein de l’équipe me semble être un choix judicieux qui nous a été expliqué récemment. Le but est d’avoir des coureurs les plus performants possibles sur les courses les plus importantes du calendrier. Ils vont quand même essayer de faire courir un maximum de monde, au moins un petit peu, mais tout le monde a bien conscience qu’il faudra faire des efforts avec ce planning plus light”. Le voilà plus que jamais considéré comme l'un des hommes forts de la ProTeam. “Je sais que tout le monde a hâte de reprendre la compétition et, malheureusement, certains vont devoir être plus patients que d’autres”.

UNE PERFORMANCE ÉCLIPSÉE PAR CELLES DE JULIAN ALAPHILIPPE

7e du dernier Championnat de France de cyclo-cross au début du mois - après avoir terminé à la même place sur la course préparatoire de Troyes -, Anthony Turgis aura donc un calendrier fourni en début d’année, si les courses ne sont pas annulées. Après le « GPLM » et l’Etoile de Bessèges, il disputera le Tour des Alpes-Maritimes et du Var, puis le week-end d’ouverture des semi-Classiques belges, pour ensuite se rendre sur Paris-Nice. “Le but principal est une fois encore d’arriver au top pour les Classiques, c’est l’objectif”. Après avoir réalisé une grosse performance l’an passé sur le « Ronde », le 2e d’A travers les Flandres 2019 a-t-il revu ses ambitions à la hausse ? “Je rehausse forcément mes ambitions car j’ai vu que j’en étais capable. C’est à ma portée. Mais de toute façon, sur chaque course, le but, c’est toujours de gagner maintenant. Tu ne peux pas te fixer un autre objectif”.

En octobre dernier, lors de cette fameuse 4e place acquise au Tour des Flandres, la performance d’Anthony Turgis sur un Monument du cyclisme avait-elle été soulignée à sa juste valeur ? “La presse parle de ce dont elle veut bien parler, répond le principal intéressé. Un Top 5 français sur un Monument, ce n’est pas tous les jours, me semble-t-il. Mais bon, c’est vrai que Julian Alaphilippe était devenu Champion du Monde une semaine plus tôt et qu’il faisait aussi la course en tête sur ce Tour des Flandres avant une chute spectaculaire, alors on a beaucoup parlé de lui”. Qu’importe : Anthony Turgis a ses convictions et compte bien s’appuyer sur cette performance référence pour, il l’espère, vivre des émotions encore plus grandes en 2021. “Sur le coup, je n’avais pas véritablement réalisé ce que j’avais fait, sur l’une des plus grandes courses de la saison. Mais ce jour-là, je me suis senti parmi les plus forts, vraiment, et je n’ai pas été surpris car je savais que j’étais en super forme”. Il connaît désormais la marche à suivre, et ça commence, comme toujours pour lui, dimanche à Marseille. 

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