C’est un moment que tous les cyclistes attendaient avec impatience. Ce mardi après-midi, le Premier Ministre Edouard Philippe a détaillé le plan de déconfinement qui sera mis en place à partir du 11 mai. Un plan qui va permettre aux coureurs de retrouver leurs routes d’entraînements à partir de cette date (lire ici). Un soulagement pour des coureurs qui, pour beaucoup, commençaient à sérieusement se lasser de la situation actuelle. “C’est sûr qu’il n’est pas facile de s’entraîner tous les jours à la maison sur le home-trainer ou sur un tapis pour faire du renforcement musculaire. Disons qu’à force, ça devient long. Pouvoir sortir, c’est déjà une première étape importante”, se réjouit Baptiste Constantin auprès de DirectVelo. Le professionnel de St-Michel-Auber 93 est rejoint dans son discours par Gladys Verhulst (Arkéa). “Le home-trainer, je commence à en avoir marre. Franchement, il faut que ça se termine. J’ai hâte d’être à cette date du 11 mai pour sortir !”. Même ressenti pour Clément Jolibert, coureur du GSC Blagnac Vélo Sport 31. “Je commence à en avoir vraiment marre du home-trainer. C’est donc un soulagement”. 

Le mot “soulagement” revient dans la bouche de beaucoup d’athlètes ce mardi soir. Notamment dans celle de Rémi Verloo. “Clairement, ça fait du bien”, précise l’actuel leader du Challenge Morphologics-DirectVelo Juniors. Ces dernières semaines, les rouleaux n’ont pas non plus été les meilleur amis de Pierre Idjouadiene. “J’étais assez fataliste dès le départ. Je ne croyais pas à un retour à la compétition rapide donc je me suis vite résolu à perdre une partie de ma condition physique. J’ai continué de m’entraîner mais en essayant de rendre ça ludique. Sur le home-trainer, c’est zéro plaisir, alors j’ai fait le minimum syndical. Par contre, j’ai fait beaucoup de course à pied. Un peu comme lors d’un mois de novembre, en fait, mais avec vingt degrés de plus”.

REMPLACER LES MURS PAR DES PAYSAGES

Désormais, tout ce beau petit monde va pouvoir se tourner vers la suite et la perspective réjouissante de retrouver l’asphalte et les routes de campagne. “Rester dans son garage à faire du home-trainer, ce n’est pas une vie ! Passer son temps à regarder un mur… Je préfère voir défiler de beaux paysages”, lâche Clément Jolibert. Cette annonce officielle du Premier Ministre va-t-elle changer les plans des coureurs pour les deux semaines à venir, jusqu’à cette fameuse date du 11 mai ? “Je vais sûrement en profiter pour relâcher pendant trois-quatre jours avant d’attaquer un nouveau programme avec principalement du foncier, comme je n’ai pas coupé jusque-là”, répond Baptiste Constantin. Pour sa part, Rémi Verloo avait déjà coupé une semaine en début de confinement. “Puis j’ai fait du home-trainer régulièrement. Désormais, je suis en coupure depuis quatre jours et pour un total d’une semaine. J’avais besoin de souffler après tout ce temps sur le home-trainer. Je reprendrai tranquillement avant de me lancer sur la route”.

Avec son entraîneur, Gladys Verhulst avait “déjà anticipé la fin du confinement” après avoir, elle aussi, opté pour une coupure en début de confinement, “histoire de faire autre chose car je savais que ça allait être long”. Maintenant qu’elle “aperçoit le bout du tunnel”, l’ancienne Championne de France Espoirs prévoit un programme “plus light la semaine prochaine pour repartir sur de bonnes bases par la suite. Plus que treize jours, ça va passer vite !”. Clément Jolibert va s’adapter à cette annonce, dans les jours à venir. “Je n’ai pas coupé depuis l’Essor basque donc je vais profiter de la dernière semaine de confinement pour ne pas toucher au vélo pendant une semaine. Puis je reprendrai le 11 pour lancer un travail de foncier. Cela dit, on va quand même attendre le 7 mai pour avoir la confirmation définitive de cette bonne nouvelle”, tient-il à rappeler. 

PLAINE OU VALLONS, BORD DE MER OU MONTAGNE

Dans un premier temps, il sera impossible pour les coureurs de traverser les quatre coins du pays pour, par exemple, partir en stage en altitude. Il faudra ainsi se contenter de sorties dans un rayon de cent kilomètres autour de son domicile. Chacune ou chacun fera ainsi avec ce qui lui sera offert à proximité. “Un rayon de cent kilomètres, ça laisse quand même de la marge, sourit Baptiste Constantin. Il y aura de quoi faire. Je pense que je n’irai même pas si loin… Il y a pas mal de circuits vallonnés vers chez moi, je ne vais pas m’ennuyer”. Le Troyen Rémi Verloo devra se contenter d’un certain type de sorties. “Par chez moi, c’est beaucoup de plaine et de vent. Tout seul, ce ne sera pas marrant mais je ne vais certainement pas me plaindre car ce sera toujours plus intéressant que le home-trainer”. Pour sa part, Gladys Verhulst ne manque pas d’idées pour ses futures sorties en terres normandes. “Je vais en profiter, aller en bord de mer pour rouler, et ça c’est cool ! Je vais varier les sorties et je sais d’avance que ça me fera un bien fou !”.

À chacun ses parcours et ses possibilités. La mer, Clément Jolibert ne devrait ainsi pas la voir tout de suite. En revanche, il pourrait bien se régaler à l'abord des cols pyrénéens. “Je ne suis pas à plaindre, j’ai déjà plein d’idées de balades à faire, c’est plutôt cool dans le coin”. Habituel résident de Besançon, Pierre Idjouadiene passe actuellement son confinement chez son père, dans la Creuse, dans un petit village à une quinzaine de kilomètres de Guéret. “C’est un super coin, sauvage, avec des petites routes, de grandes forêts…”, relate le pro de Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole, qui espère tout de même pouvoir retrouver un autre type de terrain de jeu à moyen terme. “Les grandes perspectives et les reliefs du Haut-Doubs ou du Jura me manquent quand même. J’espère pouvoir faire un stage en montagne cet été et grimper des cols. C’est ce que je préfère à l’entraînement”. En attendant de retrouver une liberté totale, tous se réjouissent à l’idée de retrouver, enfin, un semblant de leur vie d’avant.