Remco Evenepoel : « J’ai beaucoup pensé à Igor... »

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

Y’a-t-il encore des mots pour décrire les performances de Remco Evenepoel ? Ultra-favori du Championnat du Monde Juniors contre-la-montre, le Belge a une nouvelle fois écrasé la concurrence lors des 27,7 kilomètres l’emmenant jusqu’à Innsbruck (Autriche, voir classement). Emu aux larmes après l’arrivée, le futur professionnel de la Quick-Step Floors est revenu sur son sacre auprès de DirectVelo.

DirectVelo : On t’a vu particulièrement ému après la ligne d’arrivée puis sur le podium protocolaire…
Remco Evenepoel : C’était une très longue saison pour moi, et ce Mondial, c’est la dernière ligne droite de cette longue année. J’ai travaillé si dur pour tout ça, pour performer ici… Je voulais absolument être au top et avoir les meilleures jambes de ma saison sur ce Mondial. Et c’était le cas ! C’est un sentiment incroyable ! En plus, j’ai beaucoup pensé à Igor Decraene (mort en 2014, NDLR). Il y a quelques semaines, je suis passé dans son village et je me suis entretenu avec ses parents. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient qu’un souhait : me voir remporter le chrono. Quand je suis arrivé dans la dernière ligne droite, j’ai vu le visage d’Igor… C’est comme s’il était à côté de moi. C’était super émouvant.

Es-tu surpris de l’emporter, une nouvelle fois, avec une telle marge ?
Oui et non… J’ai travaillé très dur pour cet événement et je savais que j’étais prêt pour ça. Dès l’échauffement, j’ai compris que j’allais avoir de superbes jambes. Nous avions fait des pointages intermédiaires avec mes coéquipiers et le staff et dès le premier, on m’a dit que j’avais 25 secondes d’avance. Après j’ai géré du mieux possible dans la bosse. J’ai quand même essayé d’en garder un tout petit peu pour rester en contrôle… Les petites difficultés de ce circuit me convenaient parfaitement. C’est l’une des plus belles courses et l’un des plus beaux circuits sur lesquels j’ai eu à rouler jusqu’à présent, dans ma très jeune carrière de coureur.

« UN MOMENT EXCEPTIONNEL »

Savais-tu bien avant l’arrivée que tu allais gagner ce chrono ?
Je n’avais que les temps d’Ilan (Van Wilder) et je savais que j’avais déjà plus de deux minutes d’avance sur lui… Cela dit, un autre coureur aurait pu, lui aussi, avoir deux minutes d’avance sur Ilan. Mais dans les 500 derniers mètres, on m’a dit que j’allais gagner et que je pouvais célébrer et lever les bras sur la ligne d’arrivée. J’étais très heureux d’avoir l’occasion de le faire : lever les bras avant la ligne, sur un chrono, c’est un moment exceptionnel !

Tu ne ressens jamais de pression ?
Après la Course de la Paix, on a commencé à beaucoup parler de moi comme du grand favori pour le Mondial, mais je savais qu’il fallait que je reste concentré et que je travaille très dur. J’ai continué d’aller sur chaque course pour les gagner. Mais oui, en Belgique, il y avait beaucoup de pression… On me disait que j’allais tout gagner. Mais je voulais rester concentré sur ce que j’avais à faire de mon côté et préparer ces Mondiaux du mieux possible.

« IL M’ARRIVE QUAND MÊME DE MANGER DU CHOCOLAT »

On te compare au “Cannibale” Merckx…
La comparaison avec Eddy Merckx ne me met pas de pression supplémentaire, même si ce n’est pas quelque chose que j’aime. Je veux juste être moi, dans un cyclisme qui a évolué, avec un matériel différent… Tout est différent. On ne peut pas nous comparer. Tout ce que je peux dire, c’est que je suis extrêmement heureux sur le vélo.

Il paraît que tu es extrêmement méticuleux dans la vie de tous les jours (relire sa Grande Interview)...
Je profite de la vie, quand même ! Je ne suis pas extrême… C’est simplement que quand je fais quelque chose, je veux le faire à fond, comme il faut. Mais bon, il m’arrive quand même de manger du chocolat de temps en temps (sourires). Par contre, pendant les quatre dernières semaines, c’est vrai que j’ai fait le job à fond.

« IL FAUDRA FAIRE ATTENTION, CE SERA TRÈS TACTIQUE »

On s’attend maintenant à te voir gagner la course en ligne, après avoir écrasé le Championnat d’Europe en République tchèque : tu es prêt pour un nouveau doublé ?
Ce sera très différent du Championnat d’Europe, où il y avait directement eu une montée. Ici, il faudra attendre 60 kilomètres. Par contre, la montée me conviendra très bien. Il faudra faire attention à cette première partie, qui sera très tactique. Mais bon, dans la seconde partie, ce ne sera que des montées et des descentes. Je pense que le plus fort gagnera.

Peux-tu nous dire un mot sur la saison prochaine, durant laquelle tu porteras les couleurs de la Quick-Step Floors : as-tu déjà une idée de ce que sera ton programme, pour ton passage des Juniors au WorldTour ?
Je ne courrai pas beaucoup, car je sais bien que la différence de niveau sera absolument énorme. Je m’entraînerai beaucoup en altitude, notamment. Je vais essayer d’enchaîner les montées de cols, et je travaillerai souvent l’exercice du contre-la-montre également. Je pense faire quelques courses par étapes, comme la Colombia Oro y Paz. Pour le reste, je ne sais pas vraiment ce qu’il en sera, mais j’insiste sur le fait que je ne devrais pas énormément courir. Je ferai peut-être le Championnat du Monde Espoirs avec l’équipe nationale (d'après le sélectionneur national Kévin De Weert, il pourrait également participer à des manches de la Coupe des Nations, NDLR). On verra bien ce que l'avenir me réserve, il va encore falloir discuter du programme. 

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