La bordure du Vendée U vue par les battus

Ils le savaient, ils le sentaient, ils avaient déjà dans les narines l’odeur de la sauce spéciale à laquelle les Diables Rouges du Vendée U allaient les manger, la “spéciale bordure à l'écrémeuse vendéenne”, et pourtant leurs adversaires n’ont pu que voir s’envoler dans le vent l’éventail des Vendée U. "Une belle leçon de vélo”, admire Kévin Fouache (Creuse Oxygène Guéret). “Une vraie déculottée", lance Boris Zimine (CM Aubervilliers 93) plus direct (relire le point de vue du Vendée U ici).

« ON S’EN DOUTAIT »

Les Vendée U attaquent dans le 3e grand tour, au même endroit où ils ont déjà écrémé le peloton, le tour d’avant. "Je le sentais plus ou moins venir. Dès le premier tour j'avais remarqué que ça se tendait et que ça pouvait bordurer. Ils ont remonté le peloton tous en même temps et ont provoqué une première cassure", narre Boris Zimine.

Dans ce groupe de 23 coureurs, les Vendéens sont les plus nombreux “Une fois l’écart fait, on les a laissés rouler”, indique Kévin Fouache. Plus le lieu stratégique approche, plus l’imminence d’un nouveau coup de bordure se confirme. "J'ai très vite compris qu'ils allaient en remettre une", rappelle le coureur d’Auber. "Il y avait un vent de travers, pas si fort, mais suffisant pour bordurer", précise Benjamin Le Montagner.

TENTATIVE D’ALLIANCE

Face à la force collective des vainqueurs du Challenge BBB-DirectVelo par équipes, leurs adversaires du jour ne veulent pas se laisser manger tout cru. Les coureurs d’expérience comme Boris Zimine, Kévin Fouache et Benjamin Le Montagner tentent de réunir les autres autour d’une tactique : Laisser partir les Vendée U et ouvrir immédiatement un deuxième éventail pour rester à portée de fusil du premier. "Quand on aurait repris vent de face, on pensait rentrer", explique Benjamin Le Montagner. "Je pense que c'était jouable à 13 contre 10", ajoute Boris Zimine.

Malheureusement pour les non-Vendéens, il y a tout de suite des brèches dans le front commun. “Quand Vendée U a accéléré, certains ont tenté de suivre au début. Quand ils se sont écartés, c'était déjà trop tard : la moitié des gars s'étaient mis dans le rouge”, regrette le Parisien. "Dans ces cas-là, il y en a toujours qui passent un peu moins", constate Kévin Fouache qui ajoute : "nous sommes restés à 15"-25" un moment et puis on a dû laisser partir." Boris Zimine poursuit : "Il aurait fallu quelques coureurs plus costauds dans le deuxième éventail. Ils ont été trop nombreux à compter leurs coups de pédale. Seuls Nicolas David et Tzortzakis semblaient avoir de bonnes jambes dans notre groupe. Les autres étaient trop limites."

Le vent de face, au lieu de ralentir la bordure vendéenne a mis en évidence les différences de niveau entre les deux groupes. "De notre côté, nous étions moins forts et les autres, plus forts. On a essayé de jouer et on a perdu", constate simplement Benjamin Le Montagner.

MORGAN LAMOISSON, LE PORTIER

Un coureur a été déterminant dans ce coup magistral : Morgan Lamoisson. "C’est lui qui a fermé la porte de la bordure. Il a tenu la porte comme il le fallait, il n’a laissé rentrer personne", salue Kévin Fouache. L’ex-pro d’Europcar n’a pas seulement barré la porte, il a aussi guidé la manœuvre. "Vendée U a récupéré un super capitaine de route en la personne de Morgan Lamoisson. C'est quelqu'un qui a de la bouteille et il est fort. Les autres semblent bien à l'écoute", déclare Boris Zimine.

Y AVAIT-IL QUELQUE CHOSE A FAIRE ?

Devant une telle démonstration de force et de tactique, qu’auraient dû faire leurs adversaires du jour ? "Notre erreur est de ne pas les avoir devancés. On les a regardé pédaler jusqu’au coup de bordure prévisible. A trois de Creuse Oxygène, c’était trop juste mais il aurait fallu s’allier à plusieurs pour anticiper leur coup de vis”, avance Kévin Fouache. "Avec le recul, on peut se dire qu’on aurait dû se mêler avec eux, mais ils ne voulaient pas qu’on se mettent dans leur roue", ajoute Benjamin Le Montagner.

De toutes façons, pour Boris Zimine, c’eût été reculer pour mieux sauter de la bordure. "Même si on avait tous essayé de les suivre dès le début, on aurait tous pété un par un. La « chance » qu'on a eu, c'est qu'au moins on ne s'est pas retrouvés éparpillés.

Pour rejoindre l’arrivée, les battus du Vendée U se sont retrouvés en « croustille » entre les maillots rouges et le paquet. “On a tourné ensemble pour ne pas se faire revoir par le peloton avant l’arrivée”, raconte Benjamin Le Montagner (voir le classement ici).

LES PLUS FORTS TOUT SIMPLEMENT

Si les Vendée U ont écrasé la course, c’est qu’ils étaient les plus forts. D’abord physiquement. "Ils ont leur première Coupe de France dans moins d’une semaine" notent les anciens Nantais Kévin Fouache et Benjamin Le Montagner qui évoluent en DN2 avec des objectifs plus lointains. Tactiquement ensuite. "Ils ont un collectif supérieur. Ils ont reconnu toutes les circuits des Plages Vendéennes. On sait que les bordures c'est une de leurs spécialités. C'était vraiment une bordure d'école", analysent les trois témoins.

Tous sont d’accord pour reconnaître la supériorités des vainqueurs de la dernière Coupe de France. Kévin Fouache leur adresse "un grand coup de chapeau !"

Crédit photo : Freddy Guérin - DirectVelo.com

Par Dominique T. et Gautier Duet

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