Sylvain Georges : « Je dois me reconstruire »

Depuis quinze jours, Sylvain Georges peut de nouveau porter un dossard dans un peloton. Il avait été contrôlé positif à l'heptaminol (un stimulant) sur le Tour d'Italie 2013, à cause d'une négligence, l'utilisation d'un veinotonique vendu sans ordonnance. Licencié d'AG2R La Mondiale, suspendu six mois par la FFC, il avait vu sa peine étendue à 18 mois par l'UCI. A 30 ans, le nouveau capitaine de route du Team Pro Immo Nicolas Roux se confie à DirectVelo.com sur son état d'esprit : "Mon but n'est pas d'écraser les courses, mais de me faire plaisir".

DirectVelo.com : Heureux de reprendre la compétition ?
Sylvain Georges : C'était assez poignant de franchir la ligne d'arrivée, après vingt mois d'interruption, sur la première manche des Boucles du Haut-Var. Le lendemain, ça ne me faisait déjà plus ni chaud ni froid. Il me tardait de revenir dans le peloton. J'ai cru que ce serait possible de le faire il y a un an, mais l'UCI a décidé en octobre 2013 de prolonger ma suspension. Pour la reprise, j'espérais un Top 10. Mais ce sont les copains qui ont concrétisé, et le jeu d'équipes représente aujourd'hui l'essentiel à mes yeux.

Qu'est-ce qui te fait défaut pour jouer la victoire ?
Le rythme de course. J'ai roulé 28000 km en 2013 et 26000 en 2014, je me suis adonné au trail, mais rien ne remplace la compétition cycliste proprement dite. Pour le reste, j'ai gardé mes automatismes en course : je suis toujours placé à l'avant et offensif. En six épreuves, j'ai rarement loupé la bonne échappée.

Donc, tu seras prêt à en découdre le week-end prochain, sur le Circuit du Bédat ?
Oui, je l'espère. C'est un peu le « Championnat du Monde » pour les Auvergnats ! L'un de mes premiers objectifs de la saison [il avait remporté l'épreuve en 2010]. Il y aura ensuite le Circuit de Saône-et-Loire, où je serais heureux de retrouver les routes de l'époque où je courais pour Creusot Cyclisme [2009-2010]. J'aurais bien aimé que l'équipe soit sélectionnée sur le Rhône-Alpes Isère Tour, une très belle épreuve [qu'il s'est adjugée en 2011]. L'autre temps fort, ce sera le Championnat de France...

« J'AI FAILLI ARRETER »

Avec quel état d'esprit es-tu de retour ?
Je ne cherche pas à réparer une injustice, parce que je n'ai pas envie de crier au scandale. Une revanche à prendre ? Oui, sans doute. J'ai failli arrêter ma carrière pour une négligence. Un grain de sable ! Avant toute chose, je dois me reconstruire psychologiquement et faire ce que j'aime. Mon but n'est pas d'écraser les courses, mais de me faire plaisir et de faire en sorte que tout le monde s'éclate dans l'équipe !

Tu dis que tu avais des offres d'équipes Continentales ou Continentales Pro. Pourquoi avoir signé en faveur du Team Pro Immo Nicolas Roux ?
Par fidélité. Depuis le début, les gens de cette équipe, dont Nicolas Roux, ont proposé de m'aider dans ma reconversion. Ils m'ont aidé dans les moments difficiles, de même que ma famille et mes amis. Je ne pouvais pas les laisser tomber. Cette équipe a de bonnes chances de s'illustrer cette saison. Le démarrage est très prometteur : Rémi Cavagna se montre impérial (lire ici), Seb [Fournet-Fayard] a trouvé tôt sa bonne condition... Il me tarde que Pierre Bonnet rétablisse son genou pour renforcer l'effectif [lire ici]. Le Team Pro Immo Nicolas Roux joue la carte de l'Auvergne : hormis les trois Estoniens, nous sommes tous issus de cette région. Le projet me plaît !

Sauf qu'en 2016 tu pourrais faire un troisième passage chez les professionnels ?
Ce n'est pas obligatoire. J'ai déjà beaucoup fait le « yo-yo » entre le peloton pro et amateur. J'ai été pro chez A-Style [2008], BigMat-Auber 93 [2011] et AG2R La Mondiale, où j'avais prolongé mon contrat jusqu'en 2015... Tout dépend du projet qu'on me propose. J'ai besoin d'assurer les revenus de ma famille. Besoin aussi d'un équilibre : en parallèle du cyclisme, je travaille comme consultant en communication et en marketing auprès de plusieurs entreprises.

C'est ta période de suspension qui t'a donné un recul sur ton ex (et futur ?) métier de coureur cycliste ?
J'ai toujours privilégié le travail au vélo. Ça vient de mon éducation. D'abord, il fallait que je me concentre sur mes études de commerce... Quand je courais au Creusot, j'importais des voitures d'Allemagne. Aujourd'hui, j'ai changé de secteur d'activité. Le vélo est ma passion et je suis heureux de pouvoir de nouveau la vivre pleinement. Mais il n'y a pas que le vélo dans la vie !

Crédit photo : Martine Faussurier
 

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