Poursuite par équipes : Beau et dur à la fois

DirectVelo vous propose un dossier spécial poursuite par équipes en cinq volets, une semaine avant le Championnat du Monde de Saint-Quentin-en-Yvelines.

C'EST BEAU MAIS FRAGILE

Quatre coureurs dans une drôle de galère où ils rament à tour de rôle derrière la figure de proue qui fend la lame. La poursuite par équipes, discipline très esthétique de la piste, est un vrai travail collectif. "Je roule en pensant au mec qui est dans ma roue. Je n'ai pas le droit de le décevoir. Si je me rate, je désavantage tout le monde", expliquait Julien Morice (Team Europcar) dans sa Grande Interview (lire ici).
 Le temps n'est pas pris sur le premier mais le 3e. Il faut donc arriver à trois sur la ligne.

Quand tout roule, l'équipe ressemble à une chenille en maillot soie qui glisse sur la piste. Une roue qui en touche une autre et c'est tout le train qui déraille comme pour l'équipe de France au Championnat d'Europe Espoir en 2012.



 

En finale des Jeux Olympiques de Los Angeles de 1984, les Américains sont partis à ...trois seulement. Au coup de pistolet, le pied gauche de Mc Donough sort du cale-pied. Défaut de serrage, l'incident ne donne pas droit à un nouveau départ. A quatre contre trois, les Australiens gagnent leur première médaille d'or de la spécialité. C'est le dernier titre mondial remporté sur des roues à rayons (à 3'20").



C'EST TECHNIQUE

Discipline esthétique mais aussi très technique dans le passage de relais. Gare au coureur qui ne retombe pas "à zéro" dans la roue arrière du coureur qui le précède.
"Il faut d'abord s'adapter à la piste, apprivoiser le dessin, le rayon du virage qui n'est pas toujours constant", rappelle Julien Duval à DirectVelo.com. "Au moment de s'écarter pour passer le relais, il faut bien jauger son niveau de puissance quand on monte dans le virage. Pour bien tomber dans les roues, il ne faut pas trop diminuer sa puissance, sinon il faut faire un effort dans la ligne droite pour reprendre les roues", ajoute le coureur de l'Armée de Terre.
Aussi fort soit-il, le coureur décollé est parti pour une poursuite dans la poursuite, pour boucher le trou à 60 km/h. A cette vitesse, tout se paie comptant.

Les voitures du train doivent aussi bien s'abriter derrière la locomotive."Pour être efficaces, les coureurs dans les roues doivent être à 50% de la puissance des relais", rappelle Steven Henry, l'entraîneur national de la poursuite.

L'équipe féminine de Grande-Bretagne aurait pu payer cher ses erreurs qui ont désuni le groupe en finale du Championnat du Monde 2014. Malgré tout, la médaille d'or est au bout :
 


La moindre débandade peut coûter une médaille d'or olympique comme pour la RDA aux JO de Séoul en 1988.
 


ÇA PIQUE

Discipline très physique. "Après une poursuite, tu es tellement détruit... " se souvenait Vivien Brisse dans sa grande interview (lire ici). "Ce n'est pas une course en peloton où on peut filocher. Il faut des coureurs puissants qui supportent le lactique", affirme Damien Pommereau (Directeur sportif du Vendée U, ancien membre de l'équipe de France de poursuite). "Le dernier kilomètre, c'est le kilomètre le plus dur. Sur route je n'arrive jamais à une telle intensité", ressent Julien Duval. Damien Pommereau  résume en une phrase qui dit tout : "on a mal à la gueule pendant quatre bornes."

En finale des Championnats du Monde 2014, le Danois Rasmus Quaade est tellement à bloc dans les roues de ses deux derniers équipiers qu'il se fait éjecter alors qu'ils sont au coude à coude avec les Australiens.



Crédit photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.photodeck.com
 

Mots-clés