Néo-pros : Les équipes jouent le « made in France »

En 2015, les néo-pros français s'exportent plutôt bien à l'étranger et de plus en plus loin. A l'inverse, les néo-pros étrangers n'ont plus autant la cote dans les équipes françaises. Suite de notre dossier spécial sur les coureurs néo-professionnels, à l'occasion d'une nouvelle saison record pour ces débutants  (ils seront 34 dans le peloton français).
Lire la 1ère partie : Néo-pros français : 2015, une année faste.
Lire la 2e partie : Les Continentales, une aubaine.
 

En 2015, Rayane Bouhanni s'engage pour AWT-GreenWay, une Continentale domiciliée en République Tchèque (lire ici). Avant le Lorrain, d'autres Français ont fait leurs débuts pros à l'étranger ces trente dernières années : c'est le cas successivement de Gilles Delion, Armand De Las Cuevas, Damien Nazon, Philippe Koehler, Romain Sicard, Jean-Christophe Péraud, Julian Alaphilippe et Warren Barguil...

Mais le cyclisme français a été longtemps connu pour importer des néo-pros plus que pour les exporter. Ainsi, des clubs amateurs français étaient alimentés par des filières étrangères. Jusqu'au début des années 80, Peugeot recrute des amateurs anglo-saxons via sa réserve, le club parisien de l'AC Boulogne-Billancourt (Stephen Roche, Phil Anderson, Robert Millar...). En 1985, l'ACBB passe sous la tutelle de Cyrille Guimard et se tourne vers la filière scandinave : c'est ainsi que Sören Liholt et Jonas Tegstroem deviennent pros chez Système U. Chaque club amateur possède d'ailleurs son vivier : les Danois espèrent passer pro via le CS Dammarie-lès-Lys, les Irlandais via le VC Fontainebleau-Avon. Même chose à la fin des années 90 avec les Kazakhs via l'EC Saint Etienne (Vinokourov, Kivilev) et dix ans plus tard avec les Estoniens à St Amand-Montrond (Taaramäe, Kangert). Ces étrangers, venus de pays sans grandes équipes pros à l'époque, alimentent donc parfois les équipes pros françaises.

Avec la création et la multiplication des GS3 en 1999 puis des Continentales en 2005, les coureurs de ces pays ont maintenant la possibilité de faire leurs armes en restant chez eux tout en courant dans toute l'Europe. Par exemple, le dernier Champion du Monde Espoirs étranger passé pro en France est Thor Hushovd en 2000 au Crédit Agricole. Son compatriote Edvald Boasson Hagen est d'abord passé par Joker, la Continentale de son pays avant de débarquer dans le ProTour.

Toutefois, certaines équipes ne puisent pas dans les clubs amateurs français pour recruter un néo-pro étranger. Entre autres exemples figurent Chris Boardman, Stuart O'Grady, Bradley McGee, Bradley Wiggins, Philippe Gilbert... Il est fini le temps où le jeune Irlandais Stephen Roche allait frapper à la porte de l'ACBB, son cintre et sa selle à la main : les néo-pros étrangers ne sont plus des aventuriers.

Dans le sens inverse, les néo-pros français à l'étranger sont longtemps passés pour des exceptions. En 1985, le Pyrénéen Frédéric Bonomelli est embauché, en voisin, dans l'équipe basque d'Orbéa, tandis que Bernard Chesneau passe pour un aventurier en tentant sa chance chez les Américains de Mengoni, trente ans avant Clément Chevrier.

Aujourd'hui, la multiplication des Continentales augmente les possibilités pour les coureurs amateurs français d'être recrutés. Depuis 2007, le chiffre est en effet en progression, mais il est un peu exagéré pour 2011, qui semble constituer un pic. En effet, cette année-là, les néo-pros de La Pomme Marseille représentent un tiers du contingent des expatriés car l'équipe fait ses débuts sous licence lettonne.

La grande différence avec les années écoulées, c'est qu'aujourd'hui, un amateur français peut passer pro dans une grande variété de régions du monde : en Asie, en Suède, aux Etats-Unis comme Thomas Lebas -notre photo-, Pierre Moncorgé ou Clément Chevrier.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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