Pauline Ferrand-Prévot : « Garder les pieds sur terre »

Ce dimanche, Pauline Ferrand-Prévot s’est montrée la plus forte sur la troisième manche de la Coupe de France de cyclo-cross. Dominatrice d’un bout à l’autre de l’épreuve sur le circuit de Lanarvily (Finistère), la Championne du Monde sur route semble monter en puissance à quelques semaines des grandes échéances de l’hiver. Quelques minutes après l’arrivée, Pauline Ferrand-Prévot a accepté de faire un point complet avec DirectVelo.com, en revenant notamment sur l’après Ponferrada, ainsi que sur ses envies de nouveaux sacres mondiaux en cyclo-cross ou VTT.

DirectVelo.com : Comment s’est déroulée cette troisième manche de Coupe de France pour toi ?
Pauline Ferrand-Prévot : Je me suis retrouvée devant dès le début donc je n’ai pas vraiment eu à gérer. J’ai fait ma course à fond, comme j’ai pu. C’était avant tout un bon entrainement pour la prochaine manche de Coupe du Monde. Tout s’est bien passé, je n’ai pas fait d’erreurs. J’ai simplement essayé de faire une course sereine. Le circuit de Lanarvily, c’est mythique. Ça fait donc plaisir de gagner ici.

« AU LENDEMAIN DE MON TITRE, J'ETAIS DEJA PASSEE A AUTRE CHOSE »

A Ponferrada, tu nous confiais ne pas réaliser ce qu’il t’arrivait après ton sacre Mondial (lire ici). Comment as-tu vécu les jours et semaines qui ont suivis ?
 
Cela a été assez difficile à gérer durant les deux premières semaines. J’avais vraiment besoin de partir en vacances, d’autant que j’avais beaucoup de sollicitations à mon retour d’Espagne. Du coup, je suis partie deux semaines, sans téléphone, histoire de pouvoir vraiment décompresser et essayer d’être un peu au calme pendant quelques temps.

As-tu rapidement su te focaliser sur de nouveaux objectifs ?
En fait, au lendemain de mon titre de Championne du Monde, j’étais déjà passée à autre chose. J’essaie de me remettre sans cesse en question et de vouloir toujours prouver que je peux faire encore mieux. C’est pour cela que dès mon retour de Ponferrada, j’ai eu la tête au cyclo-cross. Je me suis demandée quelles ambitions je pouvais me fixer pour cet hiver, et comment essayer de m’améliorer encore. Finalement je me suis quand même reposée un bon mois, puis j’ai repris le cyclo-cross. Aller à l’entrainement, c’était un peu une échappatoire. Au moins, je n’avais pas à répondre au téléphone ou aux journalistes. Se concentrer sur le cross, c’était un bon moyen d’être tranquille.

« JE NE ME FIXE PAS DE LIMITES »

Après ton sacre sur route, imagines-tu pouvoir également décrocher le maillot arc-en-ciel en cyclo-cross et en VTT ?
C’est l’objectif, je ne le cache pas. J’irai au Mondial de cyclo-cross pour gagner, forcément. Maintenant, le but sera avant tout de me faire plaisir et d’essayer de progresser en vue des échéances futures. En fait, je ne me fixe pas de limites. J’ai également les Jeux Olympiques dans un coin de la tête. Après, je n’aime pas forcément me dire qu’il faut gagner telle ou telle course en particulier. Ce serait la meilleure façon de me mettre trop de pression et de ne pas y arriver. Je prends donc les courses comme elles viennent et je me dis simplement qu’en faisant tout pour y arriver, il n’y a pas de raison que ça ne le fasse pas.

Quel sera ton programme de cyclo-cross dans les semaines à venir ?
Je vais participer aux manches de Coupe du Monde à Namur et Heusden-Zolder, avant d’enchainer avec une série de cross en Belgique, dans le but de préparer au mieux le Championnat de France. Ce Championnat national sera clairement mon premier gros objectif de la saison. Ensuite, je me focaliserai sur le Mondial, qui sera un autre grand rendez-vous à préparer au maximum.

« JE SUPPORTE ASSEZ BIEN LA PRESSION »

Viendra ensuite le moment de débuter la saison sur route avec ton maillot de Championne du Monde…
J’ai hâte de courir avec mon maillot. Mais je ne compte pas changer mes habitudes pour autant. Comme l’année dernière, je ne commencerai ma saison sur route que fin mars. J’aurais pu débuter avant mais je préférais prendre mon temps, récupérer et m’entrainer tranquillement. La saison est déjà très longue jusqu’au Mondial sur route fin septembre. Maintenant, c’est sûr qu’il y aura des moments particuliers. Je pense notamment à la Flèche Wallonne. La disputer avec le maillot arc-en-ciel, ce sera énorme.

Tu auras un statut à défendre sur chaque course du calendrier. Es-tu prête à assumer cette pression permanente ?
Honnêtement, je supporte assez bien la pression. Cela fait longtemps maintenant que je fais du vélo. Je commence à avoir du métier. Ce n’est donc pas vraiment ça qui me fait peur. Par contre, je n’ai vraiment pas envie de m’éparpiller, car c’est facile de vite partir dans tous les sens. Là, je suis invitée régulièrement pour des radios, des télés… si tu ne sais pas dire non, tu vas droit dans le mur.

« LES PETITS CYCLO-CROSS, C'EST MA VIE »

Tu sembles cependant être quelqu’un qui a du mal à dire « non » aux différentes sollicitations…
C’est vrai, on m’a déjà fait cette réflexion. J’ai justement pris quelqu’un dans cette optique, une personne qui m’aide à gérer toute cette partie extra-sportive, et qui dit « non » à ma place (sourires), même si ce n’est pas toujours facile. Et puis, comme je le dis toujours, je ne suis pas non plus dans le show-biz. Mon métier et ma passion, c’est de faire du vélo. Je n’ai donc pas envie de faire autre chose, ça ne m’intéresse pas. J’ai juste envie d’être la plus sérieuse possible. M’entraîner dur, manger sainement, me coucher tôt, c’est ça que j’ai à faire, et pas autre chose.

Malgré tout, ta notoriété a encore augmenté après ton titre Mondial sur route. Aujourd’hui, tu es un exemple pour beaucoup de monde. Comment vis-tu cette situation ?
Je reste moi-même, et je pense que c’est uniquement comme cela que tout fonctionnera au mieux. Je ne me dis pas que j’ai fait des trucs de dingue, ou que tout cela est extraordinaire. Je ne suis pas une star, loin de là. Il faut que je garde les pieds sur terre. Retrouver les petits cyclo-cross au fin fond des Ardennes, avec les bouses de vaches (sourires)... c’est ça ma vie, et pas autre chose. 

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
 

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